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Billet de blog 26 juillet 2014

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Corse: Ségolène Royal relance le projet d'un rail de circulation maritime (4/4).

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" Salvemu u nostru mare ". Un mal pour un bien, ce remorquage à haut-risque de l’épave du Concordia dans le Canal de Corse ? En trois jours, les évènements positifs se succèdent et la séquence se termine, sans incident, avec l'arrivée du Costa-Concordia, lesté de ses flotteurs, dans le port de Gènes. Ségolène Royal Ministre de l’Ecologie, avait saisit la balle au  bond, suite à la mobilisation politique de Gilles Siméoni maire de Bastia. En effet, le 24/07, l'ex candidate de la Présidentielle embarque sur le Jason navire anti-pollution chargé d'observer les opérations de remorquage.  De son côté,  la flottille citoyenne lance son appel  contre les dangers démultipliés et permanents du Canal de Corse. Le lendemain (25/07) : le Comité de Pilotage du Parc Marin du Cap Corse est installé ( 2014 - 2016). Ce n’est pas tout : la Préfecture Maritime de Méditerranée va ( peut-être ?) appareiller concernant un « rail de circulation maritime » dans le Canal de Corse entre la France et l'Italie. Comme pour la réforme institutionnelle : les lois ( même internationales) existent pour être adaptées, aux réalités et aux besoins humains, et non pas l’inverse. A Bastia, la flottille citoyenne et la mobilisation des élus ( transcendant les clivages politiques une première !) ont enclenché une réaction en chaîne, relayée par Ségolène Royal, extrêmement réactive. Au point d’initier et piloter (en moins de 48 hrs ), une réunion plénière à Bastia ( ouverte à la presse une première encore). 

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La Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable, de l’Energie a invité un aréopage d’élus de Corse ( dont les intercommunalités) ainsi que le Président National des Pêches Gérard Romiti. Ils ont dialogué tutti inseme avec Yves Joly, Vice-amiral Préfet maritime de Méditerranée, le Préfet de Haute-Corse et les décideurs de la sauvegarde de l’écosystème marin. Dont le Conservatoire du Littoral, l’Agence des Aires marines Protégées, la DREAL, la DDTM2B (*).

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Ce qui s’appelle mobiliser vraiment les énergies, à la Royale, pour créer un rail de circulation maritime dans le Canal de Corse.  La Ministre de l’Ecologie a plaidé, et dessiné un panoramique des enjeux environnementaux dont le projet de Parc Marin du Cap Corse, l’installation du Comité de Pilotage étant l’objet principal de la réunion. En phase avec la priorité absolue, tant réclamée par les élus insulaires : elle a impulsé le débat sur la mise à disposition de moyens « plausibles » et de dispositifs ( inexistants à ce jour) , pour réguler, enfin, les navigations dangereuses dans le Canal de Corse.

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Ou circulent des milliers supertankers et porte-containers environ 3500 navires par an, sur une mer fermée, totalisant 47% du trafic mondial. Mal contrôlés: ils transportant des matières dangereuses, des produits toxiques parfois non identifiés. Induisant des risques potentiels de marées noires et de pollutions accidentelles d'espaces marins fragiles mais « miraculeusement » préservés à ce jour. Grâce à l’actualité du Costa Concordia : on est entré à Bastia dans le vif du sujet. Mme Royal a saisi la balle au bond envoyée par Gilles Siméoni Maire de Bastia : « je serais peut-être, je l’espère, la ministre de l’Ecologie qui réussira à créer un rail protégeant le Canal de Corse ».

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Un souhait encourageant selon le Président National des Pêches Gérard Romiti de la Prud’Homie Bastia : « car on peut suivre via un smartphone de petits bateaux de pêche, mais pas les navires porte-containers de 200 m d’envergure le long des côtes de Corse ! Pour eux et leur cargaison c’est du pur déclaratif et c’est tout. » Sans crier victoire trop tôt, le bilan d’après mobilisation est positif.

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Avec l’espoir, peut-être un jour (?) que les risques du Canal de Corse soient enfin reconnus par l’Etat.  Gérard Romiti : « la Ministre nous a rassurés. Nous étions vraiment seuls à alerter sur cet espace maritime. Il faut que, et j’appelle cela de mes voeux depuis 1982, que tous les navires commerciaux aient obligation de se signaler, qu’ils soient suivis, que leurs équipements à bord soient contrôlés y compris leurs cargaisons, chimiques, industrielles, dangereuses ou pas. S’il y a pollution accidentelle, on en connaitrait alors immédiatement le coupable. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. ».

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Le Préfet Maritime de Méditerranée s’est un peu retranché derrière la législation internationale sur les rails maritimes. Pourtant, comme toute loi, elle n’est pas inerte, elle peut évoluer… à condition que les pouvoirs publics se mobilisent. Et qu’ils y croient. Seuls des accords interntionaux pourraient, autoriser ou pas, un rail maritime. Tous les passages des détroits étant en libre circulation. Qui va défendre cette cause et devant quelle juridiction ?  S. Royal réaffirme : « la politique consiste à ne jamais s'arrêter aux problèmes juridiques ». Et le Préfet maritime a évoqué la solution intermédiaire des « routes recommandées ». Les canaux et les golfes sont interdits aux pétroliers mais ces « routes recommandées » fonctionnent-elles vraiment ?

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Gérard Romiti : « oui et non ! Sur les routes recommandées tout commandant de navire a obligation de se signaler mais tous ne le font pas, certains ne répondent même pas. Si les petits bateaux sont équipés d’une balise obligatoire en cas licence de pêche, les gros navires, eux, n’ont pas cette contrainte! Nous restons mobilisés, le Costa Concordia est une démonstration. Il  y a la route des croisières et la route des épaves ! La croisière s’amuse et la Toscane ne voulait pas afficher l’image désastreuse de cette redoutable épave à ses croisiéristes. Alors c’est nous ici qui supportons tous les dangers. Un marin le sait: le risque zéro n’existe pas ! La carcasse devait aller à Piombino,plus proche,le trajet a changé en mars, pour raisons financières. Mais nous sommes satisfaits de la vision de la ministre Ségolène Royal, il faut travailler ensemble sur la condamnation du risque écologique. »

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Le saviez-vous ? Il n’existe aucun tribunal maritime européen ou international et global chargé des préjudices environnementaux à l’encontre des océans. A Bastia, la condamnation de la Montedison en 1974 pour ses déversements de « Boues Rouges » ultra toxiques fût une première, qui a fait jurisprudence pour les procès de la marée noire du Prestige. L’affaire des Boues Rouges en 1972 ? La Montedison (Livourne) déverse 2000 t de déchets chimiques industriels quotidiens de bioxyde de titane et de vanadium ( peintures, céramique,encres, plastiques, produits pharmaceutiques). Des décès et échouages suspects de gros cétacés sont constatés sur les côtes corses dont un Rorqual de 20 m et 10 tonnes dont la peau semblait « grillée ». Les doses infimes de titane et de vanadium sont  catastrophiques : 2 mg de titane par litre tuent le plancton végétal. Et 4 mg/l tuent le plancton animal ! Les océanographes, les biologistes, le Ct Cousteau, Paul-Émile Victor, le Dr Bombard, le Pr Vaissière (Lab. Lutte contre pollution en mer) , le Dr Aubert (océanographie médicale-CERBOM) et l’l’INSERM dénoncent le danger. Un mouvement populaire massif de défense du patrimoine naturel touche l’opinion publique insulaire et les Corses de l’extérieur, en réaction à la pollution marine au large du cap Corse.

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Des « Comités anti-boues rouges » naissent à Bastia, à Ajaccio. L’action clandestine prend la tête du mouvement : le 15/09, un bateau poubelle de la Montedison est plastiqué en Italie. Une  manifestation unitaire réunit des hommes et femmes politiques, des autorités religieuses et Edmond Simeoni porte-parole de l’Action régionaliste corse (ARC). En avril 1974, la Montedison est condamnée à Livourne.

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Mais l’actualité du jour : c’est l’idylle entre Ségolène Royal et la Corse. La ministre s’est mobilisée à une vitesse record… connaissant parfaitement les problèmatiques écologiques de l’île, ayant déjà participé aux gouvernements Beregovoy (92) et Jospin (97) en tant que  Ministre de l’Environnement. Et ayant,  il y a 22 ans, négocié la reglementation sur les Bouches-de-Bonifacio.

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Toutefois, gravissime pathologie de notre monde néolibéral en perdition, on protège ici et là par petite touche, tout en détruisant à grand pas notre mère nature…La Corse est-elle victime elle aussi de cette incohérence avec un Costa Concordia et des pétroliers ou chimiquiers menaçant les milieux marins et terrestres protégés ? « Un gros travail, pas facile répond la ministre, il y a des conflits d’usages. Des prédateurs, détruisent l’écosystème puis laissent payer par d’autres, la réparation de la nature. Ce large consensus de la sauvegarde, nous l’avons ici, les élus ont vote a l’unanimité en faveur de la dynamique des espaces marins qui entourent la Corse. » Le Parc Marin du Cap Corse ( depuis les Agriates St-Florent jusqu’à Bastia) un outil original de gouvernance… et de création (s) d’emploi (s).

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Une mécanique solidaire non-délocalisable associant, sur place, pêcheurs, élus, citoyens (nnes), protecteurs des sites, plaisanciers, professionnels du tourisme. Il faut le savoir : 1 emploi en mer génère 4 emplois à terre. S. Royal : « l’environnement ça fédère ! Et renoue les fils du lien social, quand on se projette vers l’avenir et les générations futures, vers la qualité de la vie au sens noble et profond du terme. La protection-valorisation durable est une question de survie. Le Parc Marin est valeur ajoutée formidable, une vitrine, pour l’éco- tourisme ». D’autres mesures phares ont été listées par Pierre Ghionga Pt Office de l’Environnement de Corse (OEC) dont les extensions des Réserves Naturelles (la Scandola jusqu’à Galeria) et Les Bouches de Bonifacio, la coopération Corse-Sardaigne. Certains évoquent à propos de la Corse  un « trésor de l’humanité », et Ségolène Royale a rappelé « la chaîne de vie à préserver absolument entre la vie humaine et la nature ».

 Liliane Vittori.

Annexes

*1 : Les eaux qui entourent la Corse bénéficient de zones de protection dont les Aires Marines Protégées ( lire dans Médiapart), le Sanctuaire Pelagos ( les collectivités locales seront associées à sa gestion), des Réserves Naturelles, des Reserves Natura 2000 en mer, le groupement du Parc Marin International des Bouches-de-Bonifacio,  les cantonnements de pêche, le domaine Public du Conservatoire du Littoral, les sites Unesco, les sites soumis aux Directives Oiseaux, les Réserves de Biosphères, les sites ASPIM Convention de Barcelone

*2 : les activiités durables de ces zones à proterger et valoriser :

le tourisme balnéaire, l’aquaculture, la pêche artisanale, la pêche récréative, la plaisance, les sports nautiques, la plongée, le trafic maritime, les activités halieutiques sur les aires marines protégées

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