La Corse comment ça marche ? A l'Assemblée de Corse, le groupe Corsica Libera présidé par Jean-Guy Talamoni, invite le 12 juin Michel Rocard (Premier ministre 88-91) et la Professeure de Droit Francine Demichel, qui fût Directrice de l’Enseignement Supérieur du Gouvernement Jospin. Ainsi que des ex-Présidents de Région Catalogne et Valle d’Aoste. Pourquoi l’Etat français oscille-il entre « silence et mépris » ? Pédagogie et conciliation : voici le Think tank « Alba Nova », ambitieux et consciencieux, dans le cadre du lancement de la démarche « Iniziativa Corsica - Une voie corse pour le XXIe siècle ». Objectifs ? Relancer le « compromis politique inédit » qui a permis aux élus territoriaux insulaires de voter à une large majorité des souhaits… aussi iconoclastes que le statut de résident anti-spéculatif, l’adaptation de la fiscalité locale, la protection du patrimoine foncier, le Padduc, la coofficialité de la langue corse. Et ce, dans le cadre d'une Collectivité Territoriale, d'une assemblée délibérante dont le Président est le communiste Dominique Bucchini et dont le Président du Conseil Exécutif est Paul Giacobbi député PRG de la Haute-Corse. Des motions bien réelles, votées à l’Assemblée de Corse mais vécues comme absurdes ou inconvenantes par certains commentateurs de Paris, imbus de cette pensée jacobine pyramidale qui prévaut au sein de la gouvernance France. Des concepts innovants faisant figure d'ovnis politiques. Ces souhaits longuement discutés dans l'hémycicle d'Ajaccio font plus que jamais figure d’ovnis politiques aux yeux d’un large consensus dans la capitale… lequel n’est pas du tout prêt à lâcher sur ses propres prérogatives. Elle sont assises sur l’arrogance de quelques éditorialistes et sur un carriérisme national bien français, mais inconnu par exemple en Allemagne. Il s’agit hélas d’un jacobinisme dont les dérives s’adaptent si bien en France, à cette consanguinité entre pouvoir financier et autorité politique. Certaines affaires retentissantes le démontrent : Tapie, Cahuzac, la taxe EcoMouv, les 40 000€ de notes de taxis de la directrice de l’INA (éjectée - recasée illico au Ministère), ou encore les soupçons de trafic d’influence dans le procès Kerviel-Société Générale. Parenthèse encore : plus de pouvoir aux régions signifierait sans doute moins de dérives et plus de contrôle de légalité et de démocratie participative… Mais une grande incertitude et pour tout dire une confusion brouille la Loi NOTRe (réforme territoriale en 2e lecture au Sénat 26 mai − 2 juin). Dans les Régions fusionnées ou pas (Bretagne, Alsace, Pays Basque) ou tout simplement dans la dimension rurale et communale : diverses revendications s’élèvent, mais sans atteindre le niveau de finalisation obtenu à l’Assemblée de Corse… où travaille une « Commission des compétences législatives et règlementaires » présidée par le Conseiller d’Etat Pierre Chaubon aussi Président de la Communauté de Communes du Cap Corse. Les perspectives politiques en Europe ? Populaires, populistes, contradictoires, imprévisibles. A la Chambre des Communes à Londres, le Parti National Ecossais (SNP) a obtenu 56 sièges sur 59. Mais à Barcelone la mairie ira a Ada Calauune « indignée » qui a battu le parti catalan favorable à l’indépendance. La recherche du statut alpha et omega de la pensée économique ? Et puis dans Corse Economie, cette analyse de Guillaume Guidoni, fine mais déprimante sur l'économie insulaire. " Il y a ceux, écrit-il , qui pensent que la République ne s’écrit qu’avec des grandes majuscules. Que l'Etat peut tout, que l'Etat sait tout et que seule les politiques nationales servent à quelque chose. Mais, ils oublient qu’égalité n’a jamais signifié uniformité et que l’Etat est paralysé par son inertie bureaucratique, sa vision court-termiste, sa volonté de jouer les stratèges omniscients. Il y a une autre forme de complaisance qui est de croire que la recherche du statut constitue l’alpha et l’oméga de la pensée économique. Cette vision dénote un manque d’originalité par rapport à la bureaucratie centralisatrice, friande elle aussi de statuts, qui permettent un confort en cadrant administrativement la gestion des problèmes. Figer la réalité économique, les normes sociales, les droits politiques comme réponse aux évolutions de la société ou des technologies n’est pas un programme économique mais une chimère."A sept mois des élections Territoriales de décembre 2015, voici l’intégralité du communiqué de presse de Corsica Libera « Une voie corse pour le XXIe siècle ».
LV
Après plusieurs décennies de conflit, jamais la situation n’a été aussi favorable à l’instauration d’une paix durable en Corse. L’Assemblée de Corse, par-delà les clivages anciens, a su faire montre de maturité et de responsabilité. « Après plusieurs décennies de conflit, jamais la situation n’a été aussi favorable à l’instauration d’une paix durable en Corse. L’Assemblée de Corse, par-delà les clivages anciens, a su faire montre de maturité et de responsabilité. Ses élus ont construit un compromis politique tout à fait inédit autour de la coofficialité de la langue corse, de la protection de notre patrimoine foncier par un statut de résident, d’un statut fiscal plus juste, d’une évolution institutionnelle incluant la création d’une collectivité unique et l’accroissement des pouvoirs normatifs de notre collectivité. Ces mesures nécessitant, à l’exception de la collectivité unique, une révision de la Constitution française. Prenant en compte ces avancées significatives et afin de faciliter les discussions avec Paris, l’organisation politico-militaire FLNC a annoncé depuis presque un an sa sortie de la clandestinité. Depuis, cette initiative historique a reçu une parfaite application puisque aucune opération n'est venu la contredire. Cela a permis d’envisager en Corse, par-delà les clivages, l’amnistie des prisonniers politiques afin de tourner la page du conflit.
Cette situation nouvelle, qui a suscité un nouvel espoir au sein de la société corse, se heurte à une réponse de l’Etat français qui oscille entre silence et mépris.
Au nom des principes démocratiques les plus élémentaires, cette attitude n’est pas acceptable.
Afin d’amplifier la mobilisation en faveur de la réforme, des élus et militants politiques, syndicaux ou associatifs corses se sont réunis sous l’égide d’ « A cuurdinazione per una via pulitica in Corsica », que nous avions initiée au mois d’octobre passé.
Cette mobilisation en Corse est fondamentale et salutaire. Elle est la condition sine qua non de la prise en compte de nos demandes. Notre siècle nous enseigne cependant que les processus de résolution de conflit ne peuvent se résumer à un face à face binaire entre les parties. Ce, sous peine d’impasse politique et d’aggravation des relations entre la Corse et Paris.
Conscients de la nécessité de sensibiliser au-delà des frontières corses sur le déni de démocratie opposé aux élus de notre peuple, nous annoncions lors des Ghjurnate Internaziunale 2014 notre volonté de constituer une démarche internationale d’information et d’accompagnement du processus bâti par l’Assemblée de Corse depuis maintenant cinq ans.
Ainsi est née « Iniziativa internaziunale per una via pulitica in Corsica IC-21 », réseau d’information, de soutien et de conciliation en faveur d’une résolution démocratique de la question corse. La démarche est placée sous la responsabilité de Josep-Luis Carod-Rovira, ancien premier ministre de la Generalitat de Catalunya. Il a pour mission de positionner le processus corse dans une perspective internationale de respect des droits des peuples à décider librement de leur avenir politique, social, économique et culturel.
IC-21, le groupe Corsica Libera à l’Assemblée de Corse et le Think Tank « Alba Nova » organisent une première conférence-débat internationale « Une voie corse pour le XXIe siècle » le vendredi 12 juin à l’Assemblée de Corse.
Ce premier rendez-vous se veut le point de départ d’une série de manifestations à l’échelle européenne.
Nous font l’honneur de participer en qualité de conférenciers :
- Michel Rocard, Premier ministre de la France (1988-1991).
- Josep-Lluis Carod-Rovira, Vice-Président de la Generalitat de Catalunya (2006-2010), Directeur de la chaire de diversité sociale à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone.
- Jean-Luc Bennahmias, président du Front démocrate, eurodéputé (2004-2014).
- Roberto Louvin, professeur de droit public comparé, Président du Collège Universitaire International de Turin, Président du Conseil régional (1998-2002) puis de la Région Valle d’Aosta (2002-2003).
- Jordi Porta i Ribalta, philosophe, Président du Centre UNESCO Catalunya, Coordinateur de la Plataforma Cristianisme Segle XXI, Président de l’association Omnium Cultural (2002-2010).
- Francine Demichel, Professeure agrégée des facultés de droit, professeure de droit public émérite, ancienne présidente de l’Université Paris 8 de Vincennes, ancienne directrice de l’enseignement supérieur sous le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002).
Corsica Libera Think Tank Alba Nova Iniziativa internaziunale per una via pulitica in Corsica IC-21.