« Combien de ministres ayant une expérience de chef d'entreprise ou une formation d'ingénieur ? Zéro ! » Dans Les Tribulations d’un patron de PME sous François Hollande (Ed. du Palio) , Paul-Marie Edwards (Yvelines) témoigne : « J’ai écrit ce livre parce que j’en ai assez des bâtons dans les roues qu’on me met dans mon travail quotidien. Bâtons placés par mes compatriotes qui me freinent alors que j’adore mon boulot, les gens avec lesquels je travaille salariés, clients, fournisseurs partenaires ». Il avoue que plus jeune, il serait déjà parti ailleurs fonder une entreprise. Mais c’est en France qu’il a grimpé tous les échelons, dans plusieurs entreprises nationales et internationales, sans carriérisme, sans jamais renoncer à sa sincérité : d’abord vendeur de phocopieurs, puis directeur commercial, directeur marketing, directeur général et finalement président et actionnaire de Safir. Un livre salutaire, qu’il est fortement conseillé de lire, méditer et même apprendre par coeur ( comme à l’Ena) particulièrement si on est député, ministre, énarque, dirigeant syndical ou journaliste du service public télévision et radio. Des catégories sociales ultra protégées, qui prospèrent extrêmement loin des contingences et des drames vécus par les patrons de PME. Consterné, P-M Edwards explique aussi qu’il est « la risée de ses collègues européens » qui eux ont la chance de ne pas être victimes de « l’entropie normative », de la « perversion administrative », des « pesanteurs fiscales » toujours plus complexes en France, pays qui ne cesse de proclamer à tout va ( et bien relayé par les médias) une simplification administrative qui n’arrive jamais. Un véritable cauchemar que vivent les patrons de PME, ultra isolés face aux certitudes de certains élus ( et de certains rédacteurs en chef de la télévision et radio publique) qui ne connaissent rien de la vie réelle des entreprises. P-M Edwards : « Le gouvernement déclare aimer les entreprises, mais l'absence de culture d'entreprise au Conseil des ministres fait peut-être passer à côté de mesures simples qui permettrait de donner un nouveau souffle aux 3 millions de PME en France. » Face à l’absurde, cet auteur, enseignant, dirigeant d’entreprise suggère de « simples changements de philosophie et d’attitude ». Si la France compte 3,1 millions de PME ( performantes et encore vivantes mais jusqu’à quand?), il est certain que la balance commerciale de la France continue sa plongée vers les plus graves déficits. Pourquoi ? Parce que remarque P-M Edwards, les Ministres en charge n’ont aucune expérience du secteur, ils viennent de la politique, de l’administration, de la haute fonction publique « comment alors prétendre placer l’industrie et la création d’entreprise au rang de priorité? ». Contrairement à l’Allemagne, la désindustrialisation poursuit sa chute vertigineuse en France, la production ( la vraie) en France reste exsangue et le tourisme ( source de revenus pourtant volatile et aléatoire) masque les prémices de la catastrophe annoncée par A. Montebourg qui prévoit « 800 000 chômeurs de plus à la fin du quinquennat. » ( et donc encore moins de ressources fiscales). Le groupe Safir dans l’Oise, l’Orne et les Yvelines (115 salariés dont 8 en R&D) est leader dans les portails, les portes de garages automatiques, les portes souples et les portes sectionnelles), et annonce un CA de 22 M d’€. Parmi les pages les plus fortes: le constat global et sans appel sur les blocages sociaux. « Pourquoi dans notre pays encourage-t-on l’effort minimum, le travail minimum, le repos maximum ?» : P-M Edwards note que dans notre pays seuls 7% des salariés sont syndiqués, que parmi eux les 2/3 sont dans la fonction publique et « que cela représente en tout 100% des appels à la grêve ». Ce tir de barrage contre les acquis sociaux peut sembler un peu excessif, pourtant il ne reflète que l’actuelle réalité du monde du travail et du code du travail ( déclaré et non dissimulé s’entend car l’économie souterraine reste aussi mal évaluée). Une réalité analysée côté patronat et non côté désinformation. Paul-Marie Edwards ajoute : « je tiens les syndicats en l’état actuel de leur fonctionnement , comme l’un des maux dont souffre l’économie française. » C’est un créateur d’emploi qui tient ce discours de sagesse. Il resterait maintenant à écouter ses suggestions.
LV