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Robin Renucci, Mimi Allegrini-Simonetti, les élus du Giussani, les artistes et le public, réunis à Piogiolla pour les 25 ans de l’ARIA ce 5 août 2023.
« La Corse rurale a encore de beaux jours devant elle ! » affirme Robin Renuci, en homme de théâtre et en visionnaire du développement local. Et en tant que président-fondateur de l’ARIA il sait de quoi il parle, alors que tant de régions rurales en Corse désespèrent de voir enfin la revitalisation économique… Mais, dans le Giussani la relance locale n’est ni un paradoxe, ni une incantation stérile, car ici on y travaille depuis 25 ans. Précisément depuis ce pari insensé, lancé aux élus d’une micro région menacée de disparition, par Robin Renucci et Mimi Allegrini-Simonetti qui en 1998 est une tres dynamique première adjointe à la culture à Olmi-Capella.
« Vous voulez faire quoi exactement leur a-t-on demandé ?» Implanter au coeur du Giussani, un centre culturel dédié au Théâtre, ses spectacles et ses formations et capable de relancer et de faire vibrer Mausoleu, Valleca, Piogiolla, Olmi-Capella, des villages déserts qui survivaient au milieu de nulle part… Bilan ? Il est extrêmement positif: de nouvelles familles installées et des naissances ont permis la réouverture de l’école et de la crèche ainsi que la relance incontestable de l’économie locale. Ces Rencontres Internationales de Théâtre en Corse exemplaires sont auréolées de luttes acharnées contre l’incrédulité et de formidables créations théâtrales, classiques et contemporaines, corses et internationales. Le Giussani est ainsi reveillé, à l’année, par les publics diversifiés, les scolaires, les jeunes professionnels en résidence ou en formation, engagés dans la mise en scène, l’écriture, les métiers de comédien et de techniciens du spectacle vivant. Les chiffres sont éloquents: chaque année 7000 spectateurs aux représentations, 200 stagiaires, 15 résidences d’artistes, 920 élèves.
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Sous le grand chêne de Piogiolla, face à l’ultra moderne équipement de spectacle Stazzona, autour de Robin Renucci, de Mimi Allegrini Simonetti, les maires Jean-Toussaint Antonelli, Frederic Mariani, Antone Casanova évoquent le programme ARIA 2023, tous leurs souvenirs et aussi le futur.
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Avec beaucoup de tendresse, Mimi Allegrini-Simonetti qui fût présidente du Syndicat mixte du Giussani, raconte comment elle a « obligé » à Ajaccio, ses collègues Conseillers territoriaux de l’époque, à bien lire, page par page, et bien appliquer le Règlement des Aides: « c’est nous avec notre résistance montagnarde qui avons eu la victoire car au départ, personne n’était d’accord avec nous.»
Fréderic Mariani, maire d’Olmi-Capella, rappelle avec humour l’incroyable destinée du bâtiment Battaglini. Repris et géré par le Giussani, il fut le site primordial de l’hébergement des premiers stagiaires : « C’était rudimentaire. J’ai tout de suite adhéré à l’idée, il ne fallait pas rater cette opportunité unique de développement, car nous étions la région la plus touchée par la désertification. On ne s’est pas trompé en choisissant cette orientation culturelle. Si on avait loupé cette opportunité , je n’ose même pas imaginer ce que serait devenu notre Giussani ! Au tout début, Robin avec ses quatre enfants a assuré le sauvetage de l’école du village. Un acte militant. Aujourd’hui avec 12 nouvelles familles installées l’école la crèche, c’est énorme, tout cela est lié à cette aventure. »
Même constat pour Jean-Toussaint Antonelli maire de Mausoleu: « J’ai connu tout le processus Aria même si au début je n’y croyais pas trop, mais il faut avouer que nos villages étaient réellement finis comme morts! Maintenant avec les stages toute l’année, ça fait du monde, du mouvement, des randonneurs, des clients pour les hébergements et les restaurants du Giussani. »
La génération Aria. L’économie rurale est une chaîne vertueuse allant des emplois directs aux emplois indirects et induits. Celui qui en parle le mieux c’est le plus jeune maire de Corse premier magistrat de Piogiolla. Anton Casanova (30 ans) : « aujourd’hui on vit un moment essentiel de la vie du Giussani qui illustre toute l’activité culturelle autour de l’ARIA vitrine du projet de revitalisation en cours. Je suis né en 1992 on a grandit en même temps que l’Aria et on reprend le flambeau. On oeuvre à la réussite des 25 prochaines années. Le Giussani a de beaux jours devant lui, des projets environnementaux et agricoles. Nous travaillons au désenclavement numérique et routier, pour accueillir des entreprises afin de créer de la vie et de la richesse. »
En phase avec les enjeux climatiques comme environnementaux, avec les valeurs de la Corse et celles de l’Education Populaire Robin Renucci résume à la perfection l’esprit Aria qui vient d’obtenir le label Théâtre et Nature: « On ne se réalise qu’avec les autres. Avec le Giussani comme berceau, nous avons rêvé que ce sois un lieu d’union en compagnie des poètes. Nous avons su rebondir! Et résisté et transformé les oppositions locales en forces positives. Nous avons existé face aux à la surconsommation, la compétitivité exacerbée car nous sommes une seule humanité!Depuis 25 ans, nous nous sommes efforcés de conjuguer la formation théâtrale exigeante conjointe à la transmission, la création, l’éducation artistique et l’éducation populaire. Nous la poursuivons sans relâche cette grande histoire de la décentralisation. Autre temps, mêmes défis : attirer, enthousiasmer, convaincre, élever, former. En plein cœur du Parc Naturel régional de Corse, on a pris le risque de l’inconnu. Contempler, pratiquer, croiser nos regards et nos points de vue sur le monde : voilà ce qui fait le spectateur et le citoyen. »
Liliane Vittori