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Bastia-Corsica 2028. Portée par la ville de Bastia, la candidature Capitale Européenne de la Culture a mobilisé, des centaines de professionnels et militants culturels. Une aventure humaine inédite, une mécanique intellectuelle, globale et ultra locale, positive et productive. Le 28 février, grand oral à Paris, puis début mars verdict du jury européen qui désignera les trois villes françaises pré sélectionnées.
Dernière ligne droite avant cette audition cruciale décisive, le dossier complet BC-2028 ayant été déposé le 2 janvier au Ministère de la Culture. Sur un format de 45 minutes, devant le jury européen, ils seront dix, en charge de convaincre avec éloquence et pertinence de la singularité corse et de sa valeur d’exemple en Europe. Sont prévus le Président Gilles Siméoni (Conseil Exécutif), la Présidente de l’Assemblée Nanette Maupertuis, le maire de Bastia Pierre Savelli, Pierre Lungheretti Commissaire général et Vannina Bernard-Leoni (Cheffe du projet).
Le 6 janvier à l’Alboru Bastia lors de la restitution des 5 ateliers de la Fabrique du Projet BC-28, on a approché ce fantastique voyage au coeur de la culture insulaire et visualisé l’année écoulée de travail acharné et de concertations multiples. Sont déjà imaginés 127 projets dont Veillées-E Veghje, I Cantu! Ainsi que Cafés, Bals, Littératures, Jumelages de l’Europe, Terres d’artistes, Cinema). L’aventure humaine BC-2028 a fédéré la totalité des secteurs culturels. Pierre Lungheretti rappelle les fondamentaux: « nous avons adopté la dimension ascendante, la méthode transversale et participative, pour des projets catalyseurs et opérationnels. Une métamorphose, une aventure humaine formidable, on voit l’engagement des militants et professionnels de la culture, un enthousiasme, une ambiance collective, inter humaine, inter personnelle, stimulante». Pas facile de cerner l’île qui est un puzzle culturel. La Corse est une réalité, y compris géographique, patrimoniale, artistique, historique… qui semble dépasser toute capacité normale de synthèse. Une île-montagne difficile à résumer avec ses milliers d’évènements, festivals, expositions, conférences, musées, livres produits en Corse. Peut-on condenser le quotidien des phénomènes insulaires, développés dans les ateliers ?
Yolaine Lacolonge référente BC-28 à la Collectivité: « la Corse est-elle une réalité qui nous dépasse ? Justement la candidature développe ce concept, nous propulsant vers nos questions d’insulaires qui sont aussi européennes! Une ile est un territoire de tous les possibles. Nous avons opéré avec notre capacité de nous observer avec de la distance, de dézoomer de ce que nous sommes. L’unité ne fait l’uniformité. Cela a été un bonheur de travailler tous ensemble. »
Pierre Savelli Maire de Bastia a salué « cette introspection collective et des objectifs déjà atteints. Le programme pour Bastia englobe les restaurations du Palais Caraffa, du Théâtre, du Couvent St François. Les mobilisations populaires se déploieront au-delà de 2028, incluant les échanges européens interculturels. » La Présidente Nanette Maupertuis embraye sur les programmes actuels déclarant :« Rien de ne sera plus jamais comme avant. Avec cette candidature insulaire, riche et ambitieuse, nous avons un socle solide et nous apportons une lecture de l’Europe face à ses propres défis. »
Les éléments de langage « territoire », « rural », « patrimoine », sont entrés en force dans la dialectique de BC-2028. Une candidature territorialisée, comme certaines concurrentes dangereuses dont « Clermont-Ferrand Massif central », « Reims-Châlons-Charleville-Troyes », « Montpellier-Sète » ou « Rouen-Normandie ».Sur la question du patrimoine naturel et donc en apparence, loin des galeries d’art urbaines, le directeur du Frac Fabien Danesi a magistralement résumé la problématique artistique du vivant, dans le rural, à l’ère de l’Anthropocène. Loin de la création direz-vous ?« Il faut déplacer la focale dit-il, ne plus opposer l’humain et la nature, vivre localement le jeu des interdépendances à l’heure du dérêglement climatique. Nous écrivons un nouveau récit, pour sortir d’approches exclusivement urbaines, désenclaver les villages. Nos projets? Travailler sur la personnalité juridique des entités naturelles comme Tavignanu, le Parlement des Etoiles, Puesia Bay. »
BC-28, un réservoir titanesque de projets pour réduire la fracture entre rural et urbain ? Delphine Ramos directrice de la Culture à Bastia et Yolaine Lacolonge ont oeuvré sur le volet « Prendre SA part » dédié à l’éducation populaire, la formation des médiateurs culturels, la réduction des iniquités territoriales. Alain Di Meglio est intervenu sur le plurilinguisme « pour activer le continuum latin, créer des jumelages, prendre le virage de la modernité, ne pas laisser s’installer une mosaïque de langues, grégaire et repliée.» L'historien chercheur Sylvain Gregori Directeur du Musée de Bastia, a captivé l’auditoire : « Notre atelier Nos Communs Migrations multi séculaires et Diasporas, s’est penché sur l’éco-système insulaire. Quelle est sa signification, sa singularité? Comment dire ce que nous sommes? L’Esse corsu se construit en confrontation aux altérités, c’est notre force. Contrairement aux clichés, le Corse est loin d’être celui qui n’est jamais sorti de son village! C’est la complexité du phénomène corse. ». Marie-Jeanne Nicoli et Lisa Terrazzoni, analyse l’identité plurielle dans l’esprit du 5 ème atelier « Identités et valeurs en Corse. Quelle place la Corse peut-elle assumer dans la culture européenne? ».
Parvenu à ce point du processus, l’audition de Paris va sublimer et départager les candidatures françaises. Certaines sont coordonnées par des stars internationales du théâtre, de l’art, de la littérature, de l’environnement et aussi par d’anciens champions des villes précédemment primées.