A Bastia Matea Lacave Adjointe au maire déléguée à la culture et au développement de la langue corse, et Philippe Peretti Adjoint Chargé du Patrimoine ont présenté le programme des festivités du 6 au 9 décembre, dédiés à la langue corse, à la République de Paoli qui s’est placée sous la protection de la Vierge Marie et à la Fête des Lumières. Suite à une bulle papale le 8 décembre est dédié à la Vierge dite aussi Notre Dame des Advents et Immaculée Conception. Si la gouvernance autonomiste et séparatiste de Corse boucle sa première année de gestion, c’est toute la Corse (bien au-delà des seules convictions nationalistes) qui célèbre les fondamentaux de la République paoline dont sa préfiguration la Cunsulta d'Orezza de janvier 1735. En effet, les pères fondateurs, les quatre généraux élus de la première Révolution de Corse (L.Giafferi, A.Ceccaldi, l’Abbé Raffaelli, Hyacinthe Paoli), mobilisés contre la tutelle génoise placent l'île sous la protection de la Vierge Marie. Ils décrétent le 8 décembre fête nationale de la Corse et fête de l'Immaculée Conception. Le Diu vi salvi Regina devient l'hymne officiel.
Après la séparation définitive d'avec Gênes, l’île se proclame indépendante et jette les bases de sa future constitution, qui, tout en étant laïque, ne fait jamais abstraction du fait religieux insulaire tel qu’il se déroule dans une longue continuité historique et sociale. Selon les historiens, Marie est vénérée en Corse depuis le IVè siècle, bien plus tôt que dans le reste du monde chrétien. Jean-Guy Talamoni dans le quotidien Corse-Matin replace cette réalité historique dans le contexte politique actuel de l’île: « la Corse se réapproprie progressivement son histoire qui avait été réécrite par les vainqueurs, c'est-à-dire purement niée au profit d'une représentation folklorique et caricaturale de notre peuple. A Festa di a Nazione avec son côté symbolique doit être considérée comme une fête de la liberté. Elle marque notre naissance en tant que nation, c'est-à-dire en tant que sujet de notre histoire. » En 1755 Pascal Paoli fonde la Nation corse et fait voter la première constitution du monde moderne qui déclare le peuple corse « légitimement maître de lui-même ».
A Bastia la Festa di a nazione 2016 est conçue comme une série d’événements en immersion dans la langue corse. Notamment les conférences: « Etre citoyen en Corse les enseignements de la République paoline » (Criij 8 dec.)
et « Da l’immaculata à a festa di a nazione » ( Café des Palmiers 9 dec.). A 20h à Lupino à l’école Charles Andreï aura lieu un lâcher de « lumere celeste » 500 lumignons sont mis à disposition. Matea Lacave : « le 8 décembre se déroule selon trois axes principaux qui lient ensemble l’héritage politique de la République de Paoli, l’histoire religieuse de notre île et un élément philosophique puisque la Fête des Lumières est universelle et aussi célébrée à Lyon et ailleurs. Nous sommes une gouvernance laïque et j’irais à ces débats parce que notre volonté est d’échanger de parler de tout sans tabou et surtout de s’exprimer en langue corse. » Le bilan des avancées sur la langue corse ? « Cela ne s’est pas fait en un jour après quarante ans pendant lesquelles la culture corse n’était pas au centre de l’action politique. Depuis 2 ans nous avons inversé la tendance de la programmation culturelle y compris hors les murs et celle de l’Alb’Oru. Nous soutenons les associations qui oeuvrent à la promotion de la langue corse en immersion. Nous allons contractualiser avec la CTC un document axé sur la formation, la diffusion, la création, la signalétique. » Philippe Peretti Adjoint au maire délégué à la mise en valeur du patrimoine et agrégé d’histoire: « Nous sommes respectueux des choix de nos prédécesseurs et de nos anciens et il est vrai que la religions tenait au XVIIIè siècle une place qu’elle n’a plus aujourd’hui.Pour ceux de 1735 et ceux de 1755, il était naturel de se placer sous l’autorité de la Vierge. Comme l’avait fait la République de Gènes pour en imposer au Vatican. Pour nous la fête du 8 décembre est laïque et c’est l’occasion de parler de cette époque, du XVIII et du message de Paoli toujours valable en 2016. » Peut-on dire qu’il y a une amélioration de la connaissance de l’histoire de la Corse et de la période paoline ? « Bien sur ! Si la ville ne dispose pas de compétences dans l’enseignement de l’histoire, nous avons privilégié le Palais des Gouverneurs et le Musee pour tous les amoureux de l’histoire de la Corse. Régulièrement nous sortons de nos réserves des documents exceptionnels et des oeuvres rares, comme pour Corsica Genovese, la plus importante exposition réalisée depuis la réouverture de ce musée. Il y a dans les vitrines et sur les murs tous les documents essentiels de l’ histoire de la Corse du Moyen-Age jusqu’au XIX ème siècle. »
LV
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