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Billet de blog 31 juillet 2014

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Ami de Jean Jaurès, Antoine Peretti journaliste à l'Humanité.

Antoine Peretti est au Café du Croissant le 31 juillet 1914 aux côtés de Jean Jaurès. Le jeune journaliste, venu de Corse, avait intégré la rédaction de l'Humanité en 1913. Adhérent de la SFIO, il était ami de Jean Jaurès qui devait venir à Porri à l'été 14.

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Illustration 1

" « Je pars avec joie pour la bataille dont je sais l'enjeu. J'ai conscience de servir en même temps que la cause de la France aimée, le droit des nationalités, fondement nécessaire de l'Internationale. Si je succombe, ce sera avec l'idée d'avoir servi pleinement la propagande collectiviste, lumière de ma vie intellectuelle depuis que j'ai balbutié » . Engagement sincère pour la paix et conviction visionnaire en faveur d’une planète internationaliste … quelle modernité ! Ces lignes sont extraites de la dernière lettre que Antoine Peretti écrivit, à ses parents à Porri-di-Casinca en Haute-Corse, avant de partir à la guerre en 1915. C’était mon grand-oncle ( le frère de ma grand-mère Marie Peretti épouse de Ours-Paul Vittori), et il fût journaliste à l'Humanité et ami de Jean Jaurès.  

Illustration 2

Né en à Porri-di- Casinca  (Haute-Corse), ce jeune journaliste de la rubrique des « Informations parisiennes » et des « Faits Divers » à L’Humanité, était membre de la Section Française de l’Internationale Ouvrière  (SFIO). Voici la notice de l’historien Alexandre Courban ( Docteur en Histoire -Cahiers du journalisme n°17-CNRS)  : « PERETTI Antoine Martin: (1887-1916) . Né à Porri-di-Casinca. Journaliste. Il intègre la rédaction du journal L'Humanité en 1913 (au moment du passage de quatre à six pages). Il est l'un des collaborateurs de Jean Jaurès et se trouve d'ailleurs à ses côtés le 31 juillet 1914 lorsque ce dernier est assassiné, dans le café Le Croissant, rue Montmartre à Paris. Il est tué au combat, dans la Somme, en 1916. Reconnu Mort pour la France. »

Illustration 3

L’Historien Alexandre Courban s’est penché sur la façon dont « le fait divers est mis en scène dans les colonnes de l’Humanité » depuis sa fondation en 1904 jusqu’à son interdiction par Daladier en aout 1939 à la suite du pacte germano-sovietique. Une recherche pointue qui « renvoie souvent aux débats sur la formule du journal : organe du parti ou quotidien politique d’information ? ».

Illustration 4

Dans L’Humanité du temps de Jean Jaurès, ces rubriques Faits divers, sont alimentées par des papiers écrits d’après des dépèches d’agences et publiés dans les pages Paris/Banlieue/ France. Ensuite vient un tournant en 1910, avec une nouvelle rubrique axée sur les accidents du travail et les rentes et systèmes d’assurances des travailleurs. C’est très nouveau. De même la situation, des  journalistes « tribunaliers » et « faitdiversiers » du grand quotidien socialiste, est moins précaire que dans les autres journaux. Alexandre Courban cite trois collaborateurs identifiés rédacteurs de ces rubriques  : l’avocat Jules Uhry, Raymond Figeac et Antoine Peretti, qui intègre la rédaction en  janvier 1913 ( voir  illustration page de l'Humanité ci-dessus).

Illustration 5

Antoine Martin Peretti (fils de l’instituteur du village de Porri-di-Casinca) avait quitté l’île après ses études secondaires, pour vivre à Paris, où nous n’avions aucune famille. Engagé à la rédaction de L’Humanité, ce jeune homme que j’imagine surdoué (comment peut-il en être autrement pour se lancer ainsi dans une telle carrière seul à Paris ?) vivait rue de la Pompe chez une comtesse russe émigrée. Elle devait le protéger, le dorloter et peut-être l'aimer... qui sait ?  Lui, membre de la SFIO, racontant sa Corse natale. Et elle, sa Russie d’avant la Révolution de 1905.

Illustration 6

Dans notre famille à Porri-di-Casinca, on nous a toujours parlé de la « chambre de Jaurès » qui avait été préparée, le grand tribun avait été invité en Corse l’été 1914. C’est mon village qui fût, ensuite en 1943, un des sites les plus actifs de la Résistance insulaire avec notamment la Conférence de Porri du 4 mai. L'un des derniers papiers d’Antoine Peretti, publié en Une de l’Humanité en mars 1915, est titre « VERS LE DÉNOUEMENT »

Illustration 7

« Je vous dis, avec un esprit profond et 

la conscience angoissée, que nous ferons 

tous notre devoir » disait à Gaète, diman- 

che dernier, c'est-a-dire après l'entrevue 

avec M. Giolitti, le Président du Conseil 

italien. On s'est plu à voir dans ces paroles supprimées dans un premier compte 

rendu d'agence et rétablies par le Giornale 

d'Italia, organe de M. Sonnino, ministre 

des affaires étrangères, l'annonce d'une 

intervention prochaine de l'Italie dans le 

conflit' européen. Les préparatifs militaires 

et législatifs en vue de l'intervention ou 

destinés, en tout cas, à rendre la neutra- 

lité plus vigilante qui avaient été faits 

depuis le commencement de la guerre ont 

été parachevés fébrilement depuis quelques 

semaines, depuis, surtout, que les alliés' 

ont commencé leur action contre les Dar- 

danelles. Cela, si peu qu'en puissent dire 

les journaux italiens, n'est pas douteux et 

les renseignements les plus sûrs le prou- 

vent. 

Comment expliquer, dans ces conditions, 

l'émotion qui vient de s'emparer de la par- 

tie de la presse italienne qui, depuis des 

mois, préconisait l'intervention comme su- 

prême sauvegarde des intérêts italiens 

dans l'Europe nouvelle qui sortira de la' 

guerre ? ../..." Antoine PERETTI .

Liliane Vittori.

Remerciements à ma cousine Brigitte FABRE-VITTORI  et à l'historien Alexandre COURBAN.

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