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Billet de blog 31 octobre 2017

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Le député Paul-André Colombani : sa Question Orale sur l’autonomie de la Corse

Autonomie réclamée par les députés Pè A Corsica plus caricatures et préjugés perdurant chez certains parlementaires : voici le rituel et la course d’obstacles des Questions Orales. Les députés nationalistes corses, modestes champions des débats sont partout, et surclassent souvent leurs concurrents dans ce baromêtre de la météorologie politique à l’Assemblée Nationale, à savourer en direct.

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Assemblée Nationale Questions Orales du 31 octobre. « Nous sommes favorable à l’autonomie de la Corse… mais l'autonomie de la Corse dans la République Française ! ». Gérard Collomb Ministre de l’Intérieur a répliqué, avec une dose massive de jacobinisme accompagné d’une certaine bienveillance politique, au député nationaliste corse Paul-André Colombani. Mais, comment intervenir y compris à la tribune de l'Assemblée Nationale ? Comment parvenir à poser « sa » question lors du direct télévisé de la chaîne Public Sénat, quant on est un député sans groupe parlementaire ? Et comment garder calme et sérénité quand les insultes sont lancées par des députés anti corses hystériques ? Ainsi E. Diard depuis son banc:  "il ne fallait pas vous faire élire dans cette assemblée !". Ou C. Jacob : " ce sont des Français avant d'être des Corses" 

Outre les questions Orales comme celles d’aujourd’hui, les trois députés Pè a Corsica, Michel Castellani, Jean-Felix Acquaviva, Paul-André Colombani sont partout, notamment lors des débats sur le financement de la Sécurité sociale ou les fonds d’investissements FIP et leur fiscalité. Portés par un processus politique puissant et inédit dans l’île, cela leur donne aussi des ailes à Paris ! Toutefois, le « boulot » est immense explique le député P.-A. Colombani pour modifier avec pédagogie « les caricatures et stéréotypes » qui brouillent encore l’image de la Corse, si confuse et si inexacte chez certains parlementaires et journalistes parisiens.  Dans ce qui est un vrai parcours du combattant : les trois députés autonomistes se montrent ultra réactifs, éloquents et dotés d’une mémoire et d’un savoir-faire politique inouïs. ll faut dire que les questions relatives à la Constitution sont amendées et critiquées en Corse, depuis que l'Inscription de la Corse a été réclamée, par les groupes et partis nationalistes insulaires. 

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Autre acquis certain remarque P.-A. Colombani : « notre liberté de parole et notre liberté de vote ». Contrairement à certains prédécesseurs, prisonniers de leurs carriérismes et de leurs partis jacobins, les trois députés autonomiste de Corse se sont sentis libres voter contre la loi sur la Sécurité intérieure qui présentait explique P.-A. Colombani un amalgame « choquant » entre « terroristes de Daech et prisonniers politiques corses ».
Aujourd’hui à l’Assemblée Nationale le face-à-face entre Corse et Gouvernement a été loyal et courtois… mais en sera-t-il toujours ainsi en décembre après les nouvelles Territoriales ? Après un survol de la décennie insulaire, ses conflits, ses fractures, ses réconciliations, puis revenant sur les nettes victoires successives des autonomistes, tant aux Territoriales de 2015 qu’aux Législatives de 2017: le député Paul-André Colombani médecin généraliste a d’emblée affirmé : « aujourd’hui l’idée d’une Corse autonome est très largement répandue, les Corses de naissance ou de coeur, d’origine ou d’adoption, nationalistes ou non, partagent massivement et démocratiquement,  l’aspiration à une évolution politique et institutionnelle fondée, non sur le rapport de force, mais sur le dialogue, l’esprit de réconciliation, la recherche d’une solution perenne. »

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Puis mettant le Gouvernement au pied du mur,  dès lors que les Territoriales 2017 confirmeraient une seconde victoire écrasante des autonomistes insulaires, le député Colombani lance : « Monsieur le Premier ministre, êtes-vous favorable, une fois les élections acquises, à l’ouverture d’un processus de dialogue, associant l’ensemble des forces vives de notre ile, en vue de déboucher dans les meilleurs délais sur une d’une autonomie de plein exercice et de plein droit ? »
«  Avant d’être Ministre de l’intérieur, j’ai eu une première vie, elle m’a fait savoir ce que le développement d’une région devait à la volonté de ses élus » : Gérard Collomb, presque compatissant, a évoqué son expérience d'élu local. Une longue carrière au PS, depuis le mandat de conseiller municipal jusqu’à ceux de député (2e circ. du Rhône), de sénateur-maire du 9e arr., de sénateur du Rhône 1999- 2017, de maire de Lyon (2001-2017), de président du Grand Lyon. Mais cela n’exonère pas le Ministre de l’Intérieur d’une approximation génante, quand il évoque la « visite en Corse du Président Emmanuel Macron ». Rectificatif attendu : en tant que Président de la République Emmanuel Macron n’est jamais venu en Corse… G. Collomb : « J’ai toujours été favorable à une grande autonomie, mais comme l’a dit le Président de la République lorsque il est allé en Corse, nous  sommes favorable de l’autonomie de la Corse mais à l’autonome de la Corse dans la République francaise ! » Le ministre s'est inscrit dans le contexte de l’indispensable cohésion européenne tout en faisant mine d’ignorer le déficit de démocratie qui gangrene la construction européenne : « Je connais les problèmes qui sont les vôtres, de développement économique, de taux de chômage des jeunes, de logement mais l’ensemble de ces problèmes ne se resoudra pas dans une fuite en avant, ils se résoudront dans un travail en commun, entre la République, le Gouvernement, les autorités locales , un partenariat entre nous tous ! Au moment où de grandes puissances émergent à travers le monde , il ne saurait y avoir de processus de dislocation, nous y perdrions et vous et nous! »
P.-A. Colombani député surdéterminé ne lâche rien : « nous estimons que la réponse de Gérard Collomb est trop mitigée, même s'il se déclare nettement pour une autonome de gestion. Mais on attend des actes, on sait que l’on ne pourra rien faire avant janvier, nous donnons donc rendez-vous au Gouvernement après les Territoriales, ils ne pourront pas se défausser »

LV

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