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Billet de blog 13 juin 2017

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De Sarah Halimi, du CRIF, de la presse et des avocats.

Ceci est une tentative de dissiper, si faire se peut encore, le nuage d’approximations, d’exagérations et d’omissions par lequel d’aucuns voudraient instrumentaliser la mort tragique de Sarah Halimi.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De Sarah Halimi, du CRIF, de la presse et des avocats.

Ceci est une tentative de dissiper, si faire se peut encore, le nuage d’approximations, d’exagérations et d’omissions par lequel d’aucuns voudraient instrumentaliser la mort tragique de Sarah Halimi.

Le résumé factuel d’abord, aussi véridique que possible : Le 4 avril 2017, dans le quartier de Belleville à Paris, un homme de 27 ans, d’origine malienne, apparemment enragé après une dispute familiale, pénètre chez des voisins qui, apeurés, se barricadent dans une pièce. Il passe alors par les fenêtres chez Sarah (Lucie Attal) Halimi, voisine juive de soixante-cinq ans et médecin retraitée et la défenestre (après lui avoir fait subir de sévices, dit-on) du troisième étage.

Il est interpellé et interné en hôpital psychiatrique.

Le 7 avril, le procureur de la République de Paris, François Molins déclare que ce drame, en l’état de l’enquête, n’est pas un meurtre antisémite, mais que cette piste sera aussi explorée. Une information pour homicide volontaire est ouverte.

Ouverte aussi, la ronde de rumeurs et de récupérations. Une certaine presse s’en empare ; l’opinion publique juive certes, choquée et convaincue de la motivation antisémite du crime vues, excusez du peu, les supposées origines musulmanes du meurtrier.

Mais pas seulement. On mobilise largement ailleurs ; le tout « couronné » par, what else, l’inévitable « appel des intellectuels » (il faudrait un jour m’expliquer cet ingrédient à toutes les sauces) intitulé «Que la vérité soit dite sur le meurtre de Sarah Halimi » (Le Figaro du 1er juin).

Car, tout ce beau monde autour du zinc du café du commerce médiatique est adepte du « on ne nous dit pas tout ». Au point d’écrire, sciemment ou non, un épisode supplémentaire, complotiste à souhait, de la concurrence victimaire qui nous empoisonne :

  • En prétendant à « L’étrange silence autour de la mort de Lucie Halimi» (sic…). Accréditant au passage la thèse d’une indifférence (au mieux…) française à l’égard des agressions à caractère antisémite.
  • En occultant la vigilance soutenue exercée, dès le début, par les institutions communautaires juives ; moyennant entre autres l’omission de citer leurs communiqués de presse pourtant limpides. Une conséquence éventuelle, entre autres, étant de faire oublier jusqu’à l’existence de ces institutions, transformant ainsi les Juifs de France d’une communauté organisée, représentée et unie en troupeau d’individus isolés ; et les moutons, ça se ramasse-t-à la pelle…

Il serait donc peut-être temps de rétablir quelques vérités premières.  

  • De l’absence supposée de couverture médiatique.

La France déplore plusieurs centaines d’homicides « civils » (hors attentats) par an ; en 2016 c’était au moins 800 ; en moyenne donc deux à trois par jour.

Ces évènements ne défraient jamais la chronique nationale ; et certainement pas les grand ’messes que sont les journaux télévisés du début de soirée.  On ne les trouve que brièvement et dans la presse (très) locale du lieu de l’évènement.

Pourtant la mort de Sarah Halimi a connu un traitement médiatique différent ; probablement du fait de sa nature, soupçonnée d‘emblée d’être un crime antisémite. Les quelques publications ci-dessous, liste évidemment non-exhaustive, réfutent donc la thèse d’indifférence médiatique.

Dès le 7 avril SLATE, organe web généraliste d’opinion et de commentaires, pose quelques jalons : « Ce crime, perpétré à Paris, a suscité de vives réactions dans la communauté juive ».

http://www.slate.fr/story/143018/juif-meurtre-paris

Ensuite c’est Le Figaro, presse nationale s’il en est, qui, suite à la « marche blanche » organisée à cet effet en parle dès le 9 avril : « S'agit-il d'un acte antisémite? C'est la question posée par les représentants de la communauté juive… ».

http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2017/04/09/01016-20170409ARTFIG00193-marche-blanche-a-paris-en-hommage-a-une-femme-defenestree-par-un-voisin.php

Simultanément avec le site de BFMTV, première chaine télé d’information continue de France, relatant le drame et renvoyant vers le très instructif communiqué des institutions juives sur lequel nous reviendrons ci-dessous :

http://www.bfmtv.com/police-justice/paris-marche-en-hommage-a-une-femme-juive-defenestree-par-un-voisin-1139118.html

  • De l’oubli de l’action, voire de l’existence, des institutions juives représentatives.

Le 6 avril, 48 heures après la mort de Sarah Halimi, le CRIF communique ceci sur sa page Facebook :

« Nous avons vérifié les informations concernant : l'éventuelle radicalisation de l'auteur des faits, une intrusion dans la chambre à coucher de la victime et des coups de couteau donnés à Sarah Attal Halimi…. auprès de la Préfecture de Police avec qui nous sommes en relation.

A ce jour, selon nos interlocuteurs, rien ne permet de corroborer ces faits.

Nous vous tiendrons informés au fur et à mesure que les informations nous parviennent ».

https://www.facebook.com/LeCrif/posts/1409399612431668

Le 7 avril un nouveau communiqué parait sur la page Facebook du CRIF, après avoir rencontré le Procureur François Molins « et des personnes chargées de l’enquête ».

Fait rare, il est rédigé en accord avec le Grand Rabbin de France et cosigné par l’essentiel des institutions juives du pays : le CRIF certes, mais aussi le Consistoire, le FSJU (Fonds Social Juif Unifié), et notamment le SPCJ (Service de Protection de la Communauté Juive).

Ce dernier s’y connait. Animé par des anciens officiers de police et en lien avec les autorités compétentes (dont le ministère de l’intérieur) il n’est pas étranger au dossier.  https://www.facebook.com/LeCrif/posts/1410824312289198:0

En voici quelques extraits :

« Le temps de l’enquête est long …. Ce temps est essentiel et incompressible pour qu’aucun détail ne soit laissé inexploité… nous faisons pleine confiance aux hommes et femmes qui œuvrent à cette enquête… L’enquête ne peut se faire sur les réseaux sociaux….(car) le mélange d’informations vérifiées et avérées avec des informations supposées, imaginaires, voulues ou encore déniées créent une confusion qui dessert la recherche de la vérité ».

Et puis, il y a la LDJ, Ligue de Défense Juive, que l’on peut difficilement (euphémisme…) accuser de tolérance à l’égard de tout soupçon d’antisémitisme :

http://www.liguedefensejuive.com/connaitre-la-verite-sur-le-crime-de-sarah-halimi-2017-04-07.html

La LDJ dit, entre autres et sobrement :

« Après enquête de la LDJ auprès de la communauté malienne de Belleville il apparait que l’assassin de Madame Halimi était un consommateur régulier d’alcool et de drogue. Par contre Il ne fréquentait aucune mosquée du quartier et n’était pas connu pour être un musulman pratiquant ».

  • Des avocats.

Ce ne serait pas faire offense aux avocats que de rappeler qu’ils ont besoin de manger et qu’ils gagnent leur croute en défendant les positions souhaitées par leurs clients.

On aurait préféré les voir exercer comme il se doit devant un tribunal dans le cadre d’une procédure contradictoire, seule à favoriser la manifestation de la vérité.

Mais il se trouve que dans cette affaire ils sont plusieurs (combien ?...), se disant au service de la famille, et qu’ils plaident surtout devant la presse qui n’a rien de contradictoire.

Pour la manifestation de la vérité on repassera donc.

                                                 Kalman Schnur    juin 2017.  

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