Le dernier théoricien marxiste anglais, spécialiste de l’histoire ouvrière, vient de mourir. Je l'ai appris hier par les voies d’internet, et non via les voix des ondes du service public, seule source d’informations matutinale à laquelle je consens à prêter une oreille attentive, car France-Inter et France -Culture étaient en grève. Eric J.Hobsbawm, donc, historien appartenant au courant historiographique qui a tissé des liens avec les sciences sociales est né en Egypte (ex-Alexandrie) en 1917, (Tiens, encore une autre date, dans le panthéon marxiste-léniniste !). Parfaitement francophone et francophile, je l’avais rencontré à Paris en 2009, grâce à André Versaille, l’éditeur originel de « l’Age des Extrêmes pour une histoire du court XXe siècle ».Parmi ses écrits, ce livre tient une place particulière. Il est sans conteste le »bréviaire » que tout communiste assumé et patenté se doit d’avoir dans sa bibliothèque, à la manière du Soboul sur la Révolution Française ou du Stora sur la Guerre d’Algérie.
Aux côtés de sa femme, à l’évocation de mon nom de famille, nous avions parlé.de transmission, d’éducation, de générations, de la fin de l’Histoire, entre quelques espaces laissés vacants par les rendez-vous accordés à la presse lors de son (dernier) passage en France.Figure mythique d’une pensée inscrite dans une idéologie historique qui court encore et qui survit, il m’avait énormément impressionné par sa connaissance, son aisance malgré ses 92 ans passés et par ce regard toujours optimiste, cette volonté de croire que tout n’était pas joué ! Il avait tenu à repartir avec, sous le bras, la biographie de Roger Bourderon consacrée à mon grand-père, Henri Rol-Tanguy, résistant, communiste, qui en 44 prenait la direction du mouvement des F.F.I pour la région P1 en vue de la Libération de Paris.
Il était parmi ces êtres humains qui se lèvent avant l’aube m’avait rappelé Hobsbawm, avant de repartir pour les USA. Pour d’autres, il demeurerait le « terroriste » contrevenant aux ordres de Vichy et du gouvernement Français de l’époque.Qu’il soit mort aujourd’hui m’incite à déceler dans ce « signe », une voie tracée, un chemin à prendre, un sens de l’histoire à retrouver, une façon d’être au monde et de l’assumer.
Cecile Rol-Tanguy