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Billet de blog 15 septembre 2022

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Halte à l'exclusion des pauvres !

Impossible de boire un café à la Brasserie la Bohême, Place du Tertre à Paris, quand on est pauvre : il faut être en costard cravate, comme les serveurs. Témoignage d'une jeune femme souhaitant offrir un café à une personne qui en avait besoin.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mardi 6 septembre, dans la matinée, je me promenais à Paris vers le Sacré-Coeur avec mon garçon de 6 ans. Place du Tertre, on voit un homme qui a clairement besoin d'aide : il est pieds nus et fait la manche. Mon garçon s'inquiète pour cet homme et me demande de lui donner une pièce. Je lui dis, peut-être qu'il a faim, on va lui proposer de lui acheter quelque chose plutôt. On s'avance vers lui, on le salue et on lui propose de lui acheter quelque chose à manger ou à boire. Il décline notre offre en nous disant, il me faut juste un café. Je vois le café La Bohême juste à côté et lui propose de s'asseoir, le temps que j'aille chercher son café, ce qu'il fait. Immédiatement un serveur refuse et me dit "impossible, je ne peux pas le servir". Je lui demande de s'en expliquer, il me dit "vous avez vu comme il est habillé". Je lui fais remarquer que s'il pouvait s'habiller autrement, il le ferait certainement et que c'est pour ça qu'il a besoin de notre aide et de notre compassion. Il refuse, devant les oreilles incrédules de mon garçon, et la lassitude de ce pauvre monsieur, qui me dit, "c'est pas grave, je peux m'en aller". Je lui dis de ne pas s'inquiéter et qu'il aura son café. Je vais parler au "gérant" qui me reçoit froidement en me disant que le réglement intérieur interdisait qu'on serve une personne habillée comme ça. Je lui demande à voir le réglement intérieur et lui indique que ce qu'il fait relève du racisme anti-pauvres, ou plutôt de la discrimination. Le gérant saisit l'occasion pour dire qu'il allait appeler la police immédiatement, que je l'accusais de racisme alors que je ne le connaissais pas et qu'il n'y avait pas plus humain que lui. Je lui ai dit que j'attendrais volontiers la police pour leur expliquer qu'il refusait de servir un café à un client et je plaignais l'humanité s'il en était la meilleure émanation. Les serveurs et la serveuse qui nous entouraient affirmaient que c'était quelqu'un d'exceptionnel, que je ne connaissais rien de lui, bref, honte à moi de venir l'embêter. J'ai répété que je voulais juste un café pour une personne qui en avait besoin. La serveuse s'est mise à se moquer de moi en me disant "vous avez qu'à lui payer l'hôtel si vous voulez l'aider". Le gérant a dit de lui servir ce café pour que je puisse "dégager de là". Je retourne vers le monsieur installé à table, qui s'excuse comme il peut alors qu'il est juste victime de la discrimination de ces gens. Le café vient. Je vais pour le payer à l'intérieur, une dame à la caisse me dit "non, il faut payer au serveur". Je ressors donc et le gérant me suit en disant, "elle va le payer ce café, elle va le payer !". Je retourne auprès du monsieur pour payer le serveur. La dame à côté de lui qui a suivi la scène affirme à haute voix, "il ne me gêne pas du tout ce monsieur" voulant soutenir qu'il n'y avait pas de raison de le chasser : qu'elle en soit remerciée pour le bien que ça a dû faire à cet homme, et à mon garçon qui ne comprenait pas en disant "mais on a payé, ils ont pas le droit". Je remercie la dame, m'excuse auprès du monsieur. Le serveur revient à la charge en me disant "dégagez de là". Je le remercie de sa politesse et il reprend ses insultes de plus belle, rejoint par la serveuse qui me dit "vous avez qu'à l'emmener chez vous". Tout ça pour un café à 3 euros 50 ! J'ai vraiment eu honte pour cet homme : je ne sais rien de sa vie, mais son stoïcisme semblait montrer qu'il n'en était pas à sa première expérience d'exclusion sociale. J'espère que tous les cafés ne se ressemblent pas. J'invite les personnes à éviter ce lieu, par solidarité avec cet homme exclu parce qu'il était pauvre et pour protester contre cette équipe soudée contre les pauvres ! La Bohême place du Tertre, à fuir à tout prix !

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