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Billet de blog 1 mai 2010

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L’Orange de Jaffa d’après Eyal Sivan

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai vu le très beau film du réalisateur israélien « Jaffa, la mécanique de l’orange », diffusé il y a peu sur ARTE et projeté actuellement en salle en présence de l’auteur (1).

Très beau parce qu’il nous parle du conflit israélo-arabe (et plus précisément arabopalestinien) autrement qu’en termes de mort mais en termes de vie en jetant sur l’histoire un regard neuf à partir d’images d’archives tirées des actualités de l’époque, d’interviews de témoins des deux bords ayant connu l’avant et l’après création d’Israël, et avec des commentaires avisés de personnages en vue pour leur engagement personnel dans la recherche de solutions au conflit, tel Elias Sanbar (2).

Il s’agit pour l’auteur de s’attaquer à un mythe, celui des oranges de Jaffa, mondialement connues pour être les meilleurs fruits de leur catégorie et le symbole de la réussite économique du projet sioniste au cœur du désert. Or, nous apprenons qu’il n’en est rien. L’exploitation des oranges était déjà pratiquée et réputée sous le mandat britannique sinon sous l’empire ottoman, le maximum de sa production datant, semble-t-il, non des années cinquante ou soixante mais de 1935. Et il y a pire : Jaffa (ou Jaffo), autrefois florissante, périclita d’abord au profit d’Ashdod comme port de Tel Aviv, puis fut quasiment détruite pendant la guerre d’indépendance avant d’être reconstruite autrement et judaïsée (3).

Pour Eyal Sivan, il s’agit, à travers l’expression du sentiment d’un grand gâchis, de proposer un nouveau départ sur la base de la réappropriation commune d’un symbole à partager : l’orange.

Or, c’est là que le bât blesse : créer aujourd'hui un Etat unique ni juif ni musulman mais orange pour répondre à la honte du mur de séparation revient à prononcer la dissolution de l’Etat d’Israël et, à terme, l’assimilation des juifs d’Israël au monde arabe comme dans n’importe quelle autre partie du monde. Ce projet parait difficilement acceptable pour la partie israélienne même si l’auteur du film est lui-même israélien. Pour ma part, je trouverais plus facilement réalisable l'établissement d'un nouveau départ respectant la spécificité de chacun sur la base de l’objectif mis en avant par les accords d’Oslo mais jamais mené à son terme, à savoir : la cohabitation de deux Etats pour deux peuples.

Lincunable, 1er mai 2010

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(1) prochaine séance le jeudi 6 mai à 21 h au cinéma Les 3 Luxembourg à Paris

(2) http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/210410/elias-sanbar-les-palestiniens-ne-sont-pas-des-mythes

(3) http://blog.mondediplo.net/2010-03-15-Jaffa-histoire-d-un-symbole


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