Nicolas Sarkozy l’a dit : « je n’augmenterai pas les impôts, je n’ai pas été élu pour ça » (1). Dont acte. Résultat, les taxes pleuvent comme des flocons qui neigent. 15 taxes nouvelles depuis 2007, dont la dernière en date, la taxe carbone, retoquée par le Conseil constitutionnel, vient d’être représentée par le Gouvernement (1).
Jade Lindgaard a beau s’étonner sur Médiapart de cette représentation-boomerang (2), elle participe pourtant à une logique politico-financière incontestable :
- l’impôt, pour le consentement duquel sont nés les parlements à l’origine des régimes démocratiques (de la Magna Carta à l’Habeas Corpus), est un mode de prélèvement inégal parce qu’équitable : tout le monde ne paye pas la même chose mais uniquement en fonction de sa richesse estimée. Or, Nicolas Sarkozy est parti en guerre contre l’impôt dans son programme présidentiel en s’attaquant aux tranches d’imposition et en se protégeant derrière le « bouclier fiscal » : sauvons les riches !
- la taxe est un prélèvement obligatoire inéquitable car égal pour tous les usagers, quel que soit la fortune de chacun et frappant uniformément un service ou un bien. On peut donc créer autant de taxes que l’on veut avec l’illusion d’être utile à la société tout en ne l’étant pas : taxe sur les alcools, le tabac, le pétrole, les émissions de gaz à effet de serre. Personne ne contestera le bien fondé de ces punitions infligées aux soit-disant mauvais citoyens. Sauf que les mauvais citoyens ne sont pas ceux qu’on punit en fait mais des gogos qu’on fait casquer pour payer la note des vrais responsables.
Un grand satisfecit donc (une fois n’est pas coutume) pour l’analyse de Ségolène Royal sur le sujet, parue ce week-end dans le journal Le Monde et à laquelle j’adhère (3).
Comme une annonce de taxe ne vient jamais seule mais signifie la mise en œuvre réfléchie d’un plan d’ensemble, je m’interroge sur la prochaine taxe possible de ces Messieurs-Dames du Gouvernement : celle frappant les portes et fenêtres des résidants d’immeubles créée en 1696 par le roi Georges III d’Angleterre et en 1798 par le Directoire français et qu’on semble remettre discrètement à l’ordre du jour, à l’occasion du refroidissement en Europe et des pannes en série constatées en fourniture d’électricité (ah, cet engagement écologiste, c’est autre chose que le droitdel’hommisme ringard !). En effet, si celles-ci avaient été instituées pour frapper les plus riches qui possédaient alors seuls de belles ouvertures en façades, ce seraient désormais les plus pauvres qui devraient mettre la main à la poche, montrés du doigt comme cause de la mauvaise gestion du refroidissement climatique en portant la responsabilité des flambées des prix sur les notes de chauffage de la co-propriété en refusant de se livrer aux travaux de pose de double-vitrage pour relancer le bâtiment et renflouer les caisses des petites et moyennes entreprises. Aucun sens du collectif nos pauvres !
Lincunable, 10 janvier 2010
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(1) http://www.lecri.fr/2009/10/18/nicolas-sarkozy-je-naugmenterai-pas-les-impots/5510