Si l’on s’en tient à l’annuaire des entreprises, « agnès b. » est une marque déposée par une créatrice de mode, à l’époque encore épouse de l’éditeur Christian Bourgois : Agnès Troublé (1).
Les vêtements « agnes b. » rivalisent avec ceux des plus grands couturiers : Christian Lacroix, Yves Saint-Laurent, Alexander McQueen, Alberta Ferretti, Christopher Bailey, Giorgio Amani. D’ailleurs, le prix de ses collections exposées dans l’une de ses nombreuses boutiques parisiennes, provinciales ou étrangères (New York, Tokyo, Bruxelles, Londres, Amsterdam, Tai Pei, Singapour, Los Angeles, San Francisco), même s’il est plus abordable, reste celui du haut de gamme (compter 130 € environ pour une chemise basique).
Pourtant, « agnès b. », 361ème fortune de France (2), n’est pas qu’une marque de fabrique. C’est un parti pris écologique, culturel et humanitaire qui se traduit par une importante activité de mécénat.
Au plan de la protection de l’environnement, par exemple, elle garantit l’utilisation de cotons issus de l’agriculture biologique, cultivés sans engrais ni pesticides, ainsi que des articles réalisés avec leurs teintes naturelles et originelles dans le respect des normes REACH préconisées par Greenpeace (3) et elle crée des sacs kitsch biodégradables en amidon de pomme de terre. Enfin, en association avec l’Oréal, elle propose des lignes de produits de maquillage entièrement composés d’ingrédients d’origine minérale et naturelle fournis dans des emballages recyclables (4).
Au plan culturel, elle encourage la création artistique en décernant des prix dotés de récompenses conséquentes par le biais de sa fondation et de son fonds de dotation (5).
Enfin, au plan humanitaire, elle contribue à la lutte contre la misère et l’exclusion en défendant des causes ciblées : SIDA, Bosnie-Herzégovine. Son intérêt pour cette dernière remonte à 1996 où, de voyage à Split (Croatie), elle décida de faire un saut à Sarajevo encore dévastée pour aider à sa reconstruction.
Elle nous en offre aujourd’hui à Paris une émouvante rétrospective photographique sur la guerre de 1992-1995 présentée en collaboration avec Jorge Semprun, actuel président de l’association Paris-Sarajevo-Europe et ancien ministre espagnol de la culture, ancien résistant de la FTP-MOI déporté à Buchenwald, écrivain aux multiples talents. En suivant un parcours quasiment initiatique à travers la vie quotidienne de « Snipper allee » où la vie s’organise malgré le champ de ruines et les cadavres jonchant le sol dans l’indifférence ou l’impuissance onusiennes (cf. la danse de la résistance improvisée par des jeunes au rythme endiablé dans une cave transformée en discothèque de fortune), on est saisi par l’absurdité du crime autant que par son accomplissement.
Photographies d’Alexandra Boulat, Patrick Chauvel, Enrico Dagnino, Luc Delahaye, Ziyah Gafic, Ron Haviv, Milomir Kovacevic, Enric Marti, Christopher Morris, James Nachtwey, Emmanuel Ortiz, Gérard Rondeau, Damir Sagolj, Tarik Samarah, Klavdij Slubn, Laurent Van Der Stock et Trio.
L’exposition, inaugurée le 6 avril, date anniversaire du début du siège de 1992, mais aussi de la libération de 1945 et de la création du centre André Malraux de Sarajevo en 1995, se prolonge jusqu’au 3 mai (6). A voir et à faire voir.
Lincunable, 11 avril 2010
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(1) http://www.indexa.fr/entreprises/annuaire/textile-habillement/pret-a-porter-createurs?ordre=ville (2) http://www.challenges.fr/classements/fortune.php?cible=586 (3) http://www.greenpeace.org/france/vigitox/informations/reach (4) http://www.ccbparis.fr/index.aspx (5) http://europe.agnesb.com/fr/bside/section/aider/humanitaire-social/fondation-agnes-trouble-dite-agnes-b-et-fonds-de-dotation/(6) 15-17 rue Dieu, 75010 Paris, du lundi au samedi de 14h à 19h, entrée libre. http://des-gens.net/Centre-Andre-Malraux-de-Sarajevo