Lincunable

Abonné·e de Mediapart

134 Billets

1 Éditions

Billet de blog 11 août 2009

Lincunable

Abonné·e de Mediapart

Sous le Balcon de Juliette

Lincunable

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A deux pas de la place des Herbes, à Vérone, en Vénétie, une des cent six provinces de l’Italie contemporaine, un Etat membre de l’Union européenne, partie d’un continent de la Terre qui est une planète d’un système solaire d’une galaxie de l’univers, via Cappello très exactement, se trouve une maison du XIIIème siècle attribuée à la famille Capulet. Sous la voûte d’entrée, où se pressent par dizaines tout au long de l’année des curieux du monde entier, s’étalent des centaines de graffitis d’amoureux confessant depuis des siècles leur passion réciproque. Dans la cour pavée de cette maison à trois étages se dresse en effet le balcon en pierre supposé de la chambre de Juliette d’où elle se penchait parfois pour écouter une aubade échappée à son attention de la mandoline de Roméo.

Nul ne sait si Juliette et Roméo ont bel et bien existé mais tous savent combien leur histoire tragique symbolise la pureté des sentiments amoureux face à la dureté des préjugés.

Leur récit est passé à la postérité par l’intermédiaire de William Shakespeare (1564-1616) qui les mit en scène en empruntant le thème à Masuccio Salernitano (1410-1475) qui s’inspira lui-même pour le réaliser des Métamorphoses d’Ovide (43 av. JC – 17 ap. JC).

Devenu pour Shakespeare pièce en cinq actes, il met aux prises deux familles rivales depuis plusieurs générations pour la domination de la ville de Vérone, Capulet et Montaigu, alors que deux de leurs jeunes représentants de quatorze et seize ans tombent amoureux l’un de l’autre dès la première rencontre et décident de faire célébrer leur mariage par un confesseur qui voit là un moyen inespéré de réconcilier des familles érigées en ennemis héréditaires. Malheureusement, le père de la future ne l’entend pas ainsi et réserve à sa fille un autre mari. Pour échapper au mariage arrangé, Juliette boit une potion préparée par le confesseur qui lui donne l’apparence de la mort afin d’être déposée dans le caveau de famille d’où Roméo viendra l’en sortir. Mais un contretemps fâcheux empêche Roméo d’être prévenu du stratagème et ce dernier qui apprend la nouvelle de la mort de sa bien-aimée court s’empoisonner sur sa tombe. Revenant à elle, Juliette aperçoit le cadavre de son amoureux et se tue à son tour avec le poignard de Roméo.

A quoi attribuer la longévité d'un tel mythe qui s’affranchit des barrières sociales et politiques (1) ? Au besoin d’identification à la belle princesse et au prince charmant des contes de fée ou au génie de Shakespeare qui a su toucher en nous l’homme pour éloigner la bête ?

Lincunable, 9 août 2009

_____________

(1) Roméo et Juliette inspirèrent aussi des peintres (Ford Madox Brown 1867, Frank Bernard Dicksee 1884), des compositeurs (Berlioz en 1839, Tchaïkovski 1869, Gounod 1867, Prokofiev 1935), des chorégraphes (Béjart 1966, Preljocaj 1990) et des cinéastes (Cukor, 1936, Zeffirelli 1968).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.