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Billet de blog 15 octobre 2010

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L'Histoire de France entre maison close, maison d'arrêt et maison de correction

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que le thème de la maison close revient à la mode (1), que celui de la maison d'arrêt est toujours d'actualité (2) et que celui de la maison de correction pourrait réapparaître bientôt comme alternative crédible à l'école publique dans les cas les plus difficiles (3), le Président de la République a profité le 12 septembre dernier de la visite d'un haut lieu de la préhistoire, la grotte de Lascaux , pour annoncer son projet pour l'histoire de France (4) : un musée-maison sis sur le quadrilatère parisien des Archives Nationales, aboutissement de trois ans de réflexion d'experts politico-technocratiques ayant donné lieu dans le plus grand secret à quatre rapports successifs dont deux rédigés sous la direction de l'actuel directeur général des archives de France, Hervé Lemoine, préconisant divers emplacements possibles pour l'implantation.

Depuis, non seulement des historiens dénoncent l'enfermement arbitraire de l'histoire, mais les Archives Nationales sont occupées par leur personnel mécontent de l'oukaze présidentiel les privant d'un tiers de leur capacité de travail en stockage et conservation de documents, ce qui, comble du comble, reviendrait à nous priver des sources mêmes de l'histoire (5).

Il était donc important de répondre présent à la réunion publique organisée le 14 octobre à l'hôtel de Soubise par l'intersyndicale des Archives de France, non seulement pour assurer de la solidarité citoyenne les grévistes qui entament aujourd'hui leur 29ème journée d'occupation des lieux, mais encore pour mieux comprendre les enjeux dont Antoine Perraud vient de rendre compte dans un article au vitriol (6).

En effet, contrairement à ce qu'aurait voulu nous faire croire Hervé Lemoine en se faisant passer pour le propriétaire des lieux, cette rencontre-débat n'avait pas à s'en tenir au dialogue de sourds habituel personnel/direction mais bien à impliquer le public dans l'avenir de cette maison commune, puisqu'après tout c'est de notre patrimoine qu'il s'agit, de nos archives publiques censées être accessibles à tous.

Quelques réactions brutes donc notées ici ou là et pêle-mêle :

«- l'histoire, c'est l'avenir sinon on en sera toujours au même point »

« - personne ne peut dicter aux historiens ce qu'ils doivent faire »

« - valoriser la recherche c'est bien à condition de ne pas restreindre ses moyens »

« - réduire le rôle de la future maison à une présentation de collections qui ne trouvent pas leur place ailleurs, ce n'est pas faire de l'histoire mais un nouveau centre Pompidou »

« - proposer un récit unique de l'histoire à des spectateurs, ce n'est pas s'adresser à des citoyens actifs mais à des consommateurs passifs »

« - le contre-sens est de vouloir apporter des réponses sur l'histoire alors qu'il faut d'abord délimiter les questions »

« - la garantie scientifique du projet n'est pas assurée. On ne sait pas qui participera au comité de pilotage »

On peut encore dire non à la Maison de l'Histoire de France aux Archives Nationales ici :

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article4046

Lincunable, le 15 octobre 2010

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  1. http://mry.blogs.com/les_instants_emery/2010/09/roman-maisons-closes-chabonneau-guimier.html

  2. http://assembly.coe.int/Documents/WorkingDocs/doc04/FDOC10097.htm

  3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_correction#Maisons_de_corrections_en_France

  4. http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/081010/nicolas-sarkozy-coucou-des-archives-nationales

  5. http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/edition/usages-et-mesusages-de-lhistoire/article/061010/pour-la-suspension-du-projet-de-maison-

  6. http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/151010/du-rififi-memoriel-aux-archives-nationales-contre-le-musee-sarkozy

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