Raimund Pretzel, alias Sebastian Haffner, (1907-1999), a été magistrat en Allemagne avant de se tourner vers l’écriture : essais historiques, journalisme. Mais ses œuvres ont été publiées tardivement en France (2).
Anti-nazi de la première heure, il finit par s’exiler au Royaume-Uni en 1938, peinant à trouver du travail en raison du fort sentiment anti-allemand qui sévissait alors. Un éditeur lui proposa tout de même un contrat pour rédiger un livre de souvenirs sur son vécu de la montée du nazisme, lequel fut réalisé en quelques mois avec pour titre : « Histoire d’un allemand. Souvenirs (1914-1933) ». Mais les évènements s’accélérèrent, la guerre contre l’Allemagne fut déclarée et le projet d’édition enterré. Le manuscrit reposa donc dans un tiroir pour n’en sortir qu’après la mort de Sebastian Haffner en 2000, révélant à la postérité toute la lucidité d’un citoyen ordinaire pris dans la tourmente du quotidien de l'époque où il semblait impossible de ne pas comprendre ce qui se construisait sous les yeux de la population mais où personne ne voulait vraiment l’admettre, cherchant des circonstances atténuantes ou s’efforçant de minimiser la portée d’un tel bouleversement mental.
Encore un inconnu qui gagnerait à être davantage connu et reconnu.
Lincunable, 18 août 2010
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(1) pseudo peut-être lié au nom du maire de Salzburg qui commanda à Mozart sa symphonie numéro 35.
(2) Un certain Adolf Hitler, Grasset,1979 ; Profils prussiens, Gallimard, 1983 ; De Bismark à Hitler, La découverte, 1991 ; Allemagne 1918, Complexes, 2001.