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Billet de blog 23 mai 2010

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Mon contre-festival de Cannes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Derrière les paillettes, les défilés de stars, l’exubérance de luxe, Cannes et volupté, se cache en vérité une énorme opération de séduction et de promotion internationale du septième art qu’on ne peut qu’encourager (1), même si elle a tendance à éliminer d’autres œuvres non retenues ou à occulter d’autres manifestations tout aussi importantes mais plus discrètes et moins officielles.

Être sélectionné à Cannes, voire être primé, donne une notoriété certaine qui accroît le nombre d’entrées dans les salles, le nombre de jours de projection et assure le financement, non seulement pour le film réalisé mais aussi pour les films à venir, les retombées du succès bénéficiant à l’ensemble des opérateurs : producteurs, réalisateurs, acteurs, techniciens.

Donc, il convient de s’attacher particulièrement au jury de ce festival pour mesurer son degré de professionnalisme et d’indépendance vis-à-vis des puissances politico-financières. L’année dernière, c’est l’actrice Isabelle Huppert qui présidait le jury. Cette année, c’est au réalisateur Tim Burton qu’est revenue cette charge, étant assisté pour se faire de huit jurés : 3 réalisateurs (dont un réalisateur-producteur), 3 acteurs/trices, 1 compositeur et 1 écrivain-scénariste.

Comme vous l’aurez noté, il manque à cette large représentativité non exhaustive un membre de jury au moins spectateur. Votre serviteur se propose donc très modestement d’être celui-ci dans un jury idéal qui comprendrait 1 acteur/actrice en moins mais 1 spectateur/citoyen en plus.

Il aurait alors opté pour :

- palme d’or : Rachid Bouchareb pour son film « hors-la-loi » en raison de la singularité de sa thématique et du dénigrement dont il a fait l’objet (et non Apichatpong Weerasethakul, servi surtout par l’actualité thaïlandaise).

- grand prix du festival : Abbas Kiarostami pour « copie conforme » en raison de la qualité de la mise en scène et des conditions difficiles à faire exister un cinéma de qualité dans son propre pays (et non Xavier Beauvois dont le film sur l’assassinat des moines de Tibérine n’a pas besoin d’un prix à Cannes pour se faire entendre).

Naturellement, si vous souhaitez continuer la liste des vainqueurs du contre-festival, n’hésitez pas à le faire (2).

Lincunable, 23 mai 2010

__________

(1) d’après l’expression inventée en 1912 par le critique d’art Ricciotto Canudo pour désigner le cinéma en lui donnant ainsi sa place de nouveau genre artistique à partir du classement établi par Hegel dans L’Esthétique sur les 5 arts majeursauxquels s’ajoutait la danse. En effet, il affirmait de manière prémonitoire : « tous les arts, avant de devenir un commerce et une industrie, ont été à leur origine des expressions esthétiques de quelques poignées de rêveurs. Le Cinématographe a eu un sort contraire, commençant par être une industrie et un commerce. » http://fgimello.free.fr/enseignements/metz/textes_theoriques/canudo.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Festival_de_Cannes#.C3.80_propos_du_Jury

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