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Billet de blog 24 mai 2010

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L’agriculture de plains Champs

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nicolas et Carla ont beau avoir pointé le bout de leur nez sur les Champs-Elysées pour faire bonne figure ce matin en tentant une récupération feutrée de la manifestation du week-end, ils ne sont pour rien dans l’opération séduction où l’Etat est d’ailleurs particulièrement absent. D’après une création de Gad Weil et une scénographie de Laurence Médioni, l’initiative est à la fois professionnelle et municipale (1). D’un budget conséquent (4,5 millions d’euros), les participants n’ont pas déboursé un centime, leur acheminement à Paris étant assuré par le syndicat, celui des Jeunes Agriculteurs qui leur a affrété des cars pour la circonstance. Ils ont pu en revanche sans difficulté vendre à bon prix leurs marchandises qui se sont arrachées comme des petits pains, sans intermédiaire, directement du producteur au consommateur : fruits et légumes, fromages et jambons, huiles, vins, crêpes bretonnes. Une aubaine qu’on ne voit même pas au salon international de l’agriculture cité en exemple. Les partenaires-sponsors sont respectivement : la Mairie de Paris, le Crédit Agricole, France Bois forêt, la RATP, ainsi que différents industriels ou distributeurs de renom : Monoprix, les Cafés Jacques Vabre, les biscuits Lu, le brasseur Heineken, auxquels se sont joints des « essaimeurs », en fait les commerçants du quartier : Daniel Hechter, le Café di Roma, l’hôtel Mariott, la Société Générale des Champs-Elysées et même…le Fouquet’s, véritable pavé dans la mare élyséenne, défroqué facilement par les organisateurs compte tenu des retombées économiques escomptées.

Avec pour slogan : « Essaimer, semer, s’aimer », Nature Capitale semble inverser la proposition d’Alphonse Allais plagiant Henry Monnier qui plagiait Jean-Louis Auguste Commerson en déclarant : « les villes devraient être construites à la campagne, l’air y est tellement plus pur » (2). En effet, ici c’est plutôt : « construire les campagnes à la ville », préfigurant ce que sera peut-être demain une agriculture citadine, libérée des intermédiaires faussant l’établissement des prix : un producteur-éleveur de formation agronome et vétérinaire par pâté de maisons avec son carré de cultures et son enclos à bétail en lieu et place des parkings d’autrefois, transformant lui-même sa production à l’ancienne et sous qualité garantie : pressoir à vin, écrémoir à lait, broyeur à olives, décanteur d’huile, cargueur de lin, etc…

La prestigieuse avenue des Champs-Elysées ouverte l’espace d’un week-end aux rêveurs, aux gastronomes, aux amoureux des terroirs, une judicieuse idée qui, comme le vélib, va susciter des imitations en province et à l’étranger, c’est certain, compte tenu de l’afflux des visiteurs de la Pentecôte estimé à près de 2 millions.

Lincunable, 24 mai 2010

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(1) http://www.naturecapitale.com/

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Monnier#cite_ref-0

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