Après avoir massivement dit « non » à l'autonomie, contrairement à ce que prônaient bon nombre d'élus locaux, les ultramarins viennent de dire massivement « oui » à la fusion des collectivités locales département et région : 68% de oui en Martinique, 57% en Guyane, contrairement à ce que réclamaient plusieurs élus locaux.
On a beau dire que le développement ne se résoudra pas par des solutions institutionnelles, cela sonne comme un deuxième tour politique, d'abord parce que bon nombre d'élus qui appelaient à boycotter ce scrutin voulu par le Gouvernement n'ont pas été suffisamment entendus, même si l'appel au boycott a fait grimper le taux d'abstention puisque ce n'est pas celui-ci qu'on retiendra mais le taux d'approbation. Ensuite parce que le Gouvernement va trouver là des raisons supplémentaires de se réjouir, d'une part parce qu'il a désamorcé la crise avec ses territoires lointains et d'autre part parce qu'il a préparé le terrain à d'autres fusions possibles en métropole.
Ainsi, en cas de nouveaux troubles sociaux, il pourra se prévaloir de ce double scrutin, les peuples ultramarins s'étant prononcés et les choix démocratiques devant être respectés. Sauf que deux DOM sur 4 seulement ont été consultés, voir 5 si l'on compte Mayotte, futur 101ème département français. Par ailleurs, si la fusion marche là-bas, il n'y a aucune raison de ne pas l'appliquer ici où l'on prévoit de passer de 22 à 15 méga-régions, soit une économie d'1/3 de structures territoriales.
C'est en effet un vieux rêve sarkozien que de réduire le nombre d'unités et d'échelons locaux au nom de la simplification et de la rationalisation de l'action administrative. Sauf que chaque échelon local correspond à des compétences différentes et constitue autant de contre-pouvoirs au pouvoir central. Il y a fort à parier que les services administratifs nouveaux ne fonctionneront pas mieux une fois fusionnés, le problème ne tenant pas au nombre mais à l'équilibre entre structures d'un même niveau, la grande absente de la réforme étant la commune qui, elle, est totalement déséquilibrée en taille et en nombre : 36 682 communes dont 112 outre-mer mais 31 927 de moins de 2000 habitants et 11 de plus de 200 000 habitants (1).
Une meilleure solution n'aurait-elle pas consisté à créer deux départements au lieu d'un dans chaque région d'outre-mer plutôt que de les supprimer tous, à l'instar de ce qui existe en Corse, ce qui, du seul point de vue démographique, peut se justifier (186 000 habitants en Corse, 190 000 en Guyane, 397 000 en Martinique, 448 000 en Guadeloupe, 785 000 à La Réunion).
Le 3ème tour des 14 et 21 mars sera intéressant à suivre pour savoir si le parti du président rafle définitivement la mise, s'il y a une prime aux sortants, ou si une nouvelle répartition des forces politiques se dessine.
Lincunable, 25 janvier 2010
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