François Fillon vient d’annoncer qu’il allait écrire à Jose Manuel Barroso pour lui demander d’intercéder en sa faveur auprès de ses homologues roumain et bulgare dans l’objectif de trouver un terrain d’entente sur la question des roms (1).
C’est ce qui s’appelle prendre le président de la commission européenne pour un simple commis-voyageur au service des caprices des Etats membres, pas pour le gardien des traités doté d’un pouvoir d’initiative réel en matière d’application des politiques communautaires.
Le risque est grand de voir ainsi des chefs de Gouvernement s’entendre avec la bénédiction de l’Union sur le dos de leurs minorités nationales puisque l’idée n’est pas d’intégrer en Europe mais d’exclure en posant des cordons sanitaires autour d’une sorte de Schengen à l’envers applicable aux frontières internes.
On connaît d’ailleurs par avance la réponse du commissaire en chef : c’est « nao dizer coisa com coisa » (2) puisqu’il considère que ce n’est pas de sa compétence mais de celle des Etats membres, comme il l’a déjà rappelé dans une affaire italienne similaire (3).
Or, pourtant, la commission européenne, est parfaitement fondée, sur la base de la charte des droits fondamentaux à lancer un livre vert sur la libre circulation des européens dans l’Union pour organiser un débat et proposer des solutions qui peuvent ensuite déboucher sur une directive donnant un statut aux populations nomades ou semi-sédentarisées en Europe, à l’instar par exemple de ce qui se fait déjà au niveau pluri-national en Scandinavie avec les samis.
Lincunable, 25 août 2010
_________
(2) = parler pour ne rien dire