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Billet de blog 28 février 2010

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L’anti-parisianisme dort parfois à la fraîche

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour sa défense contre les accusations de racisme et d’antisémitisme portées à son encontre, Georges Frêche a trouvé la parade en déballant son anti-parisisanisme viscéral. « On en a marre en Languedoc-Roussillon des Parisiens avec leurs escarpins vernis qui nous donnent des leçons » a-t-il ainsi protesté le 29 janvier dernier (1).

Ainsi, notre éléphante mairesse de Lille serait rabaissée à ses yeux à un simple état de félin pince sans rire pris sur le fait dans un magasin de porcelaine de la rue de Solférino en train de piquer des bulletins dans l'urne (2), autre façon d’apporter sa contribution personnelle au faux débat sur l’identité nationale permettant de donner une identité à ceux qui se cachent sous de fausses identités : Martine Aubry ? Une parisienne snobinarde déclarée persona non grata en Septimanie. En d’autres termes, le Languedoc aux languedociens et la France aux français ! On connaît la chanson.

Le parisianisme est souvent associé à une image très négative des parisiens : « ensemble d'attitudes liées à un mode de vie et à une culture particuliers définissant le snobisme voire l’élitisme et le mépris avec un sentiment de suprématie économique, politique et intellectuelle » (3), ce qui n’est pourtant pas vraiment le sujet dans cet exemple précis posant non pas le problème du centralisme des décisions mais la question de la crédibilité : un parti politique démocratique peut-il sans réagir laisser des potentats locaux banaliser le racisme et l’antisémitisme même pour des raisons purement électoralistes ?

Les médias étrangers qui savent poser un regard critique sur nos comportements donnent pourtant une toute autre version du parisien dans le Courrier international de la semaine précédente (4) :

- Pour Scott Sayare et Maïa de la Baume du New York Times, la « ville lumière serait en passe d’être reléguée au rang de ville du sommeil » en raison du grand nombre d’établissements nocturnes fermés pour cause de tapage à la demande des résidents du voisinage.

- Pour Nabila Ramdani de l’Evening Standard de Londres, « l’exubérance gauloise est finie. C’est désormais la capitale anglaise qui attire les noctambule, les transports de nuit à Londres étant bien plus fréquents et plus sûrs qu’à Paris ».

- Quant au Daily Shame, de Londres encore, il pointe nos fameux CHR (cafés, hôtels et restaurants) réputés chics et impeccables qui ne sont plus non plus ce qu’ils étaient et seraient même devenus les hauts lieux de la vulgarité et de l’humiliation des clients.

- Enfin, Emily Rose du Daily Telegraph, détruit un autre de nos mythes : Paris n’est même plus la ville des amoureux mais celle des pervers et des obsédés, « comme si le viagra avait glissé à leur insu dans le foie gras ».

Il ne fait aucun doute que Georges Frêche, même s’il les a mis dans le plat, n’a pas mis les pieds à Paris depuis des lustres. Il y aurait vu autre chose que des « escarpins vernis ».

Lincunable, 28 février 2010

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(1) http://masterjournalisme.com/Georges-Freche-l-anti-parisianisme,1064

(2) http://www.lepoint.fr/actualites-politique/2010-02-10/georges-freche-martine-aubry-est-l-elue-de-la-fraude-au-parti-socialiste/917/0/422453

(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Parisianisme

(4) http://www.courrierinternational.com/magazine/2010/1007-les-parisiens-quelques-raisons-de-les-detester

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