Décidément, les Champs-Elysées sont encore à l’honneur ce week-end (1). Cette fois-ci, les jeunes agriculteurs ont cédé la place à des sujets de sa gracieuse Majesté, tee-shirts jaunes, tee-shorts noirs, casques fluos ultra-légers, selles rembourrées, compteurs de temps calés sur le méridien de Greenwich et vitesse calculée en miles, ainsi que tout accessoire utile au randonneur des grands soirs comme une réserve d’eau fraîche pour chaque étape.
Le pari était un peu fou, à la manière de la Croisière Jaune (2). Il s’agissait, pour des passionnés de tout âge, de relier Londres à Paris en vélo, soit 377 km du vendredi 28 au dimanche 30 mai, le retour des participants étant assuré en Eurostar. Amateurs de Tour de France, s’abstenir ! Ici, pas de course d’endurance où les victoires d’étapes se jouent au sprint avec dopage quasi-obligatoire pour accroître les performances, mais parcours de santé, au grand air et en famille, avec pour enjeu le dépassement de soi, ce qui nécessitait tout de même un petit entraînement préalable sous surveillance médicale, certains sujets ayant ainsi fondu comme neige au soleil en perdant jusqu’à 15 kg en trois mois de préparation.
Le départ avait été donné à Twickenham, haut lieu du rugby à XV au sud ouest de Londres. De là, les coureurs empruntèrent des routes secondaires, pique-niquant dans le « countryside », voire le « county-side », avant d’arriver à Portsmouth, comté d’Hampshire, comptant pour l’une des principales bases navales du pays, face à l’île de White. Première nuit sur place. De là, embarquement général à l’aube à bord d’un ferry pour gagner la Normandie dont la traversée dure 5 heures 45 en service de croisière, 3 heures 45 en liaison rapide (3). Débarquement à Ouistreham, comme il se doit, en hommage à la 3ème division d’infanterie (et, le cas échéant, aux commandos de marine Kieffer), puis prise de contact avec le continent en roulant tranquillement à droite jusqu’à Caen (15 km). Nouveau pique-nique, cette fois dans la campagne française environnée de maisons typiques à colombages et toits de chaume, nuit près de Bernay, dans l’Eure, connue pour son abbatiale bénédictine fondée au XIème siècle par la première femme de Richard II, duc de Normandie. Le lendemain, clou de l’expédition, 163 km à avaler (ou 100 miles si l’on tient absolument à réduire l’impression des distances) à travers des champs de tournesol jusqu’au château de Versailles, dernière halte pour permettre aux retardataires de se regrouper avant l’assaut final de la capitale remontée par l’avenue Foch en formation serrée malgré quelques crevaisons de dernière minute, puis passage triomphal sous l’Arc de Triomphe et sous les applaudissements des parents, amis et badauds auxquels j’étais venu apporter mon concours, muni de petits drapeaux bi-nationaux confectionnés à la va-vite à partir d’impressions de pages internet reliées ensemble et accrochées à des baguettes chinoises en guise de hampes pour être agités à l’arrivée des coureurs.
Et pourquoi, s’il vous plait, un tel remue-méninges ? Et bien tout simplement pour soutenir une organisation caritative, Marie Curie Cancer Care (4), qui assure au Royaume-Uni les soins palliatifs gratuits à domicile de malades en phase terminale tout en contribuant à la recherche médicale. Il s’agissait donc pour l’organisation, à l’origine du périple cycliste, de récolter des fonds en demandant aux participants, tous adhérents, non seulement une contribution financière personnelle, mais aussi un soutien financier des amis et relations, invités sur une page web spécialement dédiée à leur intention à venir conforter leur champion dans la réalisation d’un défi.
They are the champions !
Lincunable, 30 mai 2010
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(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Croisi%C3%A8re_jaune
(3) http://www.brittany-ferries.fr/caen-ouistreham-portsmouth
http://www.mariecurie.org.uk/events/cycling/londontoparis/London_to_Paris.htm