D'après la Genèse (1-28) : « Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre ». Cela signifie que dieu donna à l'homme un certain pouvoir qui le plaçait au-dessus des autres animaux mais que lui-même était dominé par une force supérieure qui lui ressemblait sans être lui.
On peut supposer que cette représentation du mystère originel, omnipotent et omniscient, ne date pas d'hier (les auteurs du Pentateuque, - 1500 BC) mais d'avant-hier (maîtrise du feu, -500 000 ans, voire conception d'outils, -2 500 000 ans).
C'est en effet à cette époque seulement que l'homme acquiert la conviction qu'il a du pouvoir sur tous les autres animaux et n'est plus simplement l'un d'entre eux, alors que dans le même temps il est bien obligé d'admettre que la plus grande partie du pouvoir lui échappe : l'abondance et la santé, la naissance et la mort, la nature imprévisible et infinie. Bien sûr, tout ce qui était une puissance supérieure pouvait être alors divinisé : les arbres de la forêt, les eaux du fleuve, la lumière du jour et la nuit noire, la terre nourricière, mais toutes ses forces supérieures étaient surhumaines, c'est-à-dire à l'image de l'homme mais supérieures à lui, ce que la Bible a fini par unifier et rationaliser en un Dieu unique possédant toutes les vertus supérieures à la fois.
L'invention de Dieu peut donc être comparée au transfert en psychanalyse où l'homme reporte sur un autre (Dieu, en l'occurrence) ses propres aspirations profondes, en l'occurrence la toute-puissance (Elohim) et l'éternité (Yahvé).
Ce désir de Dieu qui est en nous devient flagrant chez l'homme totalitaire qui redoute à la fois la dépossession du pouvoir et la mort.
Lincunable, 31.1.2011