ENTSTELLUNG
« Et LUX fiat ! »
Telle fut la vibration première. Et dans les harmoniques de cette
vibration sonnait aussi une vibration d’autre nature, « LUMEN ».
Leur croisement n’était autre que celui du Temps et de l’Espace.
Dans son opéra testament « Parsifal » ( Gurnemanz, acte 1 ) la
musique de Wagner est l’incarnation d’un monde né du souffle dans les
mythes de création où le son en tant qu’espace exerce un pouvoir réel
sur le cosmos. Organiser cette matière sonore jusqu’en ce point où les
harmoniques étant de plus en plus accordées avec le son fondamental,
permettent d’ouvrir l’espace et de créer un monde dans une
juste résonance (le son le plus grave étant en harmonie avec le son
le plus aigu).
Shopenhauer n’avait il pas « vu » que :
« La note fondamentale est dans l’harmonie ce qu’est dans la Nature la
matière inorganique, la matière brute sur laquelle « Tout » repose, se
développe » ?
En d’autres termes :
« Si nous habitons un Éclair, il est le cœur de l’Éternel ». R. Char
Chez les peuples premiers l’Éclair est la voix de l’ancêtre divinisé qui
mime les éléments. « l’orage déchainé, le zig zag de l’éclair, le murmure
des rivières, les vagues de l’océan, constituent une musique
d’humanité ». G.Bachelard. C’est par la musique qui est imitation de ces
voix que le primitif se rend maitre de la Nature et des forces supra
naturelles qui vivent en lui, et plus précisément dans ses rêves, lui
donnant un pouvoir d’action sur le monde : ainsi la musique vient du rêve
chez les primitifs. Cette vision mythique du son s’origine dans les
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anciens textes védiques. Les Upanishads conçoivent le monde comme
un corps humain engendré par un rêve divin.
De même que les sons de la musique originelle de l’Univers sont
devenus des formes, les rêves sont remplis de représentations
acoustiques qui précèdent toujours les images chez le primitif. On peut
concevoir la musique et la voix chez ces peuples comme un substrat de
ces images rêvées c’est à dire tombées du cosmos.
Et la Vie, impossible à définir que par elle-même, ressemble à un collier
dont les perles seraient instants d’Éternité sur le fil d’un temps, lui-même
en abime avec d’autres ouvertures temporelles, déployées au cœur du
grand mystère.
Le son dans son retentissement est reflet du cosmos, ou vibration
d’énergies dont l’une de nature subtile, ni dans la matière, ni dans l’esprit
invisible mais présente. C’est le principe de la « musique du ciel » dont
la plénitude est inhérente au monde sonore qui peut être vécu « sans
sonorité, au sens sensoriel du mot, telles des ondes sonores et
silencieuses en même temps » (E. Minkowski).
Ce retentissement serait l’une des propriétés fondamentales de la Vie,
car réaliserait le « contact » avec elle.
Le sens auditif en nous donnant accès à la « Sonorité des
êtres et des choses » et à l’expression qui relie toujours ce qui exprime
au sujet :
« Un souffle de Vie passe, il vient animer une parcelle d’univers,
et cette parcelle tressaille, palpite, devient VIVANTE. Elle exprime ce qui
dans ce souffle de vie va vers elle en cherchant à s’exprimer » et nous
met en connexion avec le cosmos. Provenant d’une source intérieure ce
mouvement se dirige vers la part vibrante de son être, vers cette harpe
Éolienne que tout homme possède en lui comme un secret et dont il lui
faut apprendre à jouer.
Si l’homme apprend à jouer de cette lyre placée au dedans de lui, il
prendra conscience des forces qui l’animent. Tous nos sens ne sont que
des harpes éoliennes qui attendent que les vents fassent frémir et vibrer
leurs cordes sensibles pour faire entendre leur musique. Ce vent est en
alchimie semblable à l’homme, en quête de l’équilibre et dont l’activité
intérieure, s elle sait s’accorder avec le Grand Rythme, peut créer un
concert de relations capables de réunir différents niveaux de réalités en
ouvrant en lui un espace immense.
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Lorsque le sens auditif est en synchronie avec le sens visuel,
il permet chez les peuples premiers de percevoir « des choses que
personne n’a vu » ( A.Rimbaud).
Ainsi le satellite de Sirius, « Compagnon », invisible à l’œil nu
est cependant connu des Dogons, des Bambaras, et des Bozo du Niger
ainsi que des Hottentots. Or Sirius occupait une place prépondérante
dans l’astronomie de l’Égypte, car son lever héliaque correspondait à la
crue du Nil.
L’harmonie visible des signes du ciel correspond à la « voix de l’oracle ».
C’est aussi « la voix des substances » dont parlait Jacob Boehme.
C’est la musique des sphères : « From Beyonder ».
Abandonnons nous :
« C’est en jouant sans y penser mais avec une technique
parfaitement intégrée, que le jeu musical pourra devenir vivant, en tant
qu’expression unique du corps de l’interprète. S’il ne se laisse pas guider
par son activité propre, s’il ne sent pas la musique en lui, il y aura
reproduction et non création. Car la musique est le développement de
quelque chose qui naît dans l’homme ».( Sergiu Celibidace)
« Alors : « Sine Musica, Nulla Vita »,
Linden Blossom
Billet de blog 27 décembre 2017
ENTSTELLUNG
« C’est en jouant sans y penser mais avec une techniqueparfaitement intégrée, que le jeu musical ne se laisse pas guiderpar son activité propre, s’il ne sent pas la musique en lui, il y aura reproduction et non création. Car la musique est le développement de quelque chose qui naît dans l’homme » (Sergiu Celibidache)
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