C’est l’histoire d’une entreprise qui ne connaît pas la crise. Son chiffre d’affaires a progressé de 2,4% à 10,6 milliards d’euros en 2020, et de nouveau de 3,8% au premier semestre 2021. Quant à son Ebitda, il est en hausse de 3%, atteignant 4,2 milliards d’euros en 2020, et de nouveau de 1,7% au premier semestre 2021.
C’est l’histoire d’une entreprise qui a bénéficié à plein du « quoi qu’il en coûte » présidentiel. Au total, en 2020, elle aura économisé, sans aucune contrepartie, plusieurs dizaines de millions d’euros en mettant au chômage partiel 4.500 de ses salariés.
C’est l’histoire d’une entreprise qui assume des responsabilités essentielles en matière de télécommunications : opérateur d’importance vitale, en charge de la couverture du territoire et du déploiement de la fibre, titulaire de licences d’exploitation nationales, elle est au service de plus de 20 millions de clients.
C’est l’histoire d’une entreprise indispensable pour la souveraineté numérique du pays qui, en pleine crise sanitaire, alors que le télétravail explose, décide pourtant de supprimer, du jour au lendemain, 2.000 emplois partout en France.
C’est l’histoire d’une entreprise, rachetée en 2014 au prix d’un endettement massif, dont le propriétaire aura supprimé 7.000 emplois en 7 ans.
C’est l’histoire d’une entreprise dont les bénéfices auront servi pendant toutes ces années à augmenter les dividendes de son actionnaire principal et à supprimer des emplois, même pas à se désendetter.
C’est l’histoire d’une entreprise dirigée par un homme parmi les plus riches de France qui s’enorgueillit publiquement de ne pas aimer payer ses salariés et qui a été plusieurs fois condamné par les tribunaux pour non-paiement de ses fournisseurs.
C’est l’histoire d’une entreprise dirigée par un homme qui préfère racheter 12 % du capital de British Telecom plutôt que maintenir l’emploi qualifié en France.
Cette entreprise c’est SFR et cet homme c’est Patrick Drahi.
Sur les chaînes d’information en continu qu’il détient, on se garde bien d’évoquer, même furtivement, ce plan de suppression d’emplois qui va toucher 2.000 familles françaises.
On préfère raconter l’histoire d’un pays qui doit à tout prix se réindustrialiser, en faisant semblant d’ignorer que les décisions prises par cet homme vont affaiblir un peu plus une entreprise stratégique pour la relance nationale et européenne.
Etrange myopie qui consiste à ne pas voir ce qu’on a sous les yeux.
Etrange convergence d’intérêts entre un homme qui supprime des emplois sans états d’âme et bénéficie « en même temps » des largesses de l’Etat.
Etrange défaite d’un pays qui abandonne chaque jour un peu plus son appareil productif, ses compétences, ses savoir-faire et ses salariés dans le silence et l’indifférence de son gouvernement.