Lionel Degouy

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Billet de blog 13 juin 2008

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Je pleure souvent

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je pleure souvent. C’est un don que j’ai reçu. Hier, avant-hier, je ne sais plus, j’ai beaucoup pleuré. Après avoir croisé dans un bar une jolie fille, seule, trop seule. Avec une enfant. Je souris, mais ce jour là je suis bel et bien rentré chez moi, je me suis assis, j’ai pleuré. A priori pourtant rien de bien original. Mais j’avais envie de les protéger, de calmer le jeu, de rassurer par des mots, avec le temps, en le prenant, ce temps qui ne défile pas tant que cela finalement. Le manège a duré le temps que je me suis tenu au comptoir : l’immaturité voulue des gestes de la mère, ses réactions - pourtant pleines d’amour fort et sincère - trahissait une infernale solitude. On le connaît bien ce sentiment, cette saloperie de froid glacial. Et puis parfois, par on ne sait trop quoi d’humain, on observe les autres, on les regarde, on en tombe amoureux, peu importe, on constate qu’ils sont seuls aussi. L’Homme est seul et s’ennui. A plusieurs.

J’ai depuis longtemps le sentiment que le soit disant désintérêt que porte le peuple français à la politique n’est que mensonge et invention de technocrates fatigués. La vérité est que certains hommes et femmes politiques ne croient plus en ce qu’ils font et retirent des objet de la politique la capacité qu’elle devrait avoir à mobiliser les foules en vue de la modification ou de l’amélioration d’une loi, d’un traité, d’une constitution. Nous vivons un temps étrange où, sans que rien ne soit fait pour l’empêcher, l’on organise la casse obstinée de nos acquis les plus anciens tels que la semaine de quarante heure – mise à mal par les lois concernant le temps de travail dans la restauration, par exemple – mais aussi le démontage systématique de la retraite, de la couverture sociale. Quant à la privatisation d’éléments appartenants à la nation elle se fait de façon ignominieuse par de nouvelles lois qui abrogent les anciennes.

Rien n’est éternel. Aujourd’hui un boulanger peu bien travailler quarante-deux heures sans faire d’heures supplémentaires, cela n’intéressent personne. C’est pourtant bien une loi, un décret, qui ont permis cela. Et c’est une résistance réelle, une vraie politique d’opposition qui pouvait l’empêcher. Il faut dire oui à de nouveaux combats – qui sont les clefs de la démocratie - c’est dire oui à un socle malléable par la force des peuples. C’est reconnaître cette force des peuples, c’est faire à nouveau de ces forces les fondations de notre démocratie. C’est avoir un combat commun aussi. Quelque chose sur quoi discuter entre petites gens, quelque chose que chacun puisse comprendre, palper, juger, modifier si nécessaire. C’est stopper l’infernale main mise de certains sur nos devenirs. C’est vouloir vraiment refaire de la politique. Refaire du politique. Mais peut-être suis-je dans l’erreur. Quoi qu’il en soit le débat reste ouvert.

Mais nous avons dit non...

Alors, la prochaine fois que je croiserai la mère esseulée, j’adopterai la fille aussi. Et vous verrez que je finirai avec toute une tripotée de marmots. Réjouissant, non ?

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