Jour I de l’ère Macron, au hasard d’un zapping indolent, consécutif aux récents évènements.
Séquence où Michel Houellebecq, frais et dispos, est face à Léa Salamé et David Pujadas, invité-phare de « l’Emission politique » d’entre deux tours, le 4 Mai 2017
13 minutes et 25 secondes illustrant de bout en bout une certaine vérité, exempte du moindre cynisme.
Où l’on apprend que le « grand témoin » avoue avoir ressenti un « sentiment de malaise » au cours de la campagne. Peu à peu « transformé en honte »…
« La France périphérique qui hésite entre Marine Le Pen et rien, je me suis rendu compte que je ne la comprenais pas, que je ne la voyais pas, que j’avais perdu le contact… »
« Je fais partie de l’élite mondialisée, typiquement »… « Et pourtant, je viens de cette France ».
Intervention de Pujadas : « Vous faites vos courses ! »
L’écrivain : « Elle n’habite pas dans le même quartier que moi, elle n’habite pas à Paris. A Paris, Le Pen n’existe pas » « Elle habite dans cette France périphérique décrite par Christophe Guilly » (1)
(1) « La France périphérique » Flammarion 2014- Christophe Guilly - Géographe.
Désarmant de sincérité, Houellebecq reconnaît être trop riche pour voter Le Pen ou Mélenchon, qu’il ne peut voter Fillon n’étant pas un « héritier », donc qu’il vote Macron.
« J’ai eu l’impression que l’axe de sa campagne est une espèce de thérapie de groupe pour convertir les français à l’optimisme ».
Jour II de l’ère Macron, en Puisaye (Bourgogne) au hasard de la fin d’après midi
Séquence où l’auteur de ces lignes se promène autour d’un plan d’eau avec son fils de 8 ans
Un groupe de Bernaches du Canada, splendide variété d’oie sauvage niche au milieu d’une petite île, espèce allogène considérée par les autorités comme nuisible et invasive.
Un couple de canards mandarins navigue avec sa portée de cinq gracieux oisillons fraîchement éclos. Mon fils gambade joyeusement près de la rive.
A quelques mètres, un colvert et sa femelle, flottent, impavides.
Fond de l’air apaisant. Je me prends à contempler la délicatesse mordorée des plumes du mâle, la perfection du miroir iridescent des ailes de la cane, bleu encadré de noir et bordé de blanc. Décoration portée comme le ruban d'un mérite naturel.
Peut-on évaluer leur prix ?
Jour III de l’ère Macron, en Forterre (Bourgogne), au hasard du milieu d’après-midi.
Séquence où le signataire balade sa jeune chienne sur une hauteur dominant les champs. Un air de Manet flotte sur la campagne
Le colza est en fleur, quelques bosquets parsèment les prairies, les courbes vallonnées sont douces.
Comment quantifier leur valeur ?
Je ne suis pas assez riche pour voter Macron, pas assez héritier pour voter Fillon, trop éduqué pour voter Le Pen.
« Je ne crois pas au vote idéologique, je crois au vote de classe » déclare Houellebecq. Lucide, forcément lucide.
Bernaches du Canada, canards mandarins, colverts, colza, bosquets, prairies, courbes vallonnées… à quelle classe appartenez-vous ?
L.D 10/05/2017
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