L'homme-sandwich du temps de cerveau disponible, ne reculant devant aucune bassesse, vient de sortir de son silence -calculé- pour donner le coup de pied de mule qui manquait à la candidature verte.
Le devoir de réserve invoqué pour ne pas se prononcer sur les présidentielles est l'ultime lâcheté de la marionnette médiatique auto-proclamée -un temps- hérault de l'écologie.
Les vacances de Monsieur Hulot se terminent donc sur cette note revancharde et honteuse, achevant d'enfoncer la campagne d'Eva Joly sous le niveau déjà misérable des intentions de vote.
Pourtant, seule parmi l'ensemble des candidats audibles (éliminons d'emblée les Arthaud/Poutou/Dupont-Aignan/Cheminade, auto-ringardisés), Eva Joly propose un programme réellement écologiste, contenant un catalogue de solutions économiques et politiques anti-libérales crédibles.
Entre PS acquis au marché et Front de Gauche phagocyté par un PCF productiviste, face à un Modem ectoplasmique, à une UMP amorale et un FN néo-pétainiste, EELV présente une candidate dont l'honnêteté et la rigueur intellectuelles, le parcours et la sincérité tranchent avec les professionnel(le)s de la politique à un point tel que les prévisions sondagières abyssales deviennent un symptôme.
On objectera que Dominique Voynet en 2007 fut, elle aussi, en butte au même mépris.
C'était avant le "carton" vert aux Européennes de 2008, avant le fiasco du Grenelle de l'environnement, avant l'atteinte du pic pétrolier, avant Fukushima. Mais à l'époque, il est vrai, débutaient les premières grandes manœuvres du sieur Hulot...
L'opinion publique aujourd'hui, rejette dans une quasi-indifférence le discours d'une femme, une femme d'origine étrangère, avec accent, ancienne magistrate en pointe contre les forces corrompues de l'argent et du pouvoir , incarnant la défense historique de l'environnement, au profit de deux sociaux-démocrates, l'un sans vision, l'autre sans âme. Deux hommes, issus du sérail et... sans accent.
Pour rendre compte de notre société française de 2012, ce commentaire* du philosophe Bernard Stiegler sur France 3, chez Frédéric Taddeï, à propos de l'affaire Mehra : "Cette folie meurtrière ne doit rien au hasard. Elle surgit dans une société qui, depuis des années, cultive et exploite les pulsions, détruit l'éducation, déploie une bêtise systémique pour exploiter les automatismes de la technique comme ceux de notre cerveau reptilien, pour court-circuiter ce qui dans notre néocortex fait réfléchir avant d'agir."
Pierre Bourdieu n'est pas tout à fait mort…
* Relevé par Samuel Gontier dans sa chronique de Télérama du 28/03/12