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Billet de blog 18 juillet 2012

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A propos du Vel' d'hiv'

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Selon un sondage CSA pour l’Union des étudiants juifs de France, 60 % des 18-24 ans n’ont jamais entendu parler de la rafle du Vél d’Hiv dont on commémore aujourd’hui le soixante-dixième anniversaire.

On dit que les enfants de déportés conservent une part du traumatisme de leur(s) parent(s). En ce qui me concerne, né voici près de 50 ans, c'est d'abord le devoir de mémoire qui m'accompagne, comme il a accompagné mon père revenu de Buchenwald en 1945, depuis son retour jusqu'à sa dernière heure, sonnée en 2006.

Je l'ai assisté dans son action pour le Concours National de la Résistance, de même qu'à travers les travaux de l'association des Décorés de la Légion d'Honneur au Péril de leur Vie (DPLV).

Le triste hasard a voulu que la rafle du vel d'hiv intervienne au milieu du mois de Juillet, comme sa logique commémoration.

L'information relayée par les media ne pouvait pas tomber plus à plat dans le vide des vacances estivales. Tout en relativisant la pertinence et la portée d'un sondage touchant un point aussi précis.

Elle est pourtant symptomatique de la profonde ignorance des jeunes générations envers l'Histoire, notamment celle de leur propre pays. (Les jeunes allemands méconnaissent de la même façon la période nazie, il semble que l'on pourrait relever la même situation en Italie et en Espagne…)

J'y vois plusieurs raisons, au premier rang desquelles le mépris manifesté par l'Education nationale envers cette matière peu ou prou recensée comme "science molle" dans une période essentiellement dédiée à l'économie, à la société marchande et au progrès technologique.

Sans doute l'époque de l'occupation est-elle si sensible que son enseignement devrait nécessairement faire l'objet d'un cadre particulier.

Loin de vouloir entrer dans une polémique stérile, il convient cependant de constater qu'une écrasante majorité d'actions en ce domaine provenant des associations juives, plus que légitimement concernées, il alimente souvent tragiquement les manifestations antisémites au gré d'une actualité qui exacerbe les antagonismes ethniques et confessionnels.

Malgré la reconnaissance officielle de la responsabilité de l'Etat français par Jacques Chirac en 1995, le passé collaborationniste de notre pays n'est pas près d'être nettoyé de ses taches les plus voyantes.

Au risque d'attiser certaines susceptibilités, j'ose affirmer que l'arbre de la grande rafle cache la forêt des compromissions politiques et intellectuelles qui ont durablement perverti notre société jusqu'à aujourd'hui, où les remugles du révisionnisme et de la xénophobie les plus répugnants continuent à polluer le paysage démocratique.

Lorsque notre ancien gouvernement s'est enfoncé dans un débat nauséabond sur "l'identité nationale", n'aurait-il pas été plus judicieux d'organiser une conférence citoyenne sur le regard officiel posé sur notre Histoire ?

Les travaux de Robert Paxton (la France de Vichy), Marcel Ophuls (Le chagrin et la pitié), Claude Lanzmann (Shoah) ou le succès de Jonathan Littel (Les bienveillantes) pour ne citer que ceux-là ont permis une compréhension d'évènements complexes et sont autant d'outils pour améliorer un travail de pédagogie de bon niveau.

Pourtant, si l'on observe le degré d'incompétence des plus jeunes en matière de culture générale, il serait peut-être utile de revoir les méthodes d'accessibilité à la connaissance historique, enfin débarrassées de la vulgate Résistance héroïque versus collaboration bêlante avec en son milieu le processus victimaire porté à son pinacle au détriment d'une analyse contextuelle.

Le récent enthousiasme provoqué par le bref ouvrage de Stéphane Hessel (Indignez-vous !), faisant appel aux valeurs du Conseil National de la Résistance incite à croire que l'intérêt existe, qui permettrait, en empruntant sa trace, de rehausser le niveau général de conscience.

Les diverses manifestations de grande ampleur dans le monde entier consacrant l'esprit de résistance à un système vicié portent à le croire.

Au bénéfice du présent et de l'avenir.

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