Cher Nicolas Bedos, aller jusqu'au bout d'un spectacle navrant est toujours un plaisir malsain.
Il arrive aussi qu'on en gerbe.
Le malheur veut que je vous aie toujours trouvé excellent, voire brillant, voire plus... dans votre rôle de trublion du paf, ignorant tout de votre œuvre de "scénariste".
A la vision, un soir désoeuvré, de "Bouquet final", la sombre merde que vous avez, hélas, signée, j'avoue que sur une échelle -à inventer- de la ringardise et du mépris de l'écriture la plus élémentaire, vous attendriez le plus haut échelon. Sans contestation possible.
Toute velléité de vous accorder désormais le moindre crédit de talent semble anéantie à jamais.
Réunir Claude Rich, Jean-Pierre Marielle, Jeanne Moreau, Jacques Spiesser, Julie Depardieu, Noémie Lvovski en leur octroyant des dialogues auprès desquels un discours de François Hollande ressemble à du Audiard et un scénario dont la bêtise le dispute à la vulgarité, est une performance que je ne pensais pas concevable, sauf à les haïr pour d'obscures raisons.
Ils en deviennent, eux aussi, suspects rétrospectivement et prospectivement, tant la médiocrité de leur jeu ajoute encore au ratage.
A part la tenue d'un pari d'après beuverie, la bouse que vous avez commise pue comme une charogne sans Baudelaire.
Cet étron filmé -avec les moyens du service public - donne envie, soit de vous défier en duel pour vous faire bouffer une ou plusieurs caméras (avec les batteries), soit de se mettre une balle pour oublier un monde où il possible de polluer les écrans avec autant d'aplomb.
J'envisage les deux, avec la variante possible de vous voir pieds nus, en robe de bure, la corde au cou, renier cette abominable daube et pleurer comme un italien qui sait qu'il n'aura pas d'amour et pas de vin.
Il va de soi que ni mon propos, ni le vôtre, n'ont le moindre intérêt face à la misère du monde, la montée des eaux ou la recrudescence des vols de scooter à Livry-Gargan, mais ils y participent pourtant. A leur manière.
Avec mes regrets affligés,
Lionel DESCHAMPS