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Billet de blog 22 novembre 2015

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DESAMORCER LES SUPERCHERIES

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si l'on veut bien admettre que la seule source lumineuse des religions est celle des bougies et que le simple appel à la laïcité ne suffit pas ; attardons-nous sur ce qu'elles représentent – a priori- pour la plupart de nos contemporains.

Hormis les spécialistes (théologiens, philosophes, exégètes de tous poils), les intellectuels et les pratiquants, les cultes dominants s'imposent principalement par leurs symboles à tout un chacun.

Pour le christianisme, la croix.

Les femmes voilées pour l'islam.

L'étoile de David pour le judaïsme.

Pour le bouddhisme… Bouddha. Laissons de côté l'hindouisme qui essaime peu hors de ses frontières, et le chamanisme, largement mais pacifiquement pratiqué.

La croix représente le sacrifice du Christ : souffrance, sang, supplice… Les femmes voilées : le patriarcat absolu… L'étoile de David, la sacralisation d'Israël, Bouddah : le niveau suprême de conscience.

Puisque le judaïsme n'est pas prosélyte, pas plus que le bouddhisme, concentrons-nous sur le christianisme et l'islam, prééminents.

Monothéisme fondé sur les ruines de l'empire romain, le christianisme s'est rapidement constitué en système politique totalitaire jusqu'à ce que l'émancipation démocratique issue de la révolution industrielle finisse par le cantonner à une place plus raisonnablement spirituelle. Malgré un apparent aggiornamento de la papauté, l'église catholique reste majoritairement réactionnaire, quant au protestantisme, extraordinairement émietté en obédiances diverses, il reste incapable d'émettre une voix audible.

L'islam (étymologiquement : soumission…) procède de la même volonté hégémonique, avec un différentiel temporel de plus de 600 ans et connait une guerre fratricide entre chiisme et sunnisme sans aucune possibilité de conciliation aggravée par l'absence d'autorité centrale.

Arrêtons-nous un instant sur l'incroyable capacité d'ingéniosité de la pensée (scolastique, soufisme) et des plus grands talents créatifs à se mobiliser vers l'élévation de l'âme au prétexte d'un au-delà jamais démontré... Vanité des vanités...

L'impérialisme occidental et chrétien triomphant depuis la Renaissance jusqu'au milieu du XXème siècle a longtemps maintenu les peuples islamisés (qui ont connu leur âge d'or précédemment) sous sa domination politique et économique.

La nouvelle donne qui a suivi l'après seconde guerre mondiale (décolonisation, guerre froide, chute du bloc soviétique, crises pétrolières, avènement de l'ère numérique, réchauffement climatique, mondialisation économique, mobilité centuplée) a réveillé les appétits de reconquête des populations asservies dont les éléments les plus extrêmistes s'engouffrent dans la brèche béante de notre civilisation à bout de souffle, incapable de proposer une alternative au consumérisme et à la technologisation exponentiels.

Ainsi, malgré un athéisme (agnosticisme a minima) globalement partagé par le plus grand nombre, l'emprise des idéologies -directement issues des courants religieux- conserve son pouvoir de nuisance au-delà des richesses culturelles millénaires et des valeurs universelles de l'humanité (elles-mêmes mises à jour depuis moins de deux siècles).

Si la perte de repères sociétaux amène un nombre croissant de jeunes gens prêts à en découdre jusqu'à la mort, c'est d'abord l'absence de perspectives qui doit être incriminée. Quel avenir propose-t'on aux jeunes générations ? Une pollution incoercible ? La disparition de la biodiversité ? la menace nucléaire, bactériologique, chimique ? Un monde virtualisé qui érode le rapport au réel, le rapport à l'autre ? Comment trouver la moindre issue valable à l'exploitation ad nauseam des ressources terrestres ? Comment trouver la moindre vertu à un libéralisme économique dont les tentatives d'auto-régulation multiplient les échecs ?

Faut-il s'étonner de la radicalisation de certaines factions (de tous ordres) puisque les organisations officielles internationales (ONU, Unesco, FMI, etc…) restent impuissantes à l'instar de feu la Société des Nations d'avant-guerre ? Que dire du rôle de l'OTAN sur un plan strictement militaire occidental ? Que dire du rôle de la Chine, empêtrée dans son nouveau costume de super puissance économique mais politiquement au point mort ?

Un fait criant : ce sont les ONG qui fournissent aujourd'hui l'essentiel de l'effort pour tenter de résorber l'hémorragie humanitaire, malgré le travail du HCR (Haut Commissariat aux réfugiés) officiellement dépassé.

La gabegie financière, les compromissions diplomatiques, la sophistication du marketing concourent à l'engloutissement de tout bon sens dans ce maëlstrom meurtrier.

Par dessus tout, l'incapacité chronique de nos gouvernants de faire appel à la conscience publique, aux citoyens, (autrement que par des opérations sondagières, scrutins tronqués et media de masse sous contrôle publicitaire) est l'empêchement majeur de toute réelle volonté d'orienter notre devenir vers un nouvel équilibre.

Pour résumer : sacrifice, soumission, sang, souffrance, dénégation des femmes (la moitié d'entre nous !), sous couvert de message divin et de dessein intelligent, la chrétienté et l'Islam se rejoignent  dans l'inconscient collectif pour diffuser la notion d'obéissance aveugle à un ordre supérieur pendant que le massacre s'organise...

Désamorçons ces supercheries claniques, imbéciles et criminelles en refusant tout discours de légitimation.

Sans négliger la résistance aux rites néopaïens (compétitions de sport professionnel, réseaux sociaux exhibitionnistes, transhumances vacancières, ubérisation effrénée et autres panurgismes obscènes)

Manque de pot, la saison des champignons est terminée.

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