Les 15 et 22 mars prochains, les électeurs de Saint-Avertin sont appelés aux urnes pour élire leur maire. C’est le lot, certes, de la totalité des électeurs français. Mais notre commune a une particularité : ce sera la seconde fois en 18 mois que les électeurs se prononceront, puisque des élections anticipées avaient eu lieu les 2 et 9 décembre 2018 à la suite de la démission de la plupart des conseillers municipaux de la majorité. Un épisode qui a abondamment alimenté les gazettes et les discussions locales, et sur les raisons duquel il est essentiel de revenir pour comprendre ce qui se jouera en mars 2020.
Pourquoi les conseillers municipaux de la majorité ont-ils démissionné en septembre 2018 au lieu de se contenter de mettre Alain GUILLEMIN, le maire, en minorité et de le remplacer ? Il ne m’appartient pas de trancher cette question ici. Notons simplement que cette décision, ce « putsch » pour reprendre l’expression assez peu nuancée de l’ancien maire, eut au moins une vertu : il a permis d’asseoir la légitimité démocratique du nouveau maire. Légitimité dont l’absence était un des talons d’Achille d’Alain GUILLEMIN. L’ancien maire avait en effet été élu par le seul Conseil municipal à l’issue de la démission de Jean-Gérard PAUMIER, devenu Président du Conseil départemental. Cette absence de retour devant les électeurs était un problème en soi, que la démission collective de 2018 a permis de corriger.
Mais il y a plus fondamental : les raisons pour lesquelles le départ d’Alain GUILLEMIN était devenu nécessaire. J’ai moi-même, en tant que conseiller municipal d’opposition, bataillé pendant pratiquement deux ans contre ce que je considérais comme des dérives : affaiblissement de la démocratie avec un manque croissant de respect pour l’opposition, en rupture avec une tradition républicaine de respect et de courtoisie pourtant bien ancrée dans notre ville ; affaiblissement de la place de notre commune dans une Métropole en construction ; rupture progressive des relais tissés au niveau du Conseil départemental et du tissu associatif ; retards croissants dans les grands projets structurants de la commune, sur le plan notamment des infrastructures sportives et culturelles (les seules grandes réalisations du mandat d’Alain GUILLEMIN étant celles qui avaient été votées avant son accession à la fonction de maire) ; tensions croissantes à l’intérieur des services municipaux par un défaut manifeste de pilotage, qui a laissé la place à des querelles intestines et à des pratiques qui ont affaibli les services rendus à la population, affaibli et fait souffrir les personnels ; désengagement de la parole donnée, notamment lors de l’élaboration du nouveau PLU ; etc. De guerre lasse, et aux termes d’un conseil municipal particulièrement pénible, j’avais pris la parole, début juillet 2018, pour dénoncer la situation, alerter sur les risques pour les personnels, pour la ville, pour les habitants. Et en référence à Jules Romains, la gloire littéraire de notre commune, j’en avais appelé à l’alliance des « hommes et des femmes de bonne volonté » pour dépasser les partis, se mettre autour de la table et construire une autre politique pour notre ville, sans tenir compte des barrières partisanes et des questions de personnes.
J’ai été, je dois le dire, entendu au-delà de mes espérances. Je n’aurai certes pas la naïveté de penser que mon intervention a décidé Laurent RAYMOND et Jean-Gérard PAUMIER à franchir le pas et à « renverser la table » (les considérations purement politiques, notamment dans les relations entre les différentes familles de la droite et du centre ont évidemment joué). Mais je leur sais gré d’avoir entendu les messages d’alerte que nous étions de plus en plus nombreux à adresser, et d'avoir pris la décision qui s’imposait. C’était nécessaire pour la sérénité de notre ville, et pour son avenir.
Et maintenant ? Conformément au calendrier national, nous retournons aux urnes en mars prochain. Avec un paysage politique complètement chamboulé. Le chef de file de la liste centriste de 2014, Thomas QUIENE, a rejoint l’équipe de Laurent RAYMOND, cependant que l’ancienne équipe municipale se déchire, entre partisans et adversaires d’Alain GUILLEMIN. Dans ce contexte, je suis absolument stupéfait de découvrir que mes propres anciens colistiers, élus sur une liste de gauche « et d’ouverture », s’apprêtent à faire liste commune avec les "centristes" qui avaient soutenu Alain GUILLEMIM. Je découvre ainsi mes propres amis politiques alliés à des gens dont j’ai combattu pied à pied les pratiques pendant deux ans. Or je n'ai pas mené ces combats par calcul politicien, mais parce que je pensais sincèrement que l’intérêt de ma ville et de ses habitants l'exigeait. Je l’ai fait au nom de principes et de valeurs dans lesquels je ne reconnaissais pas le maire et ses plus fidèles partisans. Cette alliance de la carpe et du lapin, entre la gauche et des centristes « revanchards » me choque. Elle montre que les postures et les enjeux politiciens, finalement, sont plus importants que les valeurs et les idées qui nous motivent. Je l’ai déjà dénoncé dans le cadre de la préparation du second tour de décembre 2018 et je le redis : Le « tout sauf PAUMIER », retransformé pour l’occasion en « tout sauf RAYMOND », ne peut tenir lieu de projet politique pour notre ville.
Pour ma part, je ne veux être l’instrument de personne. Je reste fidèle à mes valeurs et à mes principes. Il n’est pas question que je participe à la campagne électorale d’une équipe qui comprendra en son sein, sur la liste ou en coulisses, des personnes qui ont tenté de sauver le système contre lequel je me suis battu pendant deux ans ; je reste fidèle à mon crédo, celui de l’union des « hommes et des femmes de bonne volonté », par-dessus les partis et les chapelles. C’est la raison pour laquelle, en conscience, après avoir observé la réorientation récente de la politique municipale (notamment au travers d’un budget 2020 sur lequel je n’ai que des remarques de détail à formuler tant il correspond à la politique à laquelle j’aspire) et dans un esprit de dépassement des querelles partisanes, j’ai décidé d’apporter mon soutien au maire sortant, Laurent RAYMOND, pour les élections municipales de mars 2020.
J’ai clairement redit, plus haut, les valeurs et les principes qui me motivent. J’y reste fidèle. Beaucoup me reprocheront, à moi qui ait avec d’autres incarné un temps la voix de la gauche dans notre commune, de changer de camp. Ce n’est pas le cas. Je suis, reste et resterai un homme de gauche. La liste que j’ai décidé de soutenir comprendra sans doute des personnes avec lesquelles j’ai politiquement peu à voir. Mais n’est-ce pas là, précisément, l’essence même d’un rassemblement par-delà les chapelles partisanes ? Je me veux animé par l’esprit de dialogue, de compromis et de modération. Je ne veux pas, surtout, mélanger les genres : la politique nationale, ses enjeux et ses clivages, n’est pas la politique locale. Notre ville a été blessée par le fonctionnement de l’équipe municipale qui a été mise en minorité en décembre 2018. Cela n’a rien à voir, chez nous, avec la gauche, la droite ou le centre, mais avec la vision que nous nous faisons de la vie politique locale, et de l’intérêt supérieur de Saint-Avertin dans les années qui viennent. Cet intérêt passe par le soutien à une liste transpartisane, une liste d'intérêt municipal.