lipo

Ancien professeur d'université

Abonné·e de Mediapart

32 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 mai 2012

lipo

Ancien professeur d'université

Abonné·e de Mediapart

Un grand débat présidentiel escamoté

lipo

Ancien professeur d'université

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

jeudi 3 mai 2012

J'ai regardé le "duel" télévisé entre le candidat sortant et le nouveau venu aux élections présidentielles du 6 mai prochain. J'avoue que je ne me faisais pas de grandes idées à ce sujet. Je savais bien que le petit écran n'est pas le lieu de la réflexion mais celui du spectacle de marionnettes.

Nous connaissons tous le désir de pouvoir de Nicolas Sarkozy et ses ruses de Sioux, ses contre-vérités à répétition, ses injures à fleur de lèvres, pour espérer autre chose que ce qu'il nous a donné à voir.

Ses partisans sont contents. Comme lui-même, tel un Louis XIV assis sur son trône.

En fait il ne fut pas à la hauteur du débat. Ce fut François Hollande qui, pugnace, mena la discussion. Nicolas Sarkozy fut sans cesse sur la défensive. Pour cela il mena une stratégie habituelle : dans le meilleur des cas, aller chercher des références du côté de Mittérand, de Jospin, des ministres socialistes d'autres pays européens etc en esquivant à chaque fois les demandes de précisions sur son triste bilan économique. Dans le pire des cas, fouiner dans les poubelles et sortir de son chapeau DSK à l'encontre de François Hollande ou faire une grossière erreur dans ses citations à propos de Martine Aubry.

Ce qui comptait pour lui c'était la finale de son discours où il s'adressait en termes émotionnels aux électeurs du Front National et à ceux du MODEM. Le reste du temps consistait à tenter de dévaloriser François Hollande pas assez compétent pour comprendre les enjeux de l'action d'un président de la république, en le traitant systématiquement de menteur, de petit calomniatieur etc...

Mais nous sommes trop habitués à ce genre de pirouettes avec lui. Nous en avons assez et notre espoir n'est pas de revoir encore pour cing ans ce type de sihouette nous représenter devant les instances nationales et internationales.

Assez des comédiens à la Berlusconi !

Assez des truqueurs de vérités évidentes concernant la pauvreté, le chômage, [1] les responsabilités de la crise [2] !

Assez du penchant vers les thèses racistes, antisémites et xénophobes des partis d'extrême droite !

Assez de l'immoralisme généralisé par les "affaires" et les trafics d'influence déguisés dans la vie politique !

Nous voulons un autre Président, plus sage, moins histrion, plus juste et plus soucieux du partage des richesses produites par les Français, plus digne des droits de l'homme dans le monde, et nous resterons vigilants car notre vote n'est pas un quitus a priori envers quiconque.


[1] Selon MediaParte« Le chômage a moins progressé en France que dans les autres pays pendant la crise. » L'argument est servi en boucle par les lieutenants de Nicolas Sarkozy depuis plusieurs semaines pour défendre le bilan du président sortant. « La hausse du chômage a été en France de dix points inférieure à la moyenne de l'Union européenne », explique la ministre du Budget, Valérie Pécresse. Mais cela ne signifie pas pour autant que la France soit un bon élève en la matière. D'après Eurostat, le taux de chômage dans la zone euro était de 10,9 % en mars 2012, un record historique. En France, il est de 10 %. Mais à l'intérieur de la zone euro, bien des pays font mieux que nous : l'Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'Allemagne, la Belgique, la Slovénie…

PS et gouvernement se disputent souvent sur l'ampleur de la hausse, et ce fut encore le cas lors du débat entre Hollande et Sarkozy. Qui dit vrai ?

Selon les données de l'Insee, calculées au sens du BIT (une norme internationale qui permet de comparer les pays), le chômage est passé de 2 214 000 à 2 678 000 depuis 2007, soit une hausse de 450 000 personnes. Mais cette donnée ne concerne que les chômeurs qui n'ont pas du tout travaillé au cours des dernières semaines. C'est lui que met régulièrement en avant le gouvernement. Sauf que ce chiffre ne résume pas, loin de là, toute la réalité du chômage en France. Ainsi, si l'on se fie aux chiffres de Pôle emploi, calculés différemment, le nombre de chômeurs de la catégorie A (n'ayant pas du tout travaillé au cours du mois précédent) a progressé de 900 000 depuis juin 2007 – de 1 962 700 chômeurs à 2 884 500. C'est à ce chiffre que les socialistes font référence quand ils affirment que sous Nicolas Sarkozy, le nombre de demandeurs d'emplois a grossi d'« un million ».

Cette guerre des chiffres est assez stérile. La crise a frappé très fort. Au total, le nombre de chômeurs s'élève à 4 582 000 personnes, si l'on ajoute ceux qui exercent une activité réduite (les catégories B et C). Ce nombre frôle même les 5 millions, si on y ajoute les personnes en formation, en contrats aidés ou bien malades, rangées dans les chiffres de Pôle emploi dans les catégories D et E. Sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi de plus de 50 ans a augmenté de 15,6 %.

Les chiffres du chômage de longue durée sont particulièrement alarmants : 1 644 000 personnes sont au chômage depuis plus d'un an, une hausse de plus de 100 000 sur un an. Enfin, près d'un chômeur sur deux n'est en réalité pas indemnisé par l'assurance-chômage, dont les conditions ont été encore durcies en 2008 par les partenaires sociaux. De quoi nuancer l'image de bon élève…

[2] La France compte 8,2 millions de pauvres d'après l'Insee – le nombre de gens qui vivent avec moins de 60 % du niveau de vie médian. Mais plus récemment, l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES) a estimé qu'en réalité, 11,2 millions de Français sont « en situation de pauvreté ou d'exclusion », qu'elles soient privées de biens jugés essentiels ou travaillent si peu qu'elles ne peuvent en réalité subvenir à leurs besoins. Les jeunes, les femmes âgées, les familles monoparentales sont particulièrement concernées. Deux millions de Français, soit un de nos concitoyens sur trente, vivent dans la grande pauvreté.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.