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Billet de blog 13 mai 2012

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KRISHNAMURTI : DE LA MÉDIATION ET DU DÉFI EN ÉDUCATION

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Reprise de http://www.barbier-rd.nom.fr/Krishnamurti-meditation-education.htm

Voir aussi la vidéo sur Krishnamurti dans le cadre de l'Institut Supérieur des Sagesses du Monde http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1514

Parler de Krishnamurti implique que l'on a pu entrer dans son univers de méditation et son sacré radical. C'est dire qu'il ne s'agit pas de faire une conférence habituelle à son propos mais toujours de partir de soi pour faire comprendre à quel point sa vision concerne le sujet parlant.

Ma rencontre avec Krishnamurti

Je ne l'ai jamais rencontré physiquement, mais j'ai le sentiment que je l'ai compris spirituellement dès que j'ai lu un premier livre de lui. J'avais alors 25 ans. C'était Première et dernière liberté. J'ai su immédiatement qu'il était le « penseur » qui allait me proposer des voies originales dans ma vie déjà axée, à cette époque, vers l'éducation. Depuis, je n'ai fait qu'approfondir sa vision du monde et je l'ai enseigné pendant 25 ans à l'université, dans le cadre du département de sciences de l'éducation de Paris 8.

Vers 25 ans, j'étais en attente d'un mentor, sans doute, dans l'ordre spirituel. Je n'en avais pas vraiment trouvé lors de mes études universitaires, ni en philosophie, ni en sciences humaines. Mon exploration de l'univers des religions restait insatisfaisante. Trop de rituels, de croyances, de bondieuseries, de superstitions, aussi bien en Occident qu'en Orient. Depuis, j'ai pu discerner autre chose dans certaines pensées asiatiques, surtout chinoises, beaucoup plus dégagée de ce mysticisme étouffant. Notamment dans la pensée taoïste des origines[1], à la lumière de Lao Tseu et surtout de Tchouang Tseu (Zuang Zi).

1. Krishnamurti : une vie au service de l'éducation

Krishnamurti est un penseur qui ne produit pas de concept. Sous cet angle ce n'est pas un "philosophe" au sens de Deleuze ou de François Jullien.

Il n'est pas non plus un simple « psychologue », même clinicien.  Il ne vous propose pas de vous allonger sur un divan pour vous analyser.

Son propos se résume à vous faire comprendre, à partir de vous-même, ce qu'est un être humain.

Comment l'est-il devenu lui-même ?

Sa vie

Examinons son histoire de vie, non dans ce qu’il soutient mystérieusement (son  non-conditionnement radical), mais sous un regard plus sociologique,  à partir de sa biographie établie par Mary Lutyens [2].

Né le 12 mai 1895 (calendrier occidental), Krishnamurti appartient  à une famille brahmine modeste de dix enfants. Son nom patronymique  est Jiddu. Huitième enfant, il est nommé Krishnamurti en souvenir  de la naissance du dieu Krishna, huitième enfant lui aussi. 

Plusieurs de  ses frères et soeurs décèdent  dans leur plus jeune  âge, excepté son frère Nityananda qu’il adorait,  trois autres   frères dont un  demeurera débile et une soeur aînée rapidement mariée.

Sa mère, Sanjeevamma, mourra  lorsqu’il aura 10 ans. Elle  a d’emblée l’intuition que  Krishnamurti est un être remarquable et elle veut accoucher dans la  pièce réservée aux prières, cas tout-à-fait exceptionnel. Ce  sentiment est confirmé par l’astrologue de la famille qui assure à  son père Narianiah que l’enfant deviendrait quelqu’un de grand et  de merveilleux. Krishnamurti est un petit garçon rêveur et maladif,  détestant l’école au point que ses professeurs pensent qu’il est un  attardé mental,  au contraire de son frère Nitya très bon  élève.

Très jeune il a un sens aigu du don de soi. Il donne  facilement ses friandises à ses frères et soeurs, de la nourriture  aux mendiants qui passent devant sa porte. Il lui arrive souvent de  rentrer de l’école sans crayon, ni ardoise, ni livre parce qu’il  les a offerts à un enfant plus pauvre. Par contre il aime observer  la nature avec attention et conservera toute sa vie une inclination  très poussée pour la mécanique.

Son père, après la mort de sa femme  et sa mise à la retraite demande instamment à Annie Besant, qui  dirige la Société Théosophique dont il est membre, de l’aider à  nourrir sa famille. Il s’installe ainsi avec ses enfants à Adyar,  lieu où la Société Théosophique lui offre un poste d’assistant au  secrétariat.

Krishnamurti va dans une High School située à Mylapore sans plus  de succès scolaire et reçoit maints coups de canne pour sa supposée  stupidité. Comme il fréquente la plage à Adyar avec son frère  Nitya, il rencontre  les autres jeunes gens faisant partie du  cercle de la Théosophie. C’est là qu’un jour Charles Webster  Leadbeater, une des figures hauturières du Mouvement théosophique,  le remarque malgré son apparence physique peu agréable à cette  époque, en déclarant que Krishnamurti possède une aura magnifique  sans nulle trace d’égoïsme.

La Théosophie proclamait alors  l’avènement éminent d’un « Grand Instructeur » qui devait sauver le  monde. Leadbeater persuade Annie Besant que Krishnamurti est l’élu  du Mouvement, malgré la présence d’un jeune hollandais qui était venu en Inde avec sa mère, pressenti antérieurement par  le même Leadbeater, pour le même rôle.

A partir de ce moment, Krishnamurti et son frère Nitya vont être pris en charge totalement  et soumis aux injonctions éducatives de la Société Théosophique.  Ils vont sortir de l’habitus purement hindou pour entrer dans un  habitus de bourgeois britannique, au point de perdre l’usage de  leur langue d’origine, mais d’apprendre, évidemment, à jouer au  golf et à faire du thé. Krishnamurti parlera couramment l’anglais, le français et  l’italien. Le père tentera bien de récupérer ses enfants par un  procès qu’il perdra au plus haut niveau. Annie Besant et la  Société Théosophique garderont la tutelle sur les deux  adolescents.

Suivant la tradition théosophique, Krishnamurti et son frère   reçoivent une initiation spirituelle qui procède par étapes. Ils  sont censé communiquer par des voies parapsychologiques, avec des  figures spirituelles intemporelles (maître Morya et maître  Kouthoumi) protectrices de la Société Théosophique.

Par cette  initiation ils ont accès à la « Grande Fraternité Blanche » des  initiés. Un ordre est fondé pour Krishnamurti, l’Ordre de l’Etoile  d’Orient, dont il prend la tête, secondé par Annie Besant et  C.W. Leadbeater. Vêtements, chaussures et nourritures à l’anglaise  sont infligés aux deux jeunes gens. Plus tard il appréciera l’esthétique vestimentaire anglaise, mais en Inde il s’habillera à  la mode du pays. Il restera toujours à cheval sur la question de la  propreté et restera végétarien.

A Londres tout est fait pour que Krishnamurti puisse  étudier à Oxford. Si son frère, un peu plus tard, réussit  brillamment dans le domaine juridique, Krishnamurti demeure un  étudiant peu intéressé par ses études, malgré la férule de ses  précepteurs. Il préférera, aux livres « sérieux », la lecture de  romans policiers et les films de Clint Eastwood.

On lui offre biens  et argent. Ses disciples sont légions et viennent l’écouter  dévotement. Chacune de ses conférences fait l’objet d’une  publicité spectaculaire. Krishnamurti est mal à l’aise dans ce  système largement institué par le Mouvement Théosophique.

Dès 1922, en Californie, il connaît une  crise spirituelle profonde, une illumination et le début d’une  souffrance physique qui ne le quittera plus et qu’il nomme « le  processus ». Il va se distancer de plus en plus de la Théosophie.

La  mort de son frère Nitya, atteint de tuberculose, le surprend en  1925, lors d’un voyage en bateau en direction de l’Inde, malgré  des « assurances » plus ou moins magico-religieuses transmises par  les figures dominantes de la Théosophie. Il plonge alors dans une  détresse sans fond. Pourtant quand il arrive en Inde, son visage  rayonne et il est parfaitement calme. Il a compris ce qui  alimentera définitivement son enseignement jusqu’à la fin de sa  vie.

Dès cette époque, il devient dérangeant pour le Mouvement  Théosophique qui ne reconnaît plus son rejeton. Bien que toujours  très respectueux envers sa « mère » Annie Besant, il suit son propre  chemin.

En 1929, il prononce le célèbre discours d’Ommen, nom du  lieu de la rencontre près du château d’Eerde qui lui avait été  donné. « La vérité est un pays sans chemin » annonce-t-il. Dès 1927,  il avait affirmé dans ce même lieu : « Je redis que je n’ai pas de  disciples. Chacun parmi vous est un disciple de la Vérité, si vous  comprenez la Vérité et si vous ne suivez pas des individus... La  Vérité ne donne pas d’espoir ; elle donne la compréhension... » 

Personne n’a le devoir de suivre un gourou, une doctrine, ou de  s’installer dans des lieux supposés sacrés, ni de passer par des   rituels d’initiation. Il n’y a pas de méthodes de méditation. Le  savoir livresque ne sert à rien quant au devenir spirituel. L’être  humain n’a rien à chercher, rien à vouloir, rien à attendre,  personne à suivre, pas même Krishnamurti : simplement être  complètement attentif à la vie, à ce qui est, d’instant en  instant.

Il prône une réceptivité totale, une ouverture de l’être  au mouvement même de la vie et une mise en doute de toute parole  d’autorité sur le plan d’une éducation à dominante de connaissance  de soi. Jusqu’à la fin de son existence, il rappellera cette vérité découverte à cette époque. L’essence de son enseignement sera  fondée sur le doute et l’épreuve de réalité personnelle.

Sa pratique suit son discours. Il dissout l’Ordre de l’Etoile, quitte la Théosophie et rend les biens qu’on lui avait donnés. 

Désormais l’organisation qui soutiendra ses actions (conférences  et éditions, création de fondations pour la diffusion de son  enseignement) sera purement profane et réduite au minimum. Il aura  même à entrer dans une bataille juridique avec un de ses anciens  proches, Rajagopal, qui, s’occupant de la gestion des éditions,  s’était arrangé pour lui faire signer subrepticement un document  l’autorisant à s’approprier les livres de Krishnamurti. Radha Sloss, La fille de Rajagopal se vengera en publiant, plus tard, un livre très partial sur la vie amoureuse de Krishnamurti et notamment sur l’amour qui a uni Krishnamurti et l’ex-femme de Rajagopal pendant quelques années. Cette relation, révélée plus tard, fera l’objet d’une série de discussions sur la congruence de la vie et de l’œuvre de Krishnamurti[3].

Krishnamurti quitte donc la Société Théosophique et commence, réellement, à être lui-même. Il va parcourir le monde jusqu'en 1986, en donnant des conférences, en recevant des interlocuteurs, en discutant avec des savants, des philosophes ou des psychologues du monde entier.

Sa mort en 1986

Le 17 février 1986 à midi dix, à Ojai, où il souffrait depuis plusieurs semaines d'un cancer du pancréas il meurt à Pine Cottage, dans la chambre qui surplombe le grand poivrier, à l'ombre duquel, soixante-quatre ans auparavant, il était passé par de si grands bouleversements spirituels.

Il sera incinéré à Ventura, en Californie, et on a fait trois parts de ses cendres: pour Ojai, l'Inde et l'Angleterre. En Inde, elles ont été répandues dans le Gange, à Varanasi et Gangotri, là où le fleuve prend sa source dans l'Himalaya ; et à Adyar où elles ont été emportées sur un catamaran pour être immergées dans l'océan.

Krishnamurti avait dit que le corps après la mort était sans importance. Il devait être, comme un morceau de bois, consumé par le feu. « Je suis un homme ordinaire », avait-il ajouté, et son ultime voyage devait être celui d'un homme ordinaire. Il ne devait y avoir aucune cérémonie, aucune prière, aucune procession. On ne devait pas ériger de monuments au-dessus de ses cendres. Sous aucun prétexte le maître ne devait être déifié ; seul l'enseignement comptait, et il fallait veiller à ce que celui-ci ne soit ni déformé, ni altéré. Une de ses proches, Pupul Jayakar, sera près de lui et relate ses derniers moments. « Le dimanche 9 février, Krishnaji resta couché, dans un état très grave. Ce jour-là je ne pus le voir, mais le lendemain il m'envoya chercher. Il me dit: « J'étais parti pour une grande randonnée en montagne. Je m'étais perdu et on ne pouvait pas me trouver. C'est pourquoi je n'ai pas pu vous voir. Son visage fut, un instant, juvénile et très beau.

Le jour de mon départ, le 16 février, je vins le voir vers une heure, et je restai un moment avec lui. Il souffrait beaucoup, mais son esprit était clair et lucide. Je lui dis que ce n'était pas un adieu, car nous ne serions pas séparés. Avec un effort, il porta ma main à ses lèvres. Le silence nous enveloppait tous deux. Au moment où je le quittai, il me dit: « Pupul, ce soir je partirai pour une longue marche dans les montagnes. La brume se lève. » Je quittai sa chambre sans me retourner.

Ce soir-là, à neuf heures, Krishnaji s'endormit pour commencer sa longue pérégrination vers les sommets. La brume se levait, mais il passa à travers et disparut. »[4]

2. De la médiation et du défi en éducation

Une approche en termes de médiation/défi

Les longues années de lecture et de méditation autour de l’oeuvre de Krishnamurti, alimentées par celles des chercheurs en sciences humaines, m’ont conduit à élaborer une théorie éducative sous le terme de « présence en éducation » que j’ai exposée lors d’une récente rencontre axée sur la spiritualité laïque à Font-Romeu dans les Pyrénées en juillet 2010.

L’éducation comme processus vers un « devenir humain » conçu en termes d’épanouissement de la totalité complexe de l’existence vers la joie d’être au monde, est une dialogique entre deux pôles : celui des savoirs pluriels et celui de la connaissance expérientielle de soi.

Tout se passe comme si l’éducation nécessitait un dialogue constructif et souvent paradoxal entre la référence à une pluralité de savoirs, non seulement scientifiques mais également artistiques, littéraires, philosophiques ou spirituels et une référence à une incorporation expérientielle et  imprévisible de la rencontre de l’être humain avec le monde.

Les savoirs pluriels viennent interpeller pour la relativiser  l’expérience personnelle  d’ordre affectif, intuitif, spirituel, toujours susceptible de s’enfermer dans un égocentrisme omnipotent. Mais inversement l’expérience personnelle singulière, à nulle autre pareille, vient remettre en question des abstractions prétendument universelles issues des savoirs pluriels.

L’éducation se construit ainsi peu à peu  dans une impossibilité de prévoir l’issue et les aléas de cette dialogique. De plus, et c’est essentiel, au cœur de cette dialogique, des moments de suspension de tout jugement, d’arrêts de la réflexion sont indispensables par une mise en œuvre de moments de méditation sans objets, sans concepts ni images. La méditation permet de pénétrer au sein du non-savoir radical sur ce qui est et advient, c’est à dire le réel. Elle suscite l’émergence de nouvelles questions aussi bien sur la connaissance expérientielle que sur l’état des savoirs pluriels.

3. Le sens de la médiation chez Krishnamurti

Sans doute devrait-on parler d’emblée de défi avant de parler de médiation chez Krishnamurti. Comme on le verra, le défi est radical dans son œuvre puisqu’il demande d’écouter-voir, sans interpréter,  ce qui est et advient sans cesse dans le flux de la psyché, sans s’arrêter aux habitus, aux conditionnements, aux attachements multiples et subtils.

Pourtant, il me semble que  Krishnamurti plus que tout     autre, sait que la lucidité qu’il nous propose est une difficile épreuve de réalité. Il va chercher à avancer en douceur avec nous sans renoncer à la radicalité de son exigence.

La médiation, étymologiquement, consiste dans le fait de servir d'intermédiaire entre deux ou plusieurs choses. En philosophie, c’est une action de servir d'intermédiaire entre un terme ou un être duquel on part, et un terme ou un être auquel on aboutit (Lal. 1968).

En psychologie, il s’agit d’un processus par lequel une connaissance sensorielle se transforme en une donnée intellectuelle`` (Méd. Biol. t.2 1971). Théorie de la médiation.

Plus rarement, on parle d’une chose, effet intermédiaire entre deux ou plusieurs choses. Usuellement, c’est une entremise destinée à concilier ou à faire parvenir à un accord, à un accommodement des personnes ou des parties ayant des différends. (Dictionnaire CNRTL)

Ne rien accepter sans une appropriation personnelle

La première médiation chez Krishnamurti consiste à demander que sa propre parole ne soit pas une parole de vérité mais fasse l’objet d’une recherche intérieure avec le doute comme principe.. C’est le contraire de l’esprit « gourou », d’une parole absolue et non discutable de l’esprit sectaire. Pour Krishnamurti, lui et son interlocuteur sont dans une relation dialogique en quête de compréhension et de respect réciproque. Les êtres en dialogue sont en route pour  découvrir une vision directe de la réalité, au-delà des mots et des images.

Dans une publication récente en français « Amour, sexe et chasteté », Krishnamurti soutient : « Nous voici engagés dans une conversation, devisant tout au long d’une allée aux frondaisons ombragées peuplées de chants d’oiseaux, et nous nous asseyons pour faire ensemble le tour de ce problème de l’existence, qui est une question très complexe. Nous ne cherchons pas à nous convaincre,  à nous persuader mutuellement à propos de quelque sujet que ce soit, nous n’essayons pas de noyer l’autre sous un flots d’arguments, ni de nous accrocher à nos propres opinions ou préjugés, nous allons plutôt regarder le monde tel qu’il est – y compris notre monde intérieur »[5].

Nous sommes assez proches de l’attitude socratique, avec cette différence : chaque vérité découverte est singulière, éprouvée uniquement par chacun et non susceptible d’engendrer une vérité abstraite et universelle. Il ne s’agit en rien d’une loi générale mais d’une épreuve de réalité de l’ordre d’un fait vécu psychiquement.

Relation au plaisir, au désir et aux sensations

Krishnamurti n’est pas un être austère, il ne cherche pas à renier ce que l’existence quotidienne nous renvoie. Il est plutôt agréablement étonné des rencontres inattendues avec la totalité de cette existence liée au monde. Il aime les belles choses, les repas aux goûts subtils et végétariens, les paysages magnifiques, les êtres humains aux formes harmonieuses. Il existe chez lui un « hédonisme solaire »,  comme peut l’exprimer Michel Onfray dans sa philosophie libertaire. Mais, par contre, tout est dans l’instantanéité de la perception directe de la réalité. Rien n’est engrangé en vue d’un souvenir, d’une mémoire capitalisable que la pensée pourrait ressasser à volonté. Krishnamurti a bien conscience que la pensée fonctionnelle, celle qui sert à faire et à organiser le monde, principalement sur le plan technique, a besoin  de cet appui de la mémoire. Mais c’est dans le domaine de la recherche de la vérité spirituelle et de sa dépendance immédiate à la psyché, qu’il refuse d’entrer dans son processus quasiment machinal.

Krishnamurti nous fait entrer dans l’univers du sensible englobant. Par l’attention vigilante, l’être reçoit et sent les données du monde extérieur avec lesquelles il fait corps. Il n’y a plus de distance entre l’être au monde et les « objets » du monde.  La perception fait vivre la sensation dans le corps humain et donne du plaisir dans l’instant. Ce plaisir n’est pas à refouler ou à réprimer. Il est, au contraire, à reconnaître pleinement. On pourrait dire que Krishnamurti comprend parfaitement, à la manière de Spinoza, qu’il s’agit pour l’être humain d’accroître sa puissance d’agir naturelle et d’entrer en relation directe avec la totalité du monde. Mais tout se joue instantanément, sans futur et sans passé, dans l’espace-temps de la rencontre.

Pour lui « toutes nos relations sensorielles– vue, toucher, goût, odorat, ouïe - ont leur importance » (Krishnamurti, 2010, p.56). Mais nous ne mobilisons jamais tous nos sens. Il nous propose de le faire pour entrer dans le sensible : Si l’on réagit de manière totale, en impliquant tous ses sens à la fois, ce sens qu’est l’observateur est éliminé. En accueillant la totalité de la sensation dans la perception, nous vivons dans la non-pensée chère aux maîtres zen.

Le sensible dans sa globalité est sans attachement et reçoit ce qui arrive sans distinguer et sans choisir. Ce sera aussi bien un « nanti au volant de sa grosse voiture » que le pauvre homme mal lavé et désespéré pour qui vous ressentez « une immense pitié, une immense affection » (p.61). Cet aspect du sensible qui échappe aux idéologies, sans nier pour autant les engagements politiques en faveur d’un « être ensemble » plus juste, nous bouleverse lorsque nous savons le vivre. Il vient nous interpeller sur nos blindages intérieurs qui garantissent notre pensée établie entre ce qui devrait être et sur ce qui est. C’est le propre du sensible que d’élargir ainsi son point de vue sur le monde. Un sage comme Ramakrishna pouvait ressentir sur son propre corps les marques des coups qu’un palefrenier pouvait donner à un âne en Inde.

Le désir consiste à partir de la sensation à se diriger vers un objet pouvant le satisfaire. Dès qu’il est satisfait, il suscite un souvenir et du même coup une attente nécessairement douloureuse si elle ne réalise pas la satisfaction du désir. Krishnamurti l’écrit « Le désir naît du mouvement suivant : une séquence de vision-contact-sensation-pensée, accompagnée de son image-désir » (p.50)

Krishnamurti lui-même a connu les aléas de la sexualité. Quand il arrive en 1922 en Californie, Krishnamurti n’est pas seul de son milieu d’origine ; l’accompagnent,  avec mission de l’assister : un de ses frères, Nitya, et plus tard un autre Indien également issu de la caste supérieure des brahmanes, Desikacharya Rajagopalacharya, dit Raja. En 1927, Raja épousera une Américaine, Rosalind Williams, dont il aura une fille unique en 1931, Radha. Une longue histoire va  unir Krishnamurti à Rosalind Rajagopal, née Williams. Leur fille, Radha Sloss  a écrit un livre retentissant en anglais sur les relations sexuelles entre sa mère et Krishnamurti. Dans ce livre elle donne un portrait de Krishnamurti peu flatteur mais très discutable, tant la problématique imaginaire enrobe d’une ombre épaisse des faits concrets de la vie familiale de Radha et de Krishnamurti très présent dans l’histoire du couple Rajagopal[6].

Contrairement à beaucoup trop de religieux, Krishnamurti constate que la sexualité est naturelle et bonne en soi. La jouissance sexuelle apporte un état proche de la méditation. « L’acte sexuel apporte l’oubli de soi, l’abandon, l’impression que la peur, l’angoisse, les soucis inhérents à la vie s’évanouissent » (2010, p.112).

Mais en fait, comme l’être humain demeure avec sa fragmentation psychique liée à la pensée et à la mémoire, la sexualité ne résout rien. La véritable sexualité va de pair avec l’amour qui réside dans la non-pensée.

Rapport à l’économique et à la politique

Krishnamurti est un homme de l’intériorité, non un économiste ou un politique. Mais il demeure un citoyen du monde, au-delà de tout clivage idéologique, politique ou religieux. Il a conscience des inégalités, de la pauvreté, de l’aliénation, de la violence qui règnent dans nos sociétés. Il ne fait pas de différence entre les violences entre ethnies, religions, entre capitalisme et communisme comme systèmes régentant la vie des gens dans l’impossibilité d’être heureux.

Mais il connaît l’impact du bien-être et de la recherche du confort chez l’être humain. Certains ont prétendu qu’il a profité de son statut d’Instructeur du Monde et de son soutien économique par le mouvement de la théosophie. Il est vrai qu’il a été élevé comme un grand bourgeois par ce Mouvement, lui, ce fils de pauvre brahmane. Il a goûté aux biens de ce monde (beaux habits, chaussures de marque, repas soignés, voiture Mercedès à sa disposition etc.). D’une certaine façon il a été un esthète. Mais ce serait le méconnaître que de croire qu’il s’est fixé sur cette jouissance momentanée de biens matériels. Dès qu’il a quitté la Théosophie, en 1929, il a rendu tous les biens qu’on lui avait donnés, pour vivre de ses conférences et de l’aide de ceux qui lui étaient proches. Krishnamurti est un être non-attaché,  c’est-à-dire qu’il accepte ce qui vient sans le repousser ou le rechercher. Dans nombre de ses écrits, on ressent bien sa compassion pour les plus pauvres et son sens de la justice. Un jour, rencontrant une vieille femme qui pliait sous le poids d’un fardeau, il en ressent toute sa souffrance. Un autre jour, un vieux sannaysin vient le voir et lui raconte son malheur à l’égard d’une sexualité qu’il n’avait pas su comprendre et qui l’avait conduit à la castration volontaire et à la ruine de son existence. Krishnamurti l’écoute et ne dit rien parce que, à ce moment de la vie de cet homme, il n’y avait plus rien à dire. Il se contente de lui prendre la main en silence.

Krishnamurti aurait-il pu vivre comme ce prêtre défroqué que j’ai connu dans le nord-est du Brésil et qui m’a si fortement impressionné, militant avec les plus pauvres des pauvres, dans des conditions les plus précaires et au risque de sa vie, au nom de son amour de l’humanité ? Je me suis souvent posé la question. Connaissant son œuvre, je réponds affirmativement. Mais Radha Sloss en douterait certainement, avec beaucoup d’idéologues qui ne connaissent pas cette conversion radicale du regard dont il parle.

De la gratitude

Krishnamurti a quitté le Mouvement théosophique par un coup d’éclat au camp d’Ommen en 1929. Il s’est prononcé alors sur le fait que la vérité est un pays sans chemin, sans organisation ritualisée et sans maître spirituel, à vivre personnellement dans une épreuve de réalité. Il a consterné la plupart de ses amis du moment, en particulier ceux qui l’avaient soutenu depuis son enfance.

Cependant Krishnamurti n’a jamais attaqué violemment la théosophie. Son attitude, si violente verbalement parfois à l’égard des rituels religieux et des sectes, est restée modérée tout en demeurant très ferme. On peut dire que c’est le contraire de l’attitude de Michel Onfray à l’égard du christianisme ou de la psychanalyse[7]. Pourtant les deux hommes ont la même intensité, dans leur prise de conscience du rejet de la violence symbolique subie dans leur jeunesse.

Principalement sa gratitude à l’égard d’Annie Besant a toujours été préservée. Jusqu’à la fin Krishnamurti a conservé pour Annie Besant, qui l’a toujours soutenu, un amour filial de haute tenue. Ce ne fut pas de même avec Leadbeater, son autre mentor de la société théosophique, à la suite d’un coup reçu parce que le jeune Krishnamurti avait trop souvent la bouche ouverte selon son instructeur. Leabeater lui donna un violent coup sur la tête pour lui faire refermer la bouche. Depuis cette date, Krishnamurti prit ses distances vis à vis de Leadbeater.

La pensée fonctionnelle et le progrès technique

Krishnamurti n’a jamais nié l’importance de la pensée pour analyser et expliquer tout ce qui relève de la vie matérielle. Il reconnaît que si l’on veut être ingénieur ou médecin il faut savoir un certain nombre de choses, il faut étudier, s’appuyer sur des connaissances déjà-là. Le progrès technique est à ce prix. Mais il insiste pour dire que le progrès technique n’est pas le bonheur psychologique. Ce dernier ne saurait s’étayer sur la pensée fonctionnelle. Il demande une conversion du regard vers la non-croyance sur le monde extérieur et intérieur.

Sur le plan de la vérité de ce qui est et advient, Krishnamurti réfute toute participation de la pensée. Il entre, de ce fait, dans un véritable défi à l’égard de notre société qui le rapproche de la mystique rhénane de maître Eckhart.

4.  Le sens du défi chez Krishnamurti

On ne dira jamais assez que l’on ne peut pas comprendre Krishnamurti sans reconnaître son sens du défi.

Krishnamurti est un « créateur de culture »[8] radical. Il manifeste, dans le domaine ontologique, ce que je nomme une « novation noétique », c’est-à-dire un retournement complet de la vision du monde[9].

Son défi réside dans un regard lucide sur la nature de la pensée et, du même coup, de notre façon de regarder et de donner du sens au monde. Pour Krihsnamurti, du fait de notre éducation depuis des siècles,  le processus de la connaissance est donné par le succession des éléments suivants : perception-sensation-pensée (idée, image)-attachement-reproduction donc plaisir ou frustration donc souffrance.

La pensée qui est pour lui aussi bien l’idée, le concept que l’image mentale, fonctionne immédiatement et envahit tout le champ de la réalité psychique. Peu importe qu’elle soit fantasmatique ou plus « réaliste », c’est-à-dire dotée d’un certain degré de pertinence dans l’interprétation des faits au réel. La pensée s’inscrit dans une logique imperturbable qui nous conduit à l’impasse dans le domaine de la recherche de la vérité de ce qui est et advient.

Certes la pensée a son importance dans le domaine fonctionnel et technique. Mais dès qu’elle se mêle de l’humain,  elle engendre des clivages, des exclusions, des violences mortifères. Elle conduit aux nationalismes, aux ethnocides et aux génocides suivant une logique imperturbable.

Sans doute pourrions-nous discuter les thèses de Krishnamuurti en fonction des données récentes en neurosciences ou sur la place de l’illusion nécessaire en psychanalyse, mais je tiens pour essentiel l’évaluation que fait Krishnamurti dans le domaine de notre rapport à la réalité ultime et dans le champ de la conscience.  Quiconque a pratiqué sa manière d’être et de vivre sait que la souffrance morale, psychologique, comme le pense le bouddhisme d’ailleurs, est en rapport direct avec des pensées activées à partir de la mémoire. La lucidité nous impose de sortir de ce cadre et de trouver sa juste place à la pensée sans en nier son importance.

Dans ce cas, nous passons à une autre succession d’éléments.

Il s’agit non de rompre mais de comprendre le mécanisme même de l’élaboration de la pensée et de la souffrance psychique. Si nous arrivons à saisir, au juste moment, comment nos pensées viennent à la conscience et déterminent notre comportement, sans rien retenir, sans rien masquer, réprimer ou refouler, dans l’ÉCOUTER-VOIR radical, nous comprenons immédiatement la puissance de l’imaginaire et nous pouvons nous en distancier[10].

Dans ce processus, il y a un « moment de retournement »[11]. Lorsque l’écouter-voir devient totalement attention vigilante à ce qui est et advient, l’observateur, l’objet observé et la relation observateur-objet observé ne font plus qu’un. C’est « la vision pénétrante » : La vision pénétrante n'est pas la déduction minutieuse de la pensée, son processus analytique ou la nature temporelle de la mémoire. C'est la perception sans celui qui perçoit; elle est instantanée. L'action intervient à partir de cette perception instantanée. A partir d'elle l'explication de tout problème est précise, sans appel et vraie. Il n'y a ni regrets ni réactions. Elle est absolue. Il ne peut y avoir vision pénétrante sans qu'il y ait amour. La vision pénétrante n'est pas quelque chose d'intellectuel à prouver et breveter. Cet amour est la plus haute forme de sensibilité, c'est quand tous les sens s'épanouissent ensemble. Ce n'est pas la sensibilité relative à nos désirs, nos problèmes et à toutes les mesquineries de notre vie personnelle. Lorsqu'il n'y a pas la sensibilité qui est amour, la vision pénétrante est évidemment tout à fait impossible. (Krishnamurti)[12]. La peur n’est plus un objet extérieur mais l’être-peur lui-même pensant et construisant la peur dans son esprit. Krishnamurti ne  nie pas qu’un danger pour la vie puisse exister. Il nous affirme simplement que dans ce cas la saine réaction de la personne humaine ne vient pas de la pensée, de l’image, de l’expérience passée, mais d’une spontanéité immédiate de l’intelligence au-delà des mots. Ainsi si une voiture nous fonce dessus à un carrefour, nous sautons de côté sans avoir besoin de réfléchir une seconde. Certes il nous faudra savoir le code de la route pour nous arrêter au feu rouge et ne pas traverser si le feu ne passe pas au vert pour le piéton. La pensée est requise dans ce cas. Mais dans l’extrême urgence et face à l’inconnu de ce qui nous arrive, ce n’est plus la pensée, le savoir, la mémoire, l’expérience acquise qui active un comportement  approprié. Les chercheurs en neurosciences aujourd’hui nous questionnent étrangement sur le fait que la prise de décision consciente de faire un geste adéquat est toujours en retard de quelques secondes par rapport à l’enregistrement neuronal du cerveau qui constate qu’elle a été prise avant toute conscience de veille mais en tout libre arbitre de dire non, éventuellement[13]. Nous sommes encore loin de connaître scientifiquement la nature de la conscience et le mécanisme complexe du cerveau. Krishnamurti ne nous demande pas de le croire sur parole. Il nous demande de faire, chacun pour soi, l’expérience de ce qu’il dit. L’expérimentateur pourra ainsi constater directement par lui-même que l’on passe d’une souffrance morale intense, par exemple lors d’une rupture affective, à un état de sérénité, simplement dans le fait d’écouter-voir notre façon de donner du sens à ce qui nous arrive. Krishnamurti en a fait la douloureuse expérience lors de la mort de son cher frère Nitya en 1925 sur le bateau qui le conduisait en Orient. Pendant dix jours il a vu, souffert et compris d’où vient la souffrance morale et l’a vaincue.

Vaincre la souffrance morale et trouver la sagesse, c’est nécessairement revoir nos conditionnements par la pensée et entrer dans ce moment de retournement où l’attention,  l’amour, la liberté, la mort, le sens, l’intelligence, la méditation ne font plus qu’un, en un instant. Krishnamurti affirme qu’une fois la chose vue, elle disparaît à jamais. Il se peut que la démarche psychanalytique dans l’insight soit assez proche de cet état. Si l’analysant revient sans cesse, dans une lancinante  et sempiternelle  remémoration, sur sa souffrance,  c’est sans doute que l’ouverture de l’insight n’a pas été suffisante. Peut-être même à cause de la théorie psychanalytique elle-même insuffisamment compréhensive à l’égard de la non-dualité. Le  psychanalyste  François Roustang dans son livre « la fin de la plainte » réfléchissant à ce sujet, prend ses distances envers la psychanalyse et s’ouvre au bouddhisme[14].

L’action juste qui découle de cette manière de vivre dans l’attention  vigilante permanente n’arrête pas de provoquer, sans le rechercher, du défi dans les institutions, dans la famille, dans nos relations. Nos institutions fonctionnent à la toute puissance de la pensée (avec sa grande part d’imaginaire et d’illusions). Cornelius Castoriadis nous donne une bonne définition de l’institution comme « réseau symbolique socialement sanctionné où se combinent en proportion et en relation variables une composante fonctionnelle et une composante imaginaire »[15]. Krishnamurti en débusquant et réduisant la puissance de l’imaginaire leurrant, sans passer par l’analyse rationnelle et la pensée, conteste le bien-fondé de toute institution et la questionne dans sa pertinence à se maintenir aujourd’hui comme hier. Sur le plan politique, la philosophie de Krishnamurti me paraît essentielle dans un esprit démocratique existentiellement compris. Le militant politique ne saurait suivre un leader sans à chaque fois comprendre pourquoi il décide de le faire. Si cela était, Edgar Morin ou Claude Roy, comme tant d’autres, n’auraient pas eu besoin de faire leur autocritique dans leur suivisme relatif du communisme aveugle.

Ce que j’ai nommé la « présence éducative »[16]s’appuie totalement sur ce que nous propose Krishnamurti comme travail psychique intérieur. Il s’agit bien de passer de l’intention à l’attention, sans méconnaître tous les aléas, les ruses et la complexité d’un tel passage.

Krishnamurti sur ce point fait bien la différence entre l’intelligence et la pensée. C’est l’intelligence et non la pensée qui fait monter en nous le sens de la révolte non violente. Il écrit dans « De l’éducation », « La révolte intelligente n'est pas une réaction: elle accompagne la connaissance de soi, cette connaissance qui est perception aiguë de nos pensées et de nos sentiments. Ce n'est qu'en affrontant l'expérience telle qu'elle vient à nous, sans chercher à fuir ce qu'elle a de troublant, que nous réussissons à maintenir l'intelligence sur le qui-vive. » (p.2)[17]

Le XXIe siècle verra-t-il de plus en plus d’êtres humains « intelligents » sortir des conditionnements de tout ordre et entrer dans la liberté que nous propose Krishnamurti, véritable Socrate de notre siècle[18] ? À voir encore tant de violence et d’ignorance dans notre monde, qui désespérait Krishnamurti à la fin de sa vie, nous pouvons en douter. Cependant les « créateurs de culture » existent aussi et se constituent en réseaux de plus en plus actifs. Tout n’est pas perdu et comme l’écrit René Char « À chaque effondrement des preuves/ le poète répond par une salve d’avenir ».

[1] Catherine Despeux, Lao Tseu, Paris, Entrelacs, 2010, 297 pages

[2] Mary Lutyens, Krishnamurti, vie et mort,Editeur : AMRITA. 1999.

[3] René Barbier, à propos de Krishnamurti, page web http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1388 du « journal des chercheurs » vue le 19 juillet 2010

[4] Pupul Jayakar,  Krishnamurti, Sa vie Son Œuvre , Éditions L'Âge du Verseau, 1989, réédité sous le titre « Krishnamurti, une vie », Presses du Châtelet, 2010, 504 pages

[5] Jiddu Krishnamlurti, Amour, sexe et chasteté, paris, Stock, 2010, 199 p.

[6] Radha Rajagopal Sloss,  Lives in the shadow with J.Krishnamurti (Lives in the Shadow with J. Krishnamurti RR Sloss - 1993 - Addison Wesley Publishing) http://viesaveck.blogspot.com/  et mon article sur « le journal des chercheurs », à propos de Krishnamurti http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1388 vue le 21-07-2010

[7] Michel Onfray, La puissance d’exister, Paris, Grasset, 2006, 230 p.

[8] Paul H.Ray et Sherry Ruth Anderson, L’émergence des Créatifs Culturels. Enquête sur les acteurs d’un changement de société, Paris, Editions Yves Michel, 2001, 512 pages et en France, Association pour la Biodiversité Culturelle, préface de Jean-Pierre Worms, Les Créatifs Culturels en France, Editions Yves Michel, 2007, 131 pages

[9] René Barbier, La novation éducative : innovation, novation et changement de paradigme en éducation, Le Journal des chercheurs, page web http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1377 vue le 23 juillet 2010

[10] René Barbier, L’Approche Transversale, l’écoute sensible en sciences humaines, Paris, Anthropos, 1997, 357 p.

[11] René Barbier, le « moment de retournement » en éducation, in Le journal des chercheurs, page web http://barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=843 vue le 23-07-2010

[12] Jiddu Krishnamurti, Lettres aux Ecoles, Volumes 1 et 2, Association culturelle Krishnamurti, 1989, page 54

[13] Jean Staune, conférence à Font-Romeu,  « Science et Spiritualité vers une nouvelle synthèse
susceptible de redonner du sens à notre existence. »

samedi 10 juillet 2010, en détail dans son livre Notre existence a-t-elle un sens. Une enquête scientifique et philosophique, préfacé par  Trinh Xuan Thuan et postfacé par Bernard d’Espagnat, Presses de la Renaissance, 2007, 537 p., pages 402-406 et Benjamin Libet, (1992) The Neural Time. Factor in Perception, Volition and Free Will. Revue de Métaphysique et de Morale, N°2, pp 255-272, cité par Jean-François Lambert, niveaux de vigilance et état de conscience, Bulletin du CIRET, http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/bulletin/b20/b20c1.html page vue le 23-07-2010

[14] François Roustang, La fin de la plainte, Odile Jacob, poche, 2001

[15] Cornelius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1975, p.197

[16] René Barbier, La présence éducative, page web du Journal des chercheurs  http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1391, vue le 19 juillet 2010

[17] Jiddu Krishnamurti, De l’éducation, Paris, Delachaux et Nietslé, 1965, 125 p.,

[18] René Barbier, cours en ligne sur Krishnamurti sur « le journal des chercheurs », page web http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1112 vue le 23-07-2010

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