Le mal au cœur
"J'ai mal au cœur physiquement" disait une enfant interrogée après les tueries du vendredi 13 novembre 2015 à Paris.
Les adultes qui ont retrouvé leur âme d'enfant au-delà du rationalisme morbide, des idéologies guerrières et meurtrières, la comprennent très bien.
Toutes les tragédies humaines de par le monde portent atteinte au cœur de chacun comme organe vibrant.
On le sait, et la médecine cardiaque nous demande de nous protéger, le cas échéant, surtout si nous sommes déjà sensibles sur ce plan.
Les traditions spirituelles universelles l'ont bien entendu, dans l'élaboration subtile d'une pensée de l'Un en trois dimensions.
L'être humain est un corps sensuel et sexuel.
Mais c'est dans ce corps que se trouve le centre vital énergétique, le Hara des Japonais, le Dan Tian des Chinois, qui s'ouvre sur l'infini du Souffle, ou la source de la Shakti des hindous qui serpente jusqu'au sommet du crâne pour se déployer dans l'inconnaissable.
Il est un cœur, une âme, un foyer de sensibilité qui le relie à tout ce qui vit sur notre terre.
C'est l'Esprit-Coeur de la sagesse bouddhique en Corée, l'inter-être de Thich Nhat Hanh dans le zen. C'est le Coeur ardent dans le christianisme mystique, dans le hassidisme ou le soufisme.
Il est un cerveau complexe avec son réseau de 100 milliards de neurones, plus innombrable encore dans leurs interconnexions, qui engendre pour certains (ou reçoit pour d'autres) un Esprit comme suprême intelligence du tout dans l'Un.
Une intelligence soyeuse qui illumine le cœur et le corps.
Il se peut que cette création d'un Esprit-cœur dans le corps soit ressentie, ou perçu, comme une réalité au-delà de toute finitude ou de toute mort, malgré l'évidence assumée de sa manifestation concrète et quotidienne.
Il se peut que cette Trinité symbolique dans la non-dualité nous fasse vivre jusqu'au Cosmos réalisé, sans commencement ni fin, dans une éclaircie fondamentale, un Clair-Joyeux.
Seul l'être humain de connaissance - le sage potentiel en chacun d'entre nous - peut le soutenir et l'affirmer comme Présence de la vie dans toutes ses relations à lui-même, aux autres vivants et au Monde.
Aucune religion, aucune organisation du sacré, aucun ordre ou rite, aucun système de pensée, aucun interprète ou intercesseur, ne peuvent parler en son nom.