Ce matin sur France culture, j'entends énoncée la notion d'"insécurité identitaire" et dire que cette notion diviserait la gauche !
Le sarkozisme n'est plus au pouvoir, mais il va laisser des traces durables dans les esprits.
Par exemple, cette notion "d'insécurité identitaire" prolongement de la défense de l'"identité nationale" et de son ministère.
Le sarkozisme était tellement pétri de la pensée raciste qu'elle y était diluée, qu'elle infiltrait chaque parole et prise de position.
L'inversion des mots dans les groupes nominaux était une de ses armes.
Si vous sortez votre carte nationale d'identité et vous y voyez écrit clairement :
Carte nationale d'identité. (pas carte d'identité nationale, n'est ce pas)
Ce papier qui vous, nous fait français et nous donne les droits (et les devoirs), mais surtout les droits inhérents à la citoyenneté française.
La carte nationale d'identité est un papier qui, une fois qu'une instance nationale vous a accepté comme faisant partie de cette nation permet de vosu identifier comme étant vous, monsieur ou madame untel avec ses particularités : l'image de son visage, sa taille, sa date de naissance, ses empreintes digitales...
L'identification (et non l'identité) porte sur votre personne concrète. Il faut juste qu'on puisse vous reconnaitre comme étant celui qui est identifié là et dans toute ses particularités.
Voyez aussi le glissement entre identité et identification, cela dérape, vous en conviendrez.
Or que fait la Sarkozie et la Buissonnerie :
un tour de passe passe.
et voici apparaitre : l'identité nationale.
Vous voyez le tour de passe passe, je ne vous fais pas un dessin.
Une majorité d'entre nous a su déjouer ce mauvais plan, le 6 mai.
C'est pour cela que je me sens mieux ce matin, comme si à nouveau chacun de nous pouvait être soi même.
Alors l'insécurité identitaire ?
Cela procède aussi d'une inversion.
Je l'entend ce matin reprise dans un débat sur France culture.
Admettrez vous que le racisme est un sentiment de rejet basé sur la peur de l'autre différent culturellement, physiquement, religieusement. C'est bien ça non ?
Eh bien, la notion d'insécurité identitaire franchit un cran de plus.
Voici ce que je comprends quand j'entends cette terrible idée :
"L'autre différent peut venir contaminer votre identité et vous avez le droit d'avoir peur, car le danger existe vraiment... et c'est celui de perdre votre identité".
et là, l'identité, devient l'appartenance à un groupe qui est mis en danger par un autre groupe...
Un racisme justifié en quelque sorte, dans le concept même, car il semble à les entendre qu'on puisse avoir de bons motifs d'avoir peur, d'éprouver un sentiment d'insécurité.
Reprenons les glissements conceptuels successifs ou concomittants :
Identification des individus un à un . Carte nationale d'identité . appartenance à la nation française.
Identité nationale qui permet l'appartenance à la nation du fait de traits identificatoires d'appartenance à un groupe régi par la définition même de ce qu'est être français.
Autre glissement
La sécurité de chacun est donnée par la protection pour chacun des droits inhérents à l'appartenance à la nation française montrée par la carte d'identité.
Par un tour de passe passe identitique à celui proposé en passant de la "carte nationale d'identité" à la "carte d'identité nationale", nous arrivons à l'insécurité identitaire.... et forcément à l'identité nationale en danger, la nation en danger.
Dites moi si ce n'est pas une théorisation du racisme, le racisme mis au goût du jour, c'est à dire la constitution imaginaire de groupes rivaux selon les critères de leurs apparences, de leur appartenance religieuse ou ethnique ou....
Voilà la notion utilisée encore très sèrieusement ce matin dans notre poste.
Notez, c'est déjà bien de pouvoir en parler calmement, cela doit s'appeler la démocratie retrouvée ou tout au moins le débat démocratique retrouvé.