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Billet de blog 11 avril 2012

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78. Pain de plastic

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Je lis un roman noir qui a pour titre Alger la Noire.

On est en 1962. Je lis le mot "strounga".

Je me souviens du mot "strounga" et qu'il fallait prononcer le s suivi du t comme un ch suivi de t.

 Je me souviens que "strounga" voulait dire explosion d'un pain de plastic.

Je me souviens qu'on disait "pain de plastic", ce qui signifiait que l'explosif pouvait être pétri et mis en forme comme une pâte à modeler.

Je me souviens que de son poids dépendait la force de l'explosion.

Je me souviens avoir imaginé qu'on en coupait des tranches plus ou moins larges. 

Je me souviens que les oncles disaient le mot "strounga" et que le Père disait "plasticage de l'OAS".

Je me souviens que le mot "strounga" signifiait en réalité "explosion qui rend joyeux" et ponctuation nocturne des concerts de casseroles.

Je me souviens du mot "strounga" comme je me souviens du mot "indigène", deux gros mots de la Guerre et le Père ne voulait pas les entendre.

Je me souviens qu'on voyait tomber les vitres avec un bruit tintinabulant et cristallin juste après avoir entendu le fracas plus ou moins lointain de l'explosion. 

Je me souviens qu'on disait que les vitres avaient été soufflées et qu'on parlait du "souffle des explosions".

 (à suivre...)

LB

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