Lise Medini (avatar)

Lise Medini

Auteur compositeur interprète de chansons poétiques, érotiques ou tendres, tendance politique humour contestataire.

Abonné·e de Mediapart

20 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 décembre 2010

Lise Medini (avatar)

Lise Medini

Auteur compositeur interprète de chansons poétiques, érotiques ou tendres, tendance politique humour contestataire.

Abonné·e de Mediapart

LE SCOOP DE JEAN-PAUL BESSET:"Pourquoi j'abandonne"

Lise Medini (avatar)

Lise Medini

Auteur compositeur interprète de chansons poétiques, érotiques ou tendres, tendance politique humour contestataire.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pourquoi j'abandonne

J'ai décidé de renoncer àtoute responsabilité au sein d'Europe Ecologie-Les Verts. Cette décision est mûrement réfléchie.Elle n'est le fruit ni d'un coup de tête ni d'un coup de blues. Elle révèlel'impuissance que je ressens de plus en plus douloureusement face à unesituation de conflit interne qui m'apparaît, en l'état, dominante,indépassable, broyeuse d'énergie et d'espérance. Elle vise aussi à dissiperl'illusion fédératrice que ma présence entretient dans la direction du mouvement,entre marteau et enclume.

Autrement dit, j'avouel'échec, personnel et collectif : je ne souhaite plus m'épuiser à construiredes passerelles alors que l'essentiel des préoccupations consiste à entretenirles suspicions ou à rêver d'en découdre pour affaiblir tel courant, détruiretel individu ou conquérir tel pouvoir. Je n'assumerai pas plus longtemps lafiction et l'imposture d'un rôle revenant à concilier l'inconciliable.

Si ma mise à l'écartvolontaire, dont je pèse amèrement le sens négatif aux yeux des militantssincères, peut servir à quelque chose, c'est de dissiper le rideau de fumée etchasser l'hypocrisie: que les masques tombent ! Que les couteaux sortent s'ilsdoivent sortir ou que les convictions l'emportent enfin sur les ambitions, maisqu'au moins il se passe quelque chose, qu'Europe Ecologie-Les Verts échappe àce climat délétère de guerre froide et de paix armée !

I have a dream... Oui,j'avais fait le rêve que les Assises de Lyon, le 13 novembre, seraient une date« constituante », consacrant l'aboutissement d'une démarche dedépassement collectif pour construire une force alternative, responsable etdésirable, indispensable aux enjeux de l'époque. Cette journée devait marquerles esprits au point de les transformer grâce à un sentiment d'appartenancecommune, emportés par une dynamique qui submergerait les inévitables aigreurs,les petits calculs, les préjugés stupides, les médiocrités recuites. J'ai cruque la force de l'essentiel l'emporterait sur les turpitudes usuelles. Qu'il yaurait donc un avant et un après Lyon...

Je me suis trompé.Lourdement. Il est impossible de parvenir à faire la paix entre ceux quiaspirent à la guerre.

Il y a bien un après Lyon...mais, à l'image du nom retenu (Europe Ecologie-Les Verts), il reproduit ce quenous avions eu tant de mal à contenir dans l'avant Lyon : le scénario descrispations et des jeux claniques, la comédie du pouvoir, le monopoly desterritoires. Règlements de compte, délices du déchirement, obsessionspurificatrices et procès en sorcellerie saturent à nouveau l'espace, au pointde rendre l'air interne irrespirable et le travail politique secondaire.

La fusion-dépassement n'a paseu lieu. Le fossé des défiances reste plus béant que jamais entre ceux supposésvouloir rester en famille et ceux suspectés de chercher le divorce pour larecomposer, rendant impossible toute entreprise commune. D'un côté, le parti oùnombre de Verts verrouillent une reproduction à l'identique, avec les mêmestêtes, les mêmes statuts, les mêmes pratiques, les mêmes courants, la mêmecommunication pseudo radicale, la même orientation servile vis à vis de lagauche; de l'autre côté, la Coopérative que certains veulent instrumentaliseren machine de guerre contre le parti. Dans ces conditions, aucune discussionsereine, aucun désaccord rationnel ne peut exister. Chaque choix esthypothéqué, chaque initiative s'avère lourde de conflits.

Par bonheur, la dramaturgiede nos luttes fratricides en reste aux simulacres. Elle ne tue pas vraimentmais elle use, elle ronge, elle épuise, elle désespère. Certains bâtisseurs,comme mon vieux complice Pascal Durand, ont déjà pris leurs distances. A montour de déclarer forfait et de refuser d'assumer plus longtemps un rôled'équilibre alors qu'on me somme chaque instant de choisir un camp, de dénoncermachin ou de sacrifier truc, de justifier le moindre acte des« autres », de prendre parti dans le choc des ego, de participer augrand concours des détestations, bref de faire tout ce que je déteste.

J'ai contribué à construireun mouvement que je juge désormais métastasé et auquel, pas plus que quiconque,je ne sais apporter de remèdes. Je n'entretiens aucun ressentiment, j'apprécieles qualités individuelles des un(e)s et des autres, je ne regrette rien duchemin. Mais, sous l'impact de trop fortes pesanteurs internes engendrées parles coutumes du vieux monde politique dont toutes – je dis bien toutes! - lessensibilités d'EELV portent les stigmates, la mayonnaise collective a tourné etdéprécie maintenant les énergies.

C'est humainementinsoutenable. C'est en tout cas à mille lieux du projet qui m'habitait. Jerenonce donc sans rien sacrifier de mon espérance dans l'écologie politiquecomme horizon de survie et d'émancipation. Sous réserve, peut être, d'unsursaut durable et d'un ressaisissement collectif que mon retrait pourraitfavoriser.

6 décembre 2010

Jean-Paul Besset

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.