Réponse au commentaire de Marc Tertre du 18 février, au billet Daniel Cohn-Bendit: ébauche d'une motion d'orientation.
Daniel Cohn-Bendit aurait selon vous "un talent certain pour entourer de clinquant le vide... ". Permettez-moi de vous répondre.
Sans clinquant on ne saurait rien du vide et sans le vide rien n'aurait lieu ni espace pour exister. Lorsqu'on dépasse le cadre limité du clinquant, on découvre que le vide n'est pas aussi vide qu'on le croit; bourré d'énergie, il inspire le dynamisme qui permet à l'univers de se déployer, de se maintenir, et le moment venu de se résorber en lui.
Ce que vous appelez avec un certain mépris le "clinquant", n'est parfois que le faire valoir du vide d'où jaillit toute inspiration, celle d'occuper la rue pour qu'un peuple entier puisse conquérir sa liberté; celle qui insufle à notre société humaine le puissant besoin de mutation que réclament les multiples dysfonctionnements de notre système de gestion de l'économie mondiale et de notre biosphère planétaire.
Nous sommes nombreux dans le monde à vouloir plus de justice, d'équité, de solidarité, plus de lien social, d'échanges, de convivialité, un partage plus équitable des richesses, moins de consumérisme, de publicité, l'éradication du nucléaire, de la corruption, le respect de la terre, de sa biodiversité, de sa faune, et nous voulons aussi donner davantage de sens à notre passage sur Terre. Nous n'avons pas à meubler le vide, nous le laissons ensemencer notre conscience avec l'air du temps et ses parfums de fleurs. Les révolutions des œillets, du jasmin, des roses, des tulipes ou du cèdre, nous parlent d'espoir, d'harmonie, de renouveau. Elles amorcent la transition vers une autre façon d'être au monde et de se relier. Sur internet, les réseaux auxquels nous nous relions tissent une arborescence nouvelle qui portera des fleurs et des fruits.
Si vous relisez cette ébauche de proposition d'orientation en laissant de côté, un instant, les filtres de vos opinions et de vos doutes sur la sincérité de Daniel Cohn-Bendit, vous verrez percer les germes d'une autre façon de penser le monde, la politique, les rapports humains, la qualité de vie, la culture, en un mot, l'esprit même de l'écologie politique.
Portez-vous bien.
Je recommande à votre attention:
une présentation et une synthèse de l’ouvrage publié à La Découverte par Alain Caillé, Marc Humbert, Serge Latouche et Patrick Viveret
Marc Humbert, « Manifeste pour une société conviviale, à propos de "De la convivialité. Dialogues sur la société conviviale à venir", Une synthèse (en français, en anglais et en japonais) de l’ouvrage paru en janvier 2011 », Revue du MAUSS permanente, 20 janvier 2011 [en ligne].