J'avais, il y a une quinzaine, une conversation sérieuse avec mon petit-fils. Sa mère, ma fille, se plaint de ses mensonges, et s'inquiète un peu de l'avenir de délinquant qu'il se prépare. Après avoir trouvé les oeufs de Pâques que nous prétendions amenés par des cloches, étonné et navré, il s'avisait soudain que les adultes mentent aussi: "...pour le Père Noël, pour la petite souris, et maintenant cette histoire de cloches!"
J'essayais d'élever le débat en lui expliquant que le mensonge est un moyen d'enjoliver le réel, que par exemple il pourrait se dispenser de se planter sous le nez d'un aveugle en lui demandant pourquoi il agite sa canne dans tous les sens, ce qui risquait d'être blessant , qu'il valait mieux faire comme s'il ne voyait rien, et que s'il se mettait la tête en bas, il ne mentirait pas en disant que les gens marchent sur la tête, ce qui pose le problème de la Vérité. Bien sûr je n'évoquais pas l'affaire Cahuzac, le Grand Rabbin, la fraude fiscale et autres paradis de la Vérité relative. Parce que leur Vérité n'est plus la nôtre.Tant de mensonges destinés à nous rendre supportables les injustices, les pillages, les massacres, toutes ces belles histoires de dettes à rembourser pour les générations futures. Tous ces menteurs en costard-cravate qui prétendent oeuvrer pour le bien public. Non, parce que ces mensonges là sont trop gros, qu'ils sont destinés à voler notre espoir. Et il n'a que 6 ans.