Ooooh que nous étions in·confortables dans nos certitudes, nous les Occidentalos de bonne volonté, mais un peu perdu·es
Avant qu'arrive le virus couronné
Certain·es voyaient déjà un effondrement arriver, auquel on ne pourrait collectivement rien faire
Mais ils et elles (enfin surtout ils) se démenaient, pour semer le doute, ouvrir des brèches, opposer l'optimisme de la volonté au pessimisme de la raison
Sans voir pour autant ou en regrettant, de ne prêcher quasi que des convaincu·es
D'autres pensaient qu'un capitalisme vert était possible
Et se démenaient, pour semer le doute, ouvrir des brèches, imposer l'optimisme de leur volonté
Sans voir pour autant, qu'iels ne prêchaient que des convaincu·es,
Qui en avaient en grande partie le temps et la bourse
Ou alors iels ne croyaient pas au capitalisme vert,
Mais pensaient que la voie d'action principale, c'était les parlements
Et se démenaient pour semer le doute, ouvrir des brèches, imposer l'optimisme de leur volonté
En regrettant de ne prêcher que des convaincu·es
D'autres encore se démenaient,
pour faire entendre aux convaincu·es
pourquoi ils ne prêchaient que des convaincu·es.
Enfin, il y avait toustes celleux, que les catastrophes en cours effrayaient tellement, qu'iels ne pouvaient y croire
Et se démenaient, pour se rassurer,
Réchauffer leurs pieds dans leurs pantoufles ronflantes au coin du feu
Mais le Virus Couroné est arrivé,
avec sa petite musique
La Bourse ou la vie ?
Et l'on ne voulait pas trancher.
Mais l'on subit la mort, la maladie et la solitude
Sa Majesté le Virus insistait,
avec sa petite musique
La Bourse ou la vie ?
Et l'idée germa, qu'il faudrait peut-être choisir
Chez les convaincu·es qu'un autre monde était possible
Car il était indispensable
On fut d'abord, comme tout le monde, surpris·es, effaré·es, en déni, gémissant, angoissant, réfléchissant
De réflexion en réflexion iels se dirent
"Ce virus là a surpris les gouvernements,
Qui hurlent à tue-têtes
"TINA ! TINA ! TINA!"
Peut-être que c'est un moment à saisir
Contre la théorie choquante
Et les gouvernements droitiers,
Hurlaient à tue-têtes "TINA ! TINA ! TINA!"
Tant et si bien qu'on ne sait plus
S'iels en étaient tant convaincu·es
D'autant que les mort·es
Se multipliaient
Sans qu'on puisse les pleurer
Les soigant·es se plaignaient d'être mal soigné·es
Les aides ménagères de faire le sale boulot
Les routiers d'être en déroute
Les caissier·es de passer à la caisse
Toustes entendirent la petite musique
royalement virale
La Bourse ou la vie
Iels se mirent à la chanter en choeur
La Bourse ou la vie
Ma bourse ou ta vie
Ma vie ou ta bourse
Pansons nos vies!
Remplisséons-vnous la panse!
Qu'importe que la Bourse s'épanche
Tant que vnos vies soignent les vnôtres!
Tant que vivant·es vnous soignéons vnos envies!
Iels chantèrent tant et si bien
Que les gouvernements bien droits
affirmèrent
La vie c'est la Bourse!
Mais on sentait un doute poindre
La cacophonie était si grande
Qu'on entendit Saïdou affirmer
Si quelqu'un ne t'écoute pas, tais-toi!
Tu comprendras peut-être, pourquoi il ne t'écoute pas
Que les pantouflard·es sortirent doucement
De leur torpeur
L'oreille tendue, iels entendaient
La petite musique du Virus
La Bourse ou la Vie
Les hurlements tinasques
La vie c'est la Bourse !
Et l'on comptait les mort·es
Mais l'on ne pouvait pas les pleurer
Les pantouflard·es tendirent un peu plus l'oreille
En allant apporter des vivres et des masques aux soignant·es
Toustes entendirent le choeur des soignant·es
Qui s'amplifiait
La Bourse ou la vie
Ma bourse ou ta vie
Ma vie ou ta bourse
Pansons nos vies!
Remplisséons-vnous la panse!
Qu'importe que la Bourse s'épanche
Tant que vnos vies soignent les vnôtres!
Tant que vivant·es vnous soignéons vnos envies!
Alors les collapsologues et les bobos,
Les décolonialos et les zadistes
Les député·es et les féministes
Se ressaisirent
Tina s'effrite, c'est la brèche
Tina s'effrite, mieux qu'en 68
Tina s'effrite, saisissons l'occasion
C'est un évènement! Le groupe en fusion!
Sus à la chosification ! Sus à la néolibéralisation !
Pensons collectif!
Pansons le collectif!
Et toustes se mirent
Àpenser comment panser la Vie
À panser comment penser la vie
À penser comment panser à se parler
Du coeur de la distance social
revint l'idée que jadis avait raison
le grand Aimé qui énonçait
"Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement
est une civilisation décadente"
Et les zadistes écoutèrent les décolonialos
Et les bobos écoutèrent les zadistes
Et les collapsos écoutèrent les féministes
Et les député·es, entrainé·es, tentèrent elleux aussi
D'y voir clair
Et le Virus continuait royalement
Sa petite musique angoissante
La Bourse ou la vie
Tous les soirs, au son des casseroles, sur le coup de 20 heures
Grondait une exigence
TINA : LA VIE ! TINA: LA VIE !
Et d'une petite musique à l'autre,
De bouches à oreilles
D'oreilles en bouches
De reprises en variations
naquit la mélodie
De l'amour révolutionnaire
On se surprit à rêver
Du réveil des pantoufles en claquettes
Et jusqu'à la métamorphose inverse
Des bottes qui bruissent, des armes qui crissent
En claquettes, en stéthoscopes
On quitta nos solos lyriques pour rejoindre
D'amples chants-chorale
Les chorales s'unirent
En polyphoniques harmonies
Qui transformaient en incantations victorieuses
dans toutes les langues
L'ancien grondement sourd
TINA : La vie !
TINA : Nos vies!
TINA : La Vie !
Et tout·e un·e chacun·e, surpris·e
Découvrit la possibilité commune
De libérer nos chaines
De l'injonction
jusqu'alors contradictoire :
La Bourse! La Vie!
Le doute semé aux quatre vents
Germa en fleurs de printemps
Les abeilles butineuses fredonnaient
Pansons nos vies!
Remplisséons-vnous la panse!
Tant que vnos vies soignent les vnôtres!
Tant que vivant·es vnous soignéons vnos envies!
Enfin
La Bourse mise en sourdine
La Vie reprit ses droits