Lettre ouverte au membres du SPIIL

Il y a peu de temps, était créé le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (SPIIL), avec pour membres fondateurs : @rrêt sur images, Bakchich, Indigo Publications, Mediapart, Rue89, Slate, Terra Eco.
Je suis depuis plus d'un an lecteur de 4 de ces sites d'information, et abonné à 3 d'entre eux. J'apprécie ces sites et suis convaincus de leur volonté de fournir une information indépendante. Mais je ne peux que regretter qu'ils reproduisent certains travers de la presse et des médias traditionnels. En particulier dans le traitement de l'information politique, que je perçois comme plutôt comme de la pipolitique, tant les médias sont incapables de dissocier les idées et le débat sur les idées de leurs messagers, les femmes et les hommes politiques. Cet état de fait est à mon avis des plus nuisible pour notre société, car il véhicule l'idée que la personne importe plus que l'idée.

Dans les faits cela se traduit de diverse façons :

• illustration des articles par des photos de femmes et d'hommes politiques
• diffusion des petites phrases
• classification des politiques selon leur "maître à penser" (sarkozyste, villepiniste, chiraquien, royaliste, mitterrandien...)

Je demande donc aux membres du SPILL en particulier, et à tous les médias en général, d'adopter des règles pour y remédier :

• Ne pas citer le nom de politiques, mais les fonctions qu'ils incarnent.
• Ne pas diffuser de représentation de femmes ou d'hommes politiques.

Cela peut sembler un peu extrême, mais je pense qu'il faut au moins ça assainir le traitement de l'information politique et des idées, seulement des idées, arrêter de perdre notre temps en bavardages de cours d'école.
On peut accuser les politiques d'abuser des médias pour communiquer, mais les médias sont très complaisants. Le citoyen lambda n'est pas non plus exempt de tout reproche, car s'il ne mangeait pas passivement la mauvaise soupe qu'on lui propose, les médias arrêteraient de la lui servir. C'est un cercle vicieux. Et, si je demande aux médias de prendre sur eux de briser ce cercle, ce n'est pas pour les montrer du doigt plus que les deux autres catégories, mais parce que j'espère qu'ils seront les plus à même de faire preuve de lucidité. Et il sera tout à leur honneur d'initier ce mouvement d'assainissement.
Dans la lignée de la non représentation des politiques, on pourra aussi juger bon de s'abstenir de publier les photos des journalistes en médaillon des articles ou des billets de blogs. Cela permettrait aux lecteurs de porter toute leur attention sur le contenu sans se laisser distraire par la tête de son rédacteur. Je serais même pour l'anonymat des journalistes dans leurs écrits.