lobjecteur

Psychologue retraité , directeur établissement médico-social centre de soins addiction, pêcheur à la mouche assidu

Abonné·e de Mediapart

3 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 février 2024

lobjecteur

Psychologue retraité , directeur établissement médico-social centre de soins addiction, pêcheur à la mouche assidu

Abonné·e de Mediapart

LFI Tout changer pour que rien ne change

Engagé dès le début dans le soutien à la candidature de Jean Luc Mélenchon je me suis vite trouvé confronter à la loi d'airain semble t-l des partis politiques : ne jamais conserver un esprit critique sur le fonctionnement démocratique. LFI n'a jamais su dépasser le paradoxe de mieux contrôler le parti pour transformer la vie politique du pays vers plus de démocratie .

lobjecteur

Psychologue retraité , directeur établissement médico-social centre de soins addiction, pêcheur à la mouche assidu

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonjour à toutes et à tous,

Comme vous j’ai été déçu par le résultat des européennes. Même si cette élection au départ ne nous était pas très favorable en raison de l’abstention chronique des électeurs nous devons admettre que les résultats n’ont pas étés à la hauteur. Il nous incombe donc de comprendre les raisons de cet échec afin de remédier à ce qui peut encore l’être avec comme unique règle de n’exclure aucune réflexion.

Il nous faut observer que cette élection s’est tenue dans un contexte particulier celui du mouvement des G Jaunes, mobilisation comme la France n’en a plus connu depuis 68 sur des thèmes parfois ambigus mais aussi souvent sur ceux proches des nôtres.   Ce qui n’empêchera pas JLM après les élections d’expliquer la défaite ainsi :"Je suis stupéfait que personne n’intègre dans son analyse le nombre des défaites que nous avons subies en deux ans faute de Front populaire de résistance comme nous n’avons cessé de le demander. Le code du travail, le statut de la fonction publique, l’organisation de l’école, le budget de la santé, et combien d’autres des piliers de l’ancien ordre social ont été abattus sans aucun dommage pour le pouvoir ni mobilisation populaire à la hauteur des événements." Ainsi même au soir de la défaite il semble refuser de se poser les questions au sujet de la stratégie mais aussi sur le fonctionnement interne du mouvement.

Pourtant ce qui était invisible devient visible aux yeux de tous suite au choc de la défaite électorale et par les départs du mouvement de personnes qui comme C Girard ont été pendant la campagne des présidentielles des référents importants. Je vois que certains déplorent aujourd’hui le fait que l’on aurait oublié le R de réflexion dans l’acronyme GA.  En ce qui me concerne il suffira à chacun de se reporter à mes mails pour constater qu’il n’en a rien été. D’abord parce que je ne reconnais à personne le droit de m’empêcher de penser et de faire part de mes réflexions à ceux que cela pourrait intéresser en choisissant la méthode des pièces jointes qui laissent à chacun le choix d’y aller voir ou pas. Pour un mouvement qui « promeut l’intelligence collective » j’ai le souvenir de comment ont été accueilli les propositions critiques que je pouvais faire sur le fonctionnement de la FI et mes questionnements.  Il a même été dit et écrit que ceux « qui critiquaient le mouvement n’avait qu’à le quitter ». Lorsque je me suis étonné que l’on puisse exclure d’un mouvement « dit gazeux » ceux qui faute d’adhésion ne peuvent en être membre ou lorsque j’ai critiqué la posture de Mélenchon au moment de la perquisition ou le mélange des genres (vie publique vie privé) ou la disparition déjà de C Girard c’est tout juste si je n’ai pas retrouvé les mêmes mécanismes que j’avais connu dans un vrai parti celui-là, le PC pour ne pas le nommer.

J’ai déjà dit ici tout le mal que je pensais du prétexte « à ne pas être un parti comme les autres » au motif que l’on avait bien perçu semble-t-il le rejet du modèle représentatif. Sur le plan fonctionnel et je ne peux croire qu’il s’agit d’un manque de réflexion il est évident que si les partis et aussi les syndicats ont perdu leur pouvoir de rassembler autour d’eux ce n’est pas seulement parce qu’ils sont « des partis » mais surtout parce qu’ils se sont mis à fonctionner comme toutes les institutions qui n’ont plus pour objet que d’assurer leur survie et celle de leurs représentants. La position du PC lors de ces européennes en est un exemple flagrant ou les cadres du PC ont pris leurs revanches sur les militants en présentant une liste, préfiguration des futures alliances PC, Verts et Place publique qui permettra ici ou là à quelques caciques communistes de poursuivre leurs carrières. Quant aux syndicats en abandonnant l’arme de la grève générale et en ne trouvant pas les moyens de résister à l’entreprise libérale visant à les décrédibiliser (comme l’a très bien explicité G Chamayou) ils ont fini par intégrer la loi du marché soit en se faisant concurrence, soit comme la CFDT qui a fait du Macronisme avant la lettre en se définissant comme réformiste et nous savons aujourd’hui combien la protection du monde du travail a progressé à la suite de cette stratégie. Que la CFDT se sente aujourd’hui trahie suite à la réforme du chômage montre soit sa naïveté face à la violence du libéralisme réformateur soit sa duplicité vis-à-vis du monde du travail son objectif n’ayant été que d’accompagner en pleine lucidité la casse sociale. Mais il semble que la CFDT soit réintégrée au service du pouvoir à l’occasion de la réforme des retraites. A suivre.

J’ai déjà également dit tout le mal que je pensais de la méthode du consensus et nous en percevons aujourd’hui les limites. L’intérêt de cette méthode est de faire disparaitre comme par enchantement les oppositions et in fine la démocratie car aucun vote pour choisir ses mandants ne vient jamais sanctionner une absence de   débat. Je crois fermement au contraire que la FI aurait dû devenir un parti « réellement démocratique » cette dernière n’étant pas seulement une idée mais avant tout une pratique. Accepter le débat, et apprendre à accepter de ne pas voir ses idées retenues fait aussi parti de l’apprentissage de la démocratie.

Enfin n’est-il pas paradoxal pour le moins d’être un mouvement qui milite pour l’avènement d’une nouvelle république plus démocratique et dans le même temps d’en empêcher toute manifestation en son sein.

Il n’y a pas eu de front populaire ! Cette terminologie qui renvoie en un temps révolu ou les mouvements syndicaux étaient puissants et ou la composition sociologique du pays était très différentes me semble très courte et exclu le mouvement des gilets jaunes comme mouvement populaire d’opposition aux politiques libérales. Il semble toutefois que cette remarque concerne une véritable erreur stratégique pour la mobilisation.

La FI limite-t-elle son objectif à n’être qu’un mouvement regroupant des écuries partisanes ayant chacune leur tête d’affiche ou être un mouvement s’adressant, regroupant des électeurs. ? je reviendrais plus loin sur cette ambiguïté.

 Si nous n’avons pas réalisé nos objectifs encore que comme beaucoup je n’ai pas vraiment saisi quels ils étaient dans cette campagne nous devons faire l’effort de compréhension afin de corriger ce qui peut l’être dans un contexte historique dramatique. Avant toute action il convient de poser un diagnostic clair. 

La France est le dernier pays européen mis aux normes libérales consécutives au traité de 2005. Macron est le maitre d’œuvre de la destruction du modèle social français. Varoufakis nous avait d’ailleurs prévenu en nous informant que la France serait le prochain pays à l’agenda européen ! Nous assistons à la résurgence et au dévoilement du cynisme de notre oligarchie, mais pas seulement. L’oligarchie du capital est depuis longtemps internationale, et nous avons assistés à la privatisation, du patrimoine de tous les français : les grandes entreprises publiques comme les réseaux routiers ou énergétiques. Voilà qu’elle est la situation et que cette entreprise de destruction soit cachée par les médias aux mains de cette oligarchie ne change rien à la situation.

La radicalité que nous avons surgir à travers le mouvement des Gilets jaunes est le symptôme de cette destruction dont les plus pauvres ou tout simplement les plus modestes sont les premières victimes. C’est aussi une réponse à la déclaration de guerre de l’oligarchie dont ils sont les premiers touchés. Nombreux sont ceux qui parmi nous ont remarqués que la plupart des revendications des Gilets Jaunes figurent dans le programme de la Fi des présidentielles et ne comprennent pas que nous n’ayons pas su convaincre et fédérer davantage pour cristalliser cette opposition.

Encore une fois il ne servirait à rien de renvoyer toutes les causes de nos échecs au parti d’en face. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne se cache pas de nous faire la guerre et les gueules cassées des manifestant l’expriment assez bien. Par contre si le diagnostic est correct si nous assistons bien à la destruction systématique d’un modèle social issue de ceux qui sont morts pendant la résistance et qui a été le fruit d’un compromis historique après la libération nous devons nous poser la question du positionnement de notre mouvement.

Le libéralisme a la prétention de s’imposer par la loi qui est l’instrument principal pour garantir la protection du capital. Pour être plus précis le terme exact pour définir la domination du capital son hégémonie repose sur « le droit » qui défend la liberté, entendu comme la liberté d’entreprendre. La manifestation ultime de cette arme juridique c’est la possibilité pour des entreprises privées de faire un procès à un état qui prendrait des dispositions contraires à sa recherche du profit. Il s’agit par le biais de traité de libre-échange de contraindre les états et les gouvernements actuels et futurs à ne plus mettre de frein à cette quête de profits maximum.

Seuls les naïfs peuvent croire que ce libéralisme puisse un jour être social comme ils tentent bien souvent de nous le faire croire en nous pondant un argumentaire ou le mot social-libéralisme viendrait occulter les manifestations brutales antisociales. Il nous faut remarquer ici qu’ils réussissent à imposer leur monde parce qu’ils ont compris et accepter, en les mettant à leur service, toutes les techniques de communication issue d’une conception constructiviste du langage.

Ce n’est pas pour rien que les libéraux à la fois produisent des fakes news en prétendant faire des lois pour lutter contre ces dernières justifiant la mise en place de contrôle toujours plus efficaces des réseaux de communication, comme nous pouvons le constater à travers les lois et accord avec les GAFA.

 Si les éditorialistes nous assènent à longueur d’antenne une propagande de type « gobellienne » ( ou il suffit de dire un mensonge longtemps pour qu’il devienne une vérité ) du type « il faut lutter contre les déficits » « on ne peut dépenser plus que l’on gagne » et autres fadaises masquant un ordre de réalité sous-jacents indicible celui-là qui pourrait être résumé par  -« faisons fructifier le capital » ou « ne soignons plus, n’éduquons plus les pauvres car cela coûte trop cher », si ces éditorialistes se le permettent c’est tout simplement qu’ils s’expriment dans des médias aux mains de l’oligarchie et qu’ils ont intériorisés les mantras de leurs maîtres mais aussi hélas parce que ça marche. Ils ne dépensent pas des milliards dans la presse et les réseaux de communication par philanthropie et pour sauver la liberté de la presse.

Au-delà des effets pragmatiques sur l’opinion, les libéraux ont aussi réussi de faire disparaitre les rapports de production donc d’exploitation en substituant le discours économique au discours politiques, discours économique qui bien évidemment justifie toujours in fine la protection du capital.

Faire sienne une approche constructiviste c’est accepter que notre monde n’existe que et seulement que dans le domaine des descriptions produites et il ne faut donc pas s’étonner que des libéraux produisent une description du monde libérale.  Les observateurs que nous sommes nous n’accèdent à la réalité que lorsque nos constructions échouent et il en est ainsi aussi pour les sciences dites dures, qui n’ont de dureté que dans le contexte historique ou elles sont produites. Ces éditorialistes ne nous délivrent pas une description de la réalité du monde mais nous font part de leur construction du monde tel qu’ils souhaitent le voir se perpétuer avec comme seule règle la protection et la perpétuation du capital.

Il nous faut comprendre pourquoi -en même temps que lors de la crise des gilets jaunes et des images de cette dernière à profusion sur les médias- notre président s’est mis en scène pendant des heures pour un soi-disant débat national qui n’était en fait « qu’une technique » visant à instituer un ordre de réalité alternative à la présence des images des manifestations. Nous devons donc impérativement comprendre notre échec aux européennes, même s’il est relatif à une faible participation, comme notre échec à imposer un ordre de réalité à travers le seul outil qui nous reste : le langage et son expression dans notre communication.

Dans cette guerre de la réification il nous faut pointer l’erreur commise par ceux qui ont acceptés d’aller dans les médias « avec un gilet jaunes sur le dos ». Bien sûr que les médias ont choisis construits une image du mouvement à leurs convenances avec la complicité des plus égotistes du mouvement mais il nous faut admettre que c’était une erreur émergente du mouvement lui-même résultant de son impossibilité de s’organiser en reprenant à son compte la critique des partis et des syndicats. Nous voyons aujourd’hui ou ont conduit cet abandon de la croyance en la construction d’un mouvement au profit d’une réification médiatique le gilet jaune. Plus profond il me semble que nous avons eu sous nos yeux ce qu’il advient d’un mouvement lorsqu’il abandonne l’expression d’une parole incarnée au profit « d’un signe médiatique fétichiste » qu’il s’agisse d’un gilet jaune ou…. d’un livre programme.  

De l’autre côté de l’atlantique le parti démocrate est également en plein débat entre ceux qui voudrait incarner le changement les jeunes élus du parti et les orthodoxes incarnés par H Clinton qui ont si bien servi la finance autour de la question que nous connaissons bien : comment capter le vote des abstentionnistes. L’un des secrétaires de Horacio Cortes exprimait ainsi le point de vue de la jeune génération

 « La théorie du changement de l’actuel parti démocrate est la suivante : pour gagner ce pays, il faut attirer ce que j'appelle le “milieu hypothétique”. C’est-à-dire ne pas prendre de risque, ce qui se traduit par ne rien faire, explique-t-il dans le Washington Post. Nous avons une théorie du changement totalement différente : faire les trucs les plus grands et les plus formidables que vous pouvez faire. Cela excite les gens et les incite à voter. Parce que la réalité, ce n’est pas qu’il y a plus d’électeurs républicains que démocrates. Notre problème, c'est que la plupart des électeurs potentiels du parti démocrate ne votent pas. »

Nous sommes nombreux à nous demander quels étaient vraiment les positionnements de la FI pendant cette campagne européenne hormis peut-être l’objectif inavoué de poursuivre son institutionnalisation en obtenant des élus européens en sus des élus nationaux.

En effet qu’elle est notre position aujourd’hui sur « la perte de souveraineté » mot qui fait peur aux internationalistes de gauche alors que les plus internationalistes aujourd’hui sont les détenteurs de capitaux, d’où leurs constances à travers les traités européens à voir se diluer toutes possibilités à un état de politique alternative au libéralisme. ?

Quelle est notre position sur l’euro alors que nous avons vu lors de la crise grecque qu’il était le principal instrument de domination en organisant une crise de liquidité pour le peuple grec instigué par la BCE, alors qu’elle organise aujourd’hui la distribution d’argent gratuite pour les banques ?

Comment comprendre l’enrôlement de Maurel et Lienemann membre de l’aile gauche du Ps (d’où vient Mélenchon lui-même) autrement que comme un recentrage visant à reconstruire peut-être déjà un mouvement social-démocrate consécutif à l’effondrement du PS ?  La conséquence de cette évolution a été la disparition de radicalité du mouvement alors que dans le même temps cette radicalité trouvait à s’exprimer dans le mouvement des gilets jaunes !

Nous assistons aujourd’hui à la destruction d’un monde construit par ceux qui nous ont précédés. Certes nous ne sommes pas encore tous touchés par les conséquences de cette destruction mais nous ne manquerons pas de les percevoir dans nos vies. Les réformes de l’école, du chômage des retraites vont accentuer la mise à jour du programme libéral directement instigué par Bruxelles.

Enfin la France Insoumise est tombée dans le piège tendue par les libéraux en faisant de la lutte contre l’extrême droite son ou un de ses principaux combats. Pourtant nous sommes nombreux à comprendre la soi-disant montée des extrêmes comme la conséquence directe des politiques libérales. On oublie que l’extrême droite n’a cessé de progresser depuis que la gauche a retourné sa veste en 83.  Nous oublions les leçons de l’histoire en mobilisant les énergies dans la lutte contre l’extrême droite en lieu et place de réserver nos flèches aux véritables responsables alors que nous souhaitons nous adresser également à ceux qui sociologiquement pour une grande partie pourrait venir renforcer notre électorat après avoir quitté une gauche qui les a toujours déçus. Les libéraux doivent se fendre la gueule lorsqu’ils nous regardent combattre sa marionnette. Si nous nous référons au fameux « quand le sage montre la lune l’imbécile regarde le doigt » il nous faut convenir qu’en ce qui nous concerne ce dicton deviendrait comme nous sommes intelligents « Quand les libéraux montrent les fascistes nous regardons…. les fascistes »

 Je conseille à tous ceux qui voudraient contredire cette analyse de lire « l’ordre du jour » prix Goncourt 2018 et qui démontre que lorsque cela sera nécessaire l’oligarchie n’aura aucun scrupule à mettre au pouvoir l’extrême droite. Le personnage est déjà présent : Marion  M Le Pen. La seule manière de vaincre l’extrême droite c’est de gagner les élections.

Cette question devrait donc être traiter à froid c’est-à-dire hors période électorale afin de sortir du piège de la culpabilisation en prenant position clairement et avec force contre notre non soutien à un principe soi-disant républicains alors que les libéraux n’hésitent jamais eux à nous situer dans le camp des extrêmes sauf lorsque nous devons venir à leur secours. Je sais que je vais faire hurler ceux qui parmi nous s’imaginent qu’en votant Macron aux dernières élections ils ont sauvé la République. Mais je ne m’attache qu’aux faits et je constate que les atteintes à toutes nos libertés n’ont jamais été aussi graves qu’aujourd’hui sous ce président, et que ce dernier a pu en toute impunité politique squatter les chaines de télévision pendant des heures dans une mise en scène digne des pires dictatures.

La manipulation semble réussir parce que le débat politique semble se résumer à cette injonction que ne pas le soutenir serait faire le jeu de l’extrême droite. Pour terminer si le vote FN est un symptôme alors il faut combattre la maladie le libéralisme.

Il est remarquable qu’en plus de la « pseudo lutte contre l’extrême droite » alors que ce gouvernement procède à des violences et des atteintes aux libertés comme aucun autre, est venu s’adjoindre la lutte pour la sauvegarde de la planète. Entendons-nous bien je suis un écologiste convaincu depuis ma lecture de G Bateson en 84 mais c’est justement parce que je suis écologiste que j’ai compris depuis longtemps que l’écologie ne pouvait être sauvegardé dans un monde ou la recherche de profits maximum n’est pas proscrit. Le « tiédasse Jadot » ne fait qu’incarner cette mouvance qui se transforme dès les élections passées en organisme de placement.

Nous assistons également au retour de ceux qui nostalgiques d’une union de la gauche comme C Autain, ou R Gluskmann n’ont en réalité comme objectif de poursuivre l’entre soi des carrières politiques à travers un rassemblement hétéroclites de mouvement qui ne rassemble plus de militants hormis les candidats éternels à tous les postes électoraux même dissimulé sous les meilleures intentions et slogans comme le « Festival des idées ».

Le PS avait déjà abandonné sans se cacher les classes populaires (rapport Terra Nova) et nous avons assisté lors du mouvement des gilets jaunes au même discrédit de classe qui, s’il se comprend lorsqu’il émane des proches du pouvoir n’est pas acceptable de la part de ceux qui aurait une quelconque prétention à se définir de gauche. Ils sont malheureusement tellement habitués à ne jamais fréquenter le peuple que lorsqu’ils le rencontrent ils ne le reconnaissent pas et le trouve trop ceci ou pas assez cela.

Les mouvements aspirants aujourd’hui à la recomposition de la gauche sont quasi tous issus historiquement des mouvements des années 70 composés de gens ayant fait leurs places dans le monde médiatico- universitaire pour la plupart et ils n’ont fait que rejoindre sociologiquement la petite bourgeoisie. Il n’est qu’à voir le destin d’un Romain Goupil ou d’un Weber ou pire d’un Gluskmann père maoïste hier et libéral extrême aujourd’hui. . En fait déjà des fils de la bourgeoisie, ils avaient trouvé un moyen bien commode de faire chier leur père en devenant des gauchistes déjà férocement anticommunistes ce qu’ils sont restés bien évidemment.

Enfin l’entreprise libérale aspire à la destruction des états et est aujourd’hui en passe de réussir par l’entremise de son arme ultime la perte de ressources et des moyens d’agir que sont la monnaie et la fiscalité.

Alors si nous ne voulons pas aller au-devant de multiples déconvenues il est temps de retrouver le chemin d’une certaine radicalité face à l’emprise des libéraux. Et nous devons à la guerre que nous fait le capital avoir un discours à la hauteur

Nous ne devons pas avoir peur d’exprimer clairement notre opposition au libéralisme. Il est faux de prétendre comme les libéraux qu’il n’y aurait pas d’autres alternatives ce qui est une vision extrêmement réductrice de notre humanité. L’idéologie libérale a trouvé aujourd’hui comme arme ultime une idéologie populiste de droite incarné par Trump aux USA mais qui a des échos partout dans le monde. Notre président et ses politiques n’échappent pas à cette « trumpisation » lorsqu’il s’en prend comme lui à « l’état providence qui coûte un pognon de dingues » « aux services publics dans leurs ensembles » en désignant ses agents à l’exception des policiers comme des privilégiés et désignant à la vindicte populaire tout citoyen jouissant encore d’une quelconque protection.

Si nous procédons par analogie nous pouvons décrire l’ensemble de ces techniques de gouvernance identique au processus de la corrida. En effet le rituel impose que le taureau ne distingue jamais qui tient la muleta comme les libéraux populistes s’arrangent pour ne jamais laisser entrevoir aux opprimés les véritables responsables de leurs exploitations en leur désignant les immigrés les profiteurs de services sociaux et tout autre se trouvant au-dessous chaque fois qu’ils baissent la tête.

Il nous faut comprendre l’émergence de ce populisme de droite comme le moyen de survivre du capitalisme à la crise de 2008. Aux états unis des millions de citoyens ont perdus leurs maisons et vivent encore aujourd’hui dans des camps à la périphérie des villes. En Europe la crise des banques privées a été transféré aux états qui sont aujourd’hui très endettés et qui sont donc contraint dans une perspective libérale de se désendetter. Comme cette alternative n’est guère possible la dette est utilisé comme instrument de gouvernance d’accroissement des profits par la pression sur les salaires et l’emploi. Dans le même temps le système est maintenu artificiellement par un accroissement vertigineux de l’endettement aux états unies mais aussi en France, qui touchent également les grandes entreprises grâce à une politique monétaire accommodantes de la BCE qui pratiquent des taux extrêmement bas. Malgré cela certains secteurs financiers ne trouvent pas à investir et préfèrent replacer leur argent à des taux négatifs auprès de la BCE. Même la France qui s’endette se voit proposer des taux négatifs par la BCE. La question n’est donc pas de savoir s’il va y avoir une nouvelle crise mais quand et dans quel secteur ? Celui de l’assurance vie est celui le plus en risque aujourd’hui mais également et ce sont parfois les mêmes les secteurs bancaires.

Nous comprenons donc mieux également les dérives autoritaires des gouvernements dits démocratiques et la France est un exemple frappant- sans jeu de mot- de ce que devient un état au service exclusif d’une oligarchie contrainte d’user d’expédients anti-démocratiques. Tabassage de manifestants comme jamais, contrôles préventifs de milliers de personnes avant les manifestations, traiter les opposants comme des terroristes, contrôle de l’information (loi sur les fakes News, attaques des journalistes et leurs sources, protection des entreprises avec la loi sur les données économiques etc etc . Enfin quoiqu’ils en disent ils s’accommodent très bien des dirigeants I libéraux de l’est parce que ce sont avant tout des libéraux alors qu’ils ont été sans pitié pour Siritza.

Alors oui nous avons une grande responsabilité. La première c’est de prendre conscience de certaines de nos prémisses afin de les modifier et donc de faire de nouveaux apprentissages.

La première des prémisses dont nous devons nous défaire est celle qui suppose que l’on peut opposer un discours rationnel à l’idéologie populiste de droite pour la simple raison que n’importe quel oligarque prétendra bien évidemment que ce n’est pas « son avidité » qui le guide mais son « goût pour l’entreprenariat » et qu’il est un « créateur de richesse » quand bien même elle résulte comme bien souvent aujourd’hui de la destruction de valeur par le biais des fusions d’entreprises ou le rachat d’actions grâce à la générosité de la BCE . En fait il n’exprime qu’un coté profondément humain et la possibilité infinie dont il dispose de laisser s’exprimer son cerveau archaïque qui nous fait croire que « plus » de quelque chose c’est « mieux » que moins quand bien même il s’agit d’accumuler le capital.

En ce sens il serait parfois utile de combattre certaines des mesures de Macron en en faisant une question de « morale » avec la forme appropriée en faisant appel à un registre émotionnel et il aurait dû s’entendre dire simplement « qu’il devrait avoir honte de prendre 5 euros à des gens qui ont peu pour donner des millions à ses amis les riches qui ont beaucoup » Il ne s’agit pas de morale au sens strict mais d’efficacité communicationnelle. L’oligarchie disposant de quasi tous les grands médias elle peut user et abuser de la communication « non-verbale » de la mise en scène du pouvoir et que ce sont les signes non-verbaux qui l’emportent toujours sur les contenus. Enfin utiliser un autre registre de discours ‘celui que j’appelle émotionnel fait appel à des représentations universelles de ce qui se fait auxquelles se réfère Orwell et à sa notion de décence à laquelle Michéa fait souvent référence.

Enfin il nous faut choisir impérativement à quels électeurs prioritairement nous voulons-nous adresser. Voulons-nous parler à toute la bande des signataires CSP + qui d’échec en échec appelle tous à une refondation de la gauche comme si être de gauche n’était pas prioritairement s’occuper des plus faibles ou bien nous adresser à l’immense majorité des précaires et de tous ceux susceptibles de le devenir ou en voie de l’être de notre pays. En résumé voulons nous séduire les leaders de mouvements ou des potentiels électeurs. En clair voulons nous nous « Terranovoisé » !

Les révolutions du 19 -ème et la révolution russe se sont appuyées sur la classe ouvrière, Mao sur la paysannerie. Je crois sincèrement que le changement proviendra de la classe des exclus et ira à ceux qui sauront le mieux leur parler et malheureusement c’est aujourd’hui le RN qui y parvient le mieux.

Toute occupée à sa conversion libérale et notamment à travers ses lois sur la flexibilité du travail la gauche n’a pas voulu voir l’immense classe sociale qu’elle était en train de fabriquer : celle des exclus en opposition aux inclus qui se caractérise par l’éprouver d’un sentiment intense de vulnérabilité ou le futur se conjugue au quinze du mois voire moins. Stratégiquement il est clair que c’est dans cette dernière que se recrute les abstentionnistes ou les nouveaux électeurs du RN. Il est donc évident que si nous ne sommes pas parvenus à capter cet électorat c’est avant tout parce que n’avons pas su lui parler. En remplaçant la lutte des classes par la lutte des genres et des minorités nous avons délaissés les problèmes de cet électorat potentiel.

J’ai été élevé dans le respect de l’impôt parce qu’il était l’instrument du collectif et que cela me plait que chacun puisse être soigné même si je ne suis pas moi-même souffrant.

Aussi j’aurais très bien compris comme cadre moyen que l’on me réclame 50 euros de CSG en plus pour augmenter la retraite des plus faibles mais qu’on me les prenne pour exonérer les plus riches de l’impôts sur la fortune me fout les boules.

Mais les mots que nous devons utiliser doivent être clairs et parler de ce qu’ils désignent précisément.

Et ne plus laisser sans réponse la dérive du langage libéral qui transforme le salaire en impôts en incluant les cotisations sociales dans l’ensemble des prélèvements oubliant aux passages que les baisses de cotisations sont des diminutions du salaire mutualisé que les français payeront par la baisse des dépenses socialisées.

Nous devons réaffirmer explicitement que lors du référendum de 2005 le peuple français s’est prononcé contre la libéralisation de l’économie et que notre système social sera préservé et donc dire que dans notre prochaine constitution la France sanctuarisera ses services publics et « rétablira ceux qui ont été détruit par le précédent gouvernement. »

Nous devons en premier lieu réhabilité l’impôts en le reliant directement à la jouissance de biens communs. Décrétez que l’énergie, l’eau les transports sont des biens communs et ne plus se battre pour « l’accès à la santé » mais pour que chaque français y compris les plus pauvres aient « un droit opposable à des soins en cas de maladie et demander à chaque libéral qui veut baisser la dépense publique « pourquoi il ne veut plus soigner les pauvres ». 

Ainsi ne pas  dire « que nous désobéirons aux traités » mais affirmer « que si nous sommes élus nous reviendrons sur toutes les réformes sur le travail, les retraites, l’école ». « Nous déferons par la loi ce qui a été fait par la loi. » mettant ainsi à jour le mécanisme fictionnel de la loi, comme instrument de choix idéologiques.

Affirmer que nous respecterons la règle des 3% de déficit le jour ou l’Allemagne respectera la règle des excédents excessifs »

Ne plus lutter contre des privatisations mais « contre le vol en bande organisé des biens de l’ensemble des français » et qu’une fois élu une commission d’enquête recherchera les éventuelles collusions comme dans l’affaire Alsthom et qu’une cellule juridictionnelle de magistrat sera créer afin demander des comptes à tous ceux qui au sein même de l’état ont contribué par leur passivité à la trahison de tous ceux qui au fil des générations ont fait la richesse de ce pays.

Proposer un système de retraite équitable reposant sur « l’espérance de vie en bonne santé de chacun » selon les enquêtes Insee ce qui suppose effectivement que l’égalité ne reposera plus sur l’âge de départ et que donc certain ne seront pas tous gagnants.

A l’heure ou l’enfumage confusionnistes jouent à plein notamment et que certains prétendent qu’il n’y aurait plus de différence entre la gauche et la droite je rappellerai ici ce qu’est être de gauche.

  • Accepter de payer des impôts progressifs à ses revenus pour que l’état ait les moyens de construire des infrastructures pour la collectivité.
  • Accepter que ces impôts servent également à garantir à tous y compris pour ceux qui n’en payent pas les services de soins d’éducation et en être satisfait
  • C’est être pour l’exercice d’une souveraineté de l’état par et grâce à la maitrise monétaire lui donnant les moyens par la planification d’impulser des politiques publiques d’intérêt général.

Mais c’est aussi la création d’une banque publique regroupant tous les métiers de la banque hormis la spéculation sur les marchés dans le même temps ou les banques privés seraient contraintes par la loi de « solliciter chaque citoyen » pour pouvoir risquer leur argent sur les marchés financiers opérant de fait une séparation bancaire.

C’est aussi anticiper dès aujourd’hui un moyen de contrecarrer les attaques du marché en annonçant qu’il y aura un audit sur la dette et préparer ouvertement un moyen de paiement électronique d’euros francs pour échapper à l’emprise de la BCE. Les cryptos monnaies existent déjà alors pourquoi ne pas les utiliser.

Enfin nous devrons mettre en place un plan d’investissement écologique fondés sur une réhabilitation des coopérations locales, l’accentuation sur la recherche de la « qualité » au détriment de la quantité et donc cesser de nous situer dans une approche que l’on dit productivistes mais qui n’est que consuméristes.

Enfin et surtout bannir de notre langage tout stéréotype faisant référence à la croissance et accepter au moins pour un temps que ce ne sera pas toujours plus mais comprendre qu’un peu moins de consommation peut être bon pour la planète et il faudra désintoxiquer les classes populaires.

G Bateson écrivait dans « une écologie de l’esprit » qui si nous croyons être trop intelligent nous étions foutus car nous aurions toujours l’illusion de trouver le moyen de contrôler les désordres écologiques et il disait également « que nous risquions de prendre conscience de ces désordres que lorsqu’il serait trop tard ». Nous voyons aujourd’hui cette illusion ontologique s’exprimer à travers les discours des transhumanistes ou des milliardaires réfléchissant à notre immigration sur une autre planète ! Ces éminentes personnes ne nous expliquent pas comment ils comptent s’y prendre alors qu’ils sont incapables de trouver des solutions aux problèmes qui trouvent pour la plupart leurs origines dans leur insatiable avidité. Il est d’ailleurs à noter l’isomorphie entre ces discours qui se veulent d’une modernité exacerbée et la discours des chrétiens sur le bonheur au paradis.

Je sais que beaucoup même à gauche voudraient que l’on fasse peser la responsabilité de des désordres climatiques sur chacun d’entre nous comme si l’on pouvait mettre sur le même plan ceux qui au nom du profit nous imposent cette société consumériste et ceux qui la subissent.

C’est d’ailleurs une des principales victoires du capitalisme que d’avoir transformés les rapports d’exploitation en rapport d’aliénation consenti.

 C’est pourquoi chacun d’entre nous doit se poser la question de ce qu’il est prêt à « perdre » car une chose est sure : si nous voulons garder une vie qualitativement bonne sur le plan environnemental nous devons renoncer au mode productiviste et son corollaire consumériste. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.