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Loïc Barrière

écrivain, journaliste. Dernier roman : "Rizières sous la lune", éditions Les Défricheurs

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Billet de blog 20 janvier 2024

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Cambodge, Vietnam, Laos : le Festival "Si loin, si proche" de retour le 24 janvier.

En trois ans, ce festival du film s’est imposé comme un rendez-vous incontournable. Dans ces trois pays marqués par la tragédie et la guerre, des cinéastes célèbrent la vie, nourris par l’Histoire et les histoires d’aujourd’hui. Et ce n’est pas un hasard si ce festival est né sur un territoire, Marne-la-Vallée, marqué par la présence de nombreux réfugiés issus du Sud-Est asiatique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Connaissez-vous Noisiel ? A quelques stations de Châtelet et sur la ligne du RER A qui emmène des milliers de touristes à Disneyland Paris, vous y découvrirez La Ferme du Buisson, le principal lieu culturel de Marne-la-Vallée, qui accueille un cinéma d’art et essais, une scène de théâtre, un lieux d’expositions et une médiathèque. Comme tous les ans en début d’année, le Festival Si Loin si Proche propose de découvrir le cinéma de 3 dragons du Sud-Est Asiatique, le Cambodge, le Vietnam et le Laos. Dans les années 80, Marne-la-Vallée a accueilli d’importantes vagues de réfugiés issus de ces pays. Aujourd’hui, la 2e et la 3e génération s'intéressent à ses racines. Et plusieurs cinéastes issus de cette diaspora enrichissent de leur expérience le cinéma de ces 3 pays. 

L’an dernier, Davy Chou, né en France, producteur et cinéaste installé au Cambodge, venait présenter “Retour à Séoul”. Parmi les films projetés cette année, citons “Memento Mori : Earth” de Marcus Vu Manh Cuong, “Le Signal”, de Lee Phongsavanh, "KTV - Killing Time Violently", de Jimmy Henderson, “Ma Sai Gon (Mère Saigon)”, de Khoa Lê ou encore “Les saigneurs”, court métrage de Rotha MOENG avec Randal Douc, présenté dans le cadre de la programmation CAMBODGE, VUE SUR COURTS. Plusieurs écrivains seront présents, comme Anna Moï et Jean-Baptiste Phou qui vient de publier “80 mots du Cambodge”, chez l’Asiathèque.

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Les Saigneurs de Rotha Moeng © DR

Rencontre avec le co-fondateur du Festival, Nara Keo-Kosal, cinéaste qui présentera lui-même deux de ses films : “Au pays des sentinelles éternelles et “Portraits du Mekong à la Marne”

Comment est né ce Festival et pourquoi à la Ferme du Buisson ? 

Ce festival est né d’une longue discussion avec Dominique Toulat, le directeur du cinéma de la Ferme du Buisson. Au départ, je lui ai proposé de créer un festival autour du cinéma de l´Asie du Sud-Est. C’est un cinéma très peu connu en Europe. Il faut savoir que le Cambodge, le Laos et le Vietnam ont chacun une histoire du cinéma et que chaque histoire est liée fortement aux événements historiques vécus par les hommes et femmes de ces trois pays.

La Ferme du Buisson est à Noisiel, ancrée dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Les villes qui entourent la Ferme du Buisson sont Lognes et Torcy. Une vague de réfugiés de sud-est asiatique s’est installée d’abord à Paris, dans le treizième arrondissement, dans les années 80, puis, progressivement, dans le prolongement de l’est parisien, à Marne-la-Vallée. 

Nous trouvions que c’était une bonne idée de rapprocher cette culture cinématographique de cette population faisant partie de la première ou de la deuxième génération originaire du sud-est asiatique. Et le public de la Ferme du Buisson est un public très curieux et qui aime découvrir d’autres sensibilités cinématographiques.

Illustration 2
Affiche du Festival Si Loin si Proche © DR

Ce Festival met à l’honneur les films du Cambodge, du Vietnam et du Laos. Comment se porte le cinéma dans ces 3 pays ? 

L’histoire du cinéma vietnamien est plus ancienne que celle des deux autres pays. Mais ces histoires sont très influencées par les événements historiques qui se sont passés dans ces pays. La production au Vietnam est surtout axée sur le cinéma de genre, celui de la comédie et des films historiques est plus importante que dans les deux autres pays. 

Le cinéma du Cambodge est partagé entre deux axes cinématographiques, celui de Rithy  Panh, dont le travail est centré sur le traumatisme et le deuil subis durant la période des Khmers rouges et celui de Davy Chou qui s’intéresse surtout à la jeunesse cambodgienne et à l’avenir du Cambodge sans pouvoir oublier son passé. 

Le cinéma laotien aime raconter des histoires de fantômes et des histoires policières avec des actions. 

Ces trois cinémas ont un grand avenir devant eux. Leur grande force est d’être portée par de jeunes cinéastes ambitieux.

Les festivals sont une occasion unique de voir des films qui ne sont pas toujours programmés en salle, notamment les courts métrages. Comment les avez-vous sélectionnés ? 

Nous sommes à la troisième édition et nous avons pu créer tout un réseau de personnes qui nous avertissent des différentes créations dans ces trois pays. Nous utilisons aussi les différents festivals en France et dans le monde entier pour trouver des films. Mais les cinéastes amis sont les principaux piliers qui nous aident à trouver les perles rares. Et je continue à travailler dans ces trois pays pour garder le contact.

Nous essayons toujours de privilégier les jeunes cinéastes qui travaillent au pays et notre travail est aussi de les aider à trouver un public en France et faire en sorte que leurs films soient visibles par un public français.

Ce festival est-il devenu un rendez-vous incontournable pour les Français d’origine cambodgienne, vietnamienne et laotienne qui veulent retrouver les couleurs, les parfums, les musiques de leur pays d’origine ? 

J’espère que « Si loin, si proche » est une référence cinématographique pour les personnes d’origine cambodgienne, vietnamienne et laotienne. Ils aiment retrouver le langage et la culture de leurs pays. Ils partagent ce désir de faire connaître les arts de leurs pays d’origine.

Vous êtes cinéaste vous-même. Comment est née votre passion du cinéma ? Et comment avez-vous retrouvé vos racines cambodgiennes ? 

Je suis cinéaste grâce à mon ancien roi, Norodom Sihanouk qui est l’un des seuls roi-cinéastes. C’est aussi en voyant ses films que j’ai eu l’idée de vouloir faire du cinéma : à cette époque au Cambodge, nous ne pouvions voir que des péplums ou des films du roi.

J’ai beaucoup travaillé en France et en Afrique mais encore très peu au Cambodge, quelques films, c’est tout. Je continue de chercher mes racines cambodgiennes. Et en créant ce festival avec Dominique Toulat, je continue de chercher et de trouver mes racines.

Pouvez-vous nous parler des films que vous présenterez lors du Festival ? 

Je pense honnêtement que vous allez découvrir des merveilles dans ce festival.

J’aime beaucoup les programmes courts de ces trois pays. Il faudra venir voir mon film «Au pays des sentinelles éternelles» et aussi les Portraits que nous faisons avec l’association Du Mékong à la Marne. Il y a un film vietnamien, « The brilliant darkness » qui m’a particulièrement touché.

Mais venez découvrir ce cinéma et vous ne serez pas déçus.

Cette année, l’une des séances spéciales “Ici et là-bas”, est liée à l’exposition du Musée de l'histoire de l'immigration. Elle s’attache aux films de cinéastes de la diaspora. Plusieurs cinéastes nés ou ayant grandi en France, comme Davy Chou, Rotha Moeng et Jean-Baptiste Phou ont choisi de travailler au Cambodge, qui est le pays de leurs parents… Ce retour aux sources nourrit-il l’imaginaire de ces créateurs ? 

Les cinéastes de la diaspora sont des cinéastes importants et le cinéma du Cambodge, du Laos et du Vietnam ont besoin d’eux. Et eux ont besoin des réalisateurs locaux. Les uns nourrissent les autres. Ils amènent des idées au pays et le pays leur donne des sensations et des désirs.

Loïc Barrière (L’auteur de cet article présentera son roman “Rizières sous la lune”, aux éditions Les Défricheurs samedi 27 janvier et dimanche 28 janvier dans la librairie du Salon. 

Accès : RER A - NOISIEL 

allée de la Ferme - 77186 Noisiel

billetterie sur place, en ligne ou par téléphone au 01 64 62 77 77

du mar au sam de 14h à 19h et lors des spectacles

https://www.lafermedubuisson.com/fr/programme/si-loin-si-proche-2024

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