Il est un droit inscrit dans les textes fondateurs de notre république, par les pères d'une démocratie qui était encore à ses balbutiements en 1789, un droit proclamé dans les écritures saintes de toutes les religions: le droit de vivre.
Depuis un certains temps, la question de la peine de mort revient sur le devant de la scène, dopé par l'affaire Evrard, et par quelques tirades Zemmouriste. Dernière charge en date, les propos tenus par Robert Ménard, sur France Inter,le 21 mars. Selon lui, ce châtiment ultime «n’est pas un problème » et «être partisan de la peine de mort, ça ne fait pas de vous un monstre ». Ces paroles sorties de la bouche d'un personnage qui défend les droits de l'homme à travers le monde m'ont laissé perplexe. Bien sur, le droit d'exprimer ses opinions existe, tout comme le droit de débattre.
Je pensaisque la question de la peine de mort avait trouvé sa réponse, lors de l'abolition le 9 octobre 1981, jour où la raison l'a emporté sur la barbarie.
Comment peut on considérer que la peine de mort n'est pas un problème alors que c'est la plus grande des injustices? Comment le fait de donner la mort a quelqu'un serai juste? Ici se pose la question de cette abomination, de ce spectre monstrueux qui hante encore l'histoire juridique de la France, patrie des droits de l'homme. La réalité est que cette bête immonde ne sera jamais rassasiée. Devons nous accepter,encore aujourd'hui, que des meurtres soient proclamés, organisés et perpétrés au nom d'une justice qui n'a de juste que le nom?
Nous vivons, aujourd'hui dans une société, que j'aimerai croire évoluée, ou la question de la peine de mort ne se pose pas. Victor Hugo disait "la ou la peine de mort existe, la barbarie est présente, la ou elle est absente, c'estla civilisation qui règne". Cette phrase veut tout dire.
La peine de mort n'est, en réalité, pas une solution: face au comportement irrationnel des victimes et de la population (qui est compréhensible) face à la haine, la violence, comment la justice pourrait adopter un tel jugement, alors que son socle fondateur est la rationalité?
Robert Ménard pose néanmoins une condition, «Il va de soi que cette solution radicale n’est valable que si onest sûr à 100% que les gens sont coupables». La base de la justice est de préférer un coupable en liberté plutôt qu'un innocent en prison, comment la peine de mort pourrait suivre cette logique, alors que des doutes subsisteront à jamais. Combien de personnes ont clamé leur innocence jusqu'au bruit fatidique d'une lame séparant leur corps en deux? Combien nous faudra t'il encore de Bontemps, ou ce n'est pas la justice ici qui a parlé, mais la volonté d'une foule haineuse; combien nous faudra t'il encore de Ranucci pour comprendre que la peine de mort n'est pas une solution en soi et ne l'a jamais été?
Ce n'est qu'une façon decanaliser les instincts meurtriers qui sommeil en chacun de nous, réveillant l'animal présent dans chaque homme.
Il parleensuite de Dutroux. Un homme, sur 63 000 détenus, bel exemple !! Rétablir la peine de mort pour un seul homme, reviendrait à rétablir la peine de mort pour tous. Est ce cela la vision que nous avons de la justice et de l'égalité?
Au delà del'homme se pose la question de la pédophilie et de la peine devant frapper les auteurs de ses actes ignobles. Exiger leur mort est pour moi, basculer vers la facilité, l'horreur, en choisissant un chemin qui n'apportera rien d'autre qu'une non résolution du problème. Il faut adopter une vision humaniste de laquestion en privilégiant la réinsertion, les soins psychiatriques, … . Le rôle de la justice est bien sur punitif, mais il ne faut pas oublier son rôle primordial: la réhabilitation.
Je ne défend pas les pédophiles pour les crimes qu'ils ont commis, je ne veux pas qu'ils échappentà un juste châtiment, je veux simplement que celui-ci soit conforme au premierdes droits de l'homme: le droit de vivre.
On peut entendre également des arguments sur la valeur dissuasive de la peine de mort. Mais avoir ce raisonnement est un déni de réalité, la passion du crime chez certaines personnes est semblable aux passions que nous pouvons tous ressentir, tel l'amour. Si la peur de la mort était dans l'essence de l'homme, nous serions dépourvu de soldats, de penseurs. La peur de la mort n'arrêtera donc personne.
J'ajouterai que certains parlent du bilan positif de la peine de mort, permettant de supprimer les criminels logés et nourris par l'Etat. Quand j'entends parler de ce rôle bienfaiteur, je ne peux m'empêcher de penser à quel prix! C'est aux milliers de morts, aux innocents sacrifiés sur l'autel de la folie, formant le passif de la peine capital, qu'il faudrait demander leur avis sur ce rôle, soi disant bienfaiteur, d'une pratique qui n'a fondamentalement pas sa place au sein de la justice.
Pour terminer, certaines personnes mettent en avant le fait qu'en France, on ne peut plus parler de peine de mort sans être vu comme un fasciste. A ceux-ci je réponds que la liberté d'expression existe, et que la diversité des opinions et sans aucun doute ce qui fait vivre une société. Le débat peut exister avec 4 français sur 10 favorables à la peine de mort. Mais il ne faut pas que cet argument porte préjudice à ceux qui pensent que la mort d'un homme n'est pas et ne sera jamais une solution quelque soit les crimes qu'il a commis.