Dix années de rabâchage rhétorique d'Antoine Nogier et de Christian Dupraz ont permis que soit inscrit dans la loi, écrite par le lobby France Agrivoltaïsme -dirigé par Nogier et la FNSEA, que l'amélioration du potentiel agronomique d'une terre allait de pair avec « l'agrivoltaïsme », c'est à dire avec des dizaines de tonnes de métal connectés par hectare1.
« L'amélioration du potentiel et de l'impact agronomique » est donc un des quatre critères principaux qui permettrait selon le Décret de distinguer « un bon projet agrivoltaïque » « d'un vulgaire projet photovoltaïque sur terre inculte ». Le Décret définit ce critère par l’augmentation du rendement ou... par « la réduction de la baisse tendancielle locale de la production ». Mais d'une part le potentiel agronomique ne se mesure pas par le rendement, qui lui dépend d'autres facteurs. Et d'autre part comment considérer qu'il y a une amélioration du potentiel agronomique alors qu'une baisse tendancielle locale de la production est tout de même maintenue ?
Par ailleurs, nous avons pu analyser un rapport confidentiel de Sun'agri, l'entreprise d'Antoine Nogier et de Christian Dupaz, qui démontre le contraire2. Avec des panneaux qui suivent la course du soleil, les troncs font 30% de moins sous les panneaux. Il y a aussi une augmentation de la chute des jeunes fruits. Et même lorsque les panneaux sont pilotés pour diminuer l'ombre, les feuilles sont plus grandes, attirent plus de ravageurs, évapotranspirent plus. En termes de tonnage de pommes produites, il y en a 28 au lieu de 40. Par ailleurs, il est constaté une baisse de la qualité... et le vent qui égalise la chaleur entre les zones sans panneaux et avec. Ces derniers d'ailleurs protégeant à peine des gelées. C'est ainsi que même Sun'agri reconnaît que « les méthodes de lutte passive, préventives [contre le gel] sont les plus économiques et les plus efficaces : choix de la parcelle, choix de la variété, enherbement du sol et nutrition de la plante ».
Nous sommes ensuite tombés sur une note de la direction de l'Inrae qui démontre, méta-analyse mondiale à l'appui, rédigée par Christian Dupaz lui-même, que les panneaux « agrivolaïques » réduisent très fortement les rendements de toutes les cultures et des fourrages, et ce à hauteur correspondantes du taux de couverture : 40 % de panneaux équivalent à une baisse de rendement de 40 %, etc...
Nous sommes allés ensuite fouiller dans deux rapports de la LPO et du Conseil National de Protection de la Nature, la plus haute instance administrative compétente en matière de biodiversité, ainsi que dans une méta-analyse de l'Encis3 à Limoges, qui démontrent que les panneaux peuvent diminuer la biomasse, la vie du sol et ses qualités, tout comme la diversité des plantes : les légumineuses et plantes à nectar disparaissent, et donc les pollinisateurs. En somme les prairies perdent leurs qualités.
Enfin, nous présenterons la controverse quant aux effets des champs électromagnétiques que peuvent avoir les panneaux sur les animaux et humains se trouvant dans les parcs, et essaieront de savoir ce qu'il peut en être du développement du parasitisme ovin sous l'ombre chaude et humide des panneaux.
Puis relevons une déclaration qui n'est pas anodine. Que penser lorsqu' un des trois promoteurs principaux de l'article 54 de la loi APER concernant « l'agrivoltaïsme », Dominique Potier4, exprime ce printemps des regrets de s'être fait avoir par la rhétorique des industriels ? S'il est dorénavant avéré que le lobby France Agrivoltaïsme -dirigé par Antoine Nogier de Sun' agri et par la FNSEA, lobby auquel adhère Chirstian Dupraz, a écrit cet article5, voici en effet ce que déclare ce parlementaire socialiste à l'Assemblée nationale :
« Je voudrai souligner, c'est important, parce que l'on commence à avoir le récit à travers l'amendement du gouvernement sur le photovoltaïque, ce qui se prépare également pour la biomasse, c'est le même scénario finalement. On avait le choix entre le développement des énergies renouvelables fondées sur le photovoltaïque essentiellement sur des friches, sur les parcs d'activités. Je voudrai simplement dire que dans notre pays il y a 500 000 hectares de parcs d'activités industriels artisanaux et commerciaux qui auraient pu être équipés, densifié en énergie renouvelables. Y a des friches industrielles militaires hospitalières partout dans notre pays (…) ça ce sont des scénario à zéro impact sur la biodiversité et sur la souveraineté alimentaire. Or votre récit du photovoltaïque est clairement un récit d'un photovoltaïque qui va concurrencer la souveraineté alimentaire, qui va prendre des terres agricoles, avec le faux nez d'un agrivoltaïsme qui vient en négation totale du vote très clair de la loi APER sur laquelle nous avions eu la naïveté d'apporter notre concours dans une logique de compromis : je le regrette vivement parce que vous trahissez complètement votre parole. Le Non impact sur l'agriculture est désormais fait, nous savons qu'à partir de 40 % de couverture agrivoltaïque, c'est prêt de 50% -c'est ce que nous dit l'INRAE, de la production alimentaire qui est mise en cause (…) pour favoriser des projets à caractère industriel prédateurs sur l'écosystème et sur l'alimentation au bénéfice de quelques uns »6
« L'agrivoltaïsme », améliore t'il le « potentiel agronomique » ?
Le photovoltaïque sur terres incultes et inexploitées dit « agricompatible » : est-il « compatible » avec l'agriculture ?
Nous affirmons le contraire.
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p.2 Introduction
p.4 Un rapport confidentiel de Sun'agri sabote l'agrivoltaïsme
p.7 Note de la direction de l'Inrae
p.10 Deux rapports : Ligue de Protection des Oiseaux et Conseil National de Protection de la Nature
p.19 Les prairies
p.23 La qualité agrivoltée
p.24 Bien être animal sous les panneaux
p.27 Parasitisme ovin sous les panneaux