Petite Lâcheté Urbaine et Immorale (PLUI)
dans la Communauté des Communes
Conques-Marcillac
Nos élu.es sont formidables ! Quatre longues années, qu'en Aveyron, le touroulis du Causse Comtal observe nos élu.es, et rit de tout le jaune de son bec ; les piquant au vif tour à tour, lorsqu'ils déroulent le tapis rouge aux multinationales du photovoltaïque venant détruire 150 hectares autour de Salles-la-Source (1). En cet automne indien, l’œdicnème criard, pressentant l’esbroufe en cours, ressort ses palmes, et posé sur le bâtiment ultra design de la Communauté des Communes Conques-Marcillac, se soulage de tant de contrariété. Car emplie des plumes de l'oiseau du Causse et déçue de n'avoir mené à bien ses sombres esquisses, la Comcom récidive, et s'attaque désormais aux terres de Mouret et de Valady.
Une après-midi, alors qu'il était sur le point de migrer vers l’Espagne, notre oiseau aux grands yeux survole la forêt le long de la route menant de Marcillac aux Boutets, à quelques encablures du Grand-mas. Ayant l'ouïe très fine, il perçoit « défrichement » dans les chuchotements des élu.es. Aimant les steppes, il se dit de prime abord qu'on lui prépare une aire d’amerrissage pour son retour au printemps. Mais connaissant les autres zozios du coin, il est saisit d'un doute, et ressasse l' addiction aux électrons dont est victime Gabriel Issalys, maire de Mouret. A un point tel qu'il y a peu, ce dernier, escomptait même recouvrir les sectionaux du Grand-mas : quelle joyeuse idée ! Mais... ceci lui fut malheureusement interdit par l'administration. Que nenni, l'édile a plus d'un tour dans son tractopelle.
Posé sur la Table de Maurice, notre oiseau favori contemple le prochain spectacle de l'édile : la zone « Agricole photovoltaïque » présentée dans le PLUI, et se fait cette réflexion : cette parcelle n'a pourtant rien d'agricole, puisqu'il s'agit d'une forêt... « Et puis mince se dit-il, heureusement qu' Issalys souhaite l'arracher, je pourrai mieux m'y terrer ! »
Regardant les magnifiques genévriers et taillis de feuillus, il est pourtant prit d'un remord. Surplombant la vallée du Dourdou du haut de ses pattes jaunes, il tourne sa tête chamoisée du côté de Nauviale. Il se remémore 2021, lorsque Sylvain Couffignal, maire de cette commune, vice-président de la ComCom et conseiller départemental, déclarait au Collectif de réflexion citoyenne sur le photovoltaïque du causse comtal (qui réfléchirait à raccourcir son nom) « qu'à un moment donné il faudrait bien mettre des panneaux ailleurs que sur des toits, donc sur des terres et que de la biodiversité il y en a partout (surtout au bord des rivières !), donc c'est pas gênant d'en enlever à certains endroits ; le touroulis et bien il pourrait aller ailleurs car le Causse Comtal il est très grand »... Un spasme de dégoût le parcoure, et quelques plumes s'envolent vers Villecomtal. Mais l’œdicnème se rassure un peu : tandis cet élu défendait le projet Voltalia des milliardaires Mulliez et du Comte de Lapanouse (2), le collectif a tout de même réussit à le faire mettre en minorité au sein du Conseil Communautaire.
Plissant ses grands yeux irisés de jaune, notre oiseau s'interroge : le pathétique de tels propos ne confine t-il pas vers le ridicule lorsque l'on constate la présence du coreligionnaire photovolté de Couffignal, le président de la Com Com Jean-Marie Lacombe -ardent défenseur du défrichement du Causse Comtal, lors d'une représentation de « L'homme qui plantait des arbres » de Giono ? Alors le touroulis roumègue, et se plaît à crier à travers la vallée que la montagne qui inspira l’œuvre de l'écrivain, et dans laquelle ce dernier fit vivre le vieil Elzéard, est la Montagne de Lure, actuellement massacrée sur près de mille hectares par des industriels du photovoltaïque, bien que vaillamment défendue, sabotages à l’appui. L’œdicnème criard se fait alors pensif : en pleine enquête publique sur le PLUI, que le dirigeant de la Com Com applaudisse un magnifique texte de l'écrivain provençal, et que dans le même temps il propose de massacrer, à seulement quelques centaines de mètres du lieu de la représentation, des hectares entiers d'arbres et de zones naturelles, n'est-il pas d'un cynisme révoltant ?