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Billet de blog 18 juin 2008

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Lost in Transportation!: La galère des transports à Istanbul (Lola)

  Istanbul dans le quotidien de ses habitants, c’est d’abord perdre des heures interminables dans les transports, goûter aux joies de la proximité entre usagers et suer à grosses gouttes le tempsdu trajet !

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Istanbul dans le quotidien de ses habitants, c’est d’abord perdre des heures interminables dans les transports, goûter aux joies de la proximité entre usagers et suer à grosses gouttes le temps

du trajet !

C’est aussi être victime de la pollution urbaine, du bruit infernal des moteurs, des cris et des klaxons. Bref, un tohu-bohu qui entraîne assurément trois symptômes typiques chez le citadin: énervement, stress et encombrement des voies nasales…

Tel un circuit qui se grippe, la ville est à ses heures complètement bloquée par les embouteillages. Le plus difficile aujourd’hui reste sans doute de traverser les deux ponts pour passer d’une rive à l’autre, ce qui relève parfois de la véritable expédition…

Résultat ? Le citadin en vient à imaginer tous les scénarios possibles pour arriver à destination : tel « l’ homo oeconomicus » qui résonne en termes de coûts/avantages, il recherche l’itinéraire le plus court mais qui n’est pas forcément le plus simple ni le plus économique : métro+funiculaire+tramway plutôt qu’un bus direct.

Stratégie qui nous est rendue possible grâce à la diversité des infrastructures : avec plus de 10 moyens de transport à son actif, Istanbul est une des villes d’Europe qui propose le plus grand nombre de choix pour circuler.

Diversité qui ne rime pas forcément avec efficacité puisque ce réseau de transport est totalement déséquilibré en faveur du réseau routier. La ville souffre d’un excès de véhicules en circulation…

Comme l’a justement fait remarquer l’ancien maire d’Istanbul, Recep Tayyip Erdogan, « le problème numéro un d’Istanbul concerne les transport ! ».

Un phénomène surprenant ?

Sans vouloir rentrer dans les détails, on peut évoquer quelques causes socio-économiques à ce problème…

L’exceptionnelle expansion spatiale et démographique de l’agglomération a entraîné des difficultés dans le développement du réseau de transport. Sous l’effet de l’exode rural des années 50 et des flux réguliers depuis les années 80, la population d’Istanbul oscille aujourd’hui entre douze et seize millions d’habitants, s’étendant sur près de 200 km2. Face à cette croissance accélérée, le réseau de transport a connu des difficultés d’adaptation.

La mobilité est trop exclusivement prise en charge par le réseau routier : avec 2,5 millions de véhicules en circulation, soit 27% des automobiles du pays, Istanbul est le département le plus motorisé de Turquie. Etant donné le faible taux d’équipement des ménages, les déplacements des stambouliotes reposent à 70% sur les transports en communs. Et malgré une offre hétéroclite, ils se font majoritairement par la route : à côté de l’automobile, (31%), 26% des communications se font par le réseau de bus de la municipalité et 22% par les minibus. Tous ces véhicules empruntent les mêmes lignes, d’où les phénomènes de congestion. Dans le même temps, la diversité des modes de transports routiers (bus, dolmus…) et leurs fréquences rendent line-height: 16pt">

Autre facteur qui nuit à la pleine efficacité du réseau de communication stambouliote : la multiplicité des intervenants dans la gestion des transports et leurs conflits d’intérêts. La Mairie du Grand Istanbul (IBB) contrôle la plus grande partie de l’offre de transport publique par le biais de ses propres compagnies : IETT pour le bus, IDO pour le transport maritime, Ulasim AS. pour le réseau ferré. Elle est aussi chargée de les coordonner. C’est là que ses compétences se croisent avec des organismes départementaux ou municipaux eux aussi responsable dans l’organisation du marché des transports.

Ce service public est à son tour « en concurrence » avec un service privé des transports : certains bus, vapur et dolmus sont gérés par des organismes privés, organisés en Chambres d’Artisans. Cette situation entraîne des difficultés dans la coordination générale des transports collectifs en raison de la concurrence et des divergences d’intérêts entre les différentes entreprises et institutions – un obstacle clair au bon fonctionnement du réseau de communication.

Enfin, l’absence de continuité dans les politiques menées aggrave la difficulté de circuler. En dépit de schémas directeurs mis en place pour l’ensemble des transports, les politiques en la matière ne sont pas de long terme. Les solutions temporaires et le manque de planification ne permettent pas d’accéder à des modes de transports agréables, économiques et fiables.

Tout n’est pas si noir !

Ne nous lamentons pas trop vite puisque la prise de conscience du problème par les autorités publiques est réelle : plusieurs grands chantiers sont en projet.

En 2006, la Mairie du Grand Istanbul (IBB) a alloué 60% de son budget pour les transports. Selon, KadIr Topba§, maire de l’IBB, les infrastructures ferroviaires et maritimes sont à développer en priorité. Pour ce qui est du rail, il est prévu un maillage plus important et des connexions avec les autres modes de transport. L’objectif est d’atteindre 250 Km de rail pour 2012.

Le rail apparaît comme « LA » solution au problème d’engorgement de la ville. De nombreux projets sont prévus, à l’instar du « Marmaray » : un tube sous-marin de 5 km qui permettra de connecter les réseaux ferrés européen et asiatiques. La gare de Sirkeci sera ainsi reliée à Üsküdar et l’ensemble du système des trains de banlieue sera restructuré. Marmaray devra permettre le déplacement d’environ 75 000 personnes par heure sur cette ligne. L’achèvement du projet est prévu de pour 2010.

En vrac, on peut encore citer : la construction d’un troisième pont sur le Bosphore, une ligne de métro reliant Taksim à Aksaray ou une extension du réseau de tramway à l’ensemble du territoire…

En développant le rail, le réseau routier devrait être soulagé et les embouteillages réduits.

En attendant que tous ces projets se concrétisent, le plus simple reste peut-être de marcher… ou de courir !

Lola

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