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Dés le matin, important dispositif de filtrage en bas du cours Jean Jaurés. Pour ceux qui veulent rentrer Intra Muros, la fouille du moindre sac est systématique voire même une palpation selon que vous ressemblez à un black bloc ou quelque chose d'approchant. En remontant la rue de la République, la présence massive des forces de l'ordre est palpable. Peu de monde avant midi devant le palais des papes. Il faut dire que le lieu est étroitement surveillé avec des véhicules de police un peu partout, y compris sur l'esplanade du palais des papes, et la présence d'un jeune CRS avec son fusil mitrailleur Famas. Toute la ville est bouclée, aucun échappatoire possible ; nous pourrions nous croire en Corée du Nord tant le dispositif est démesuré.
Et c'est à ce moment que soudainement tout commence, en haut de la rue de la république, à l'entrée de la place de l'Horloge. Quelques 100 à 200 personnes ou plus se regroupent et font face aux forces de l'ordre, les invectivent fortement, chantent la Marseillaise, au mépris de l'interdiction de manifester prise par le préfet. Nos charmantes FO restent imperturbables, on voit bien qu'ils sont rompus et entrainés à tout cela, leur armement fait peur... La stratégie est claire: toute manifestation étant interdite en centre ville, les FO avancent tel un rouleau compresseur dégageant tout sur leur passage et repoussant les gens dans la rue St Agricol, tapant de leur matraque sur le bouclier pour impressionner les manifestants. Nous autres restons en haut de la rue de la République qui est barrée à son tour, impossible de passer d'un côté ou de l'autre, sauf vers le palais des papes ou vers la place Pi et c'est là qu'un groupe décide de se rendre et j'y vais donc aussi.. Toutes les boutiques ont rideau baissé, Avignon est ville morte en ce samedi après-midi. Puis direction les remparts vers la porte de la rue Thiers, bouclée elle aussi comme toutes les portes de la ville. Nous sommes faits comme des rats. Peu après, l'accès est libre et je me retrouve enfin sur les boulevards extérieurs où la manifestation semble autorisée (mais ce n'est pas le cas, je l'apprendrai plus tard, puisque le lieu autorisé est en fait le côté des allées de l'Oulle).
Le bon moment pour enfiler mon gilet jaune me dis-je, alors que je commençais à me résigner. Il y a bien 2000 personnes, des gens qui ont réussi à venir d'un peu partout, de la Drôme, de la région lyonnaise, du Gard, du Var ou d'ailleurs; une équipe de médics stationne un peu en retrait le long d'une façade prête à intervenir en cas de besoin. Nous sommes à côté de la Préfecture qui est encerclée de toute part par les CRS (fourgons blancs). Le gros de la manif remonte le cours Limbert rencontrant au passage un beau défilé de nombreux motards GJ (merci à vous encore une fois). Au loin les forces de l'ordre sont là, ca commence à gazer, ils nous enferment. Un gros rassemblement s'opère au niveau de la rue Pierre Sémart en face de la porte. Le cortège disparait alors et s'éloigne du centre ville par cette même avenue, celui-ci reviendra plus tard par l'avenue Saint Ruf me semble t'il. De nombreux policiers (dont la bac reconnaissable à leur brassards oranges et leur matraque ou menottes dans le Jean !!!) font les plantons devant la banque populaire, on craint la casse évidemment, il faut dire qu'il fait chaud en Avignon et pas seulement à cause du soleil qui tape ! Je remonte alors vers la porte St Michel, vers les fumées des lacrymo que l'on perçoit au loin, en suivant un petit groupe de musiciens.
Et c'est là que peu après tout dégénère, des jeunes excités caillassent les CRS serrés à l'intérieur de la porte St Michel pour en barrer l'accès, avec les pierres restées là malgré l'enlèvement par la municipalité la veille de tous les galets des parterres de fleurs le long des remparts. Les forces de l'ordre répliquent, lacrymo, grenades assourdissantes, bref la totale et tout le monde doit reculer tant l'air devient irrespirable. Un jeune homme est touché à la tête par un tir de LBD et est rapidement pris en charge et soigné par des médics. Des vitres d'abris-bus sont explosées au passage mais rien de bien méchant même si cela est impressionnant et d'ailleurs tout le monde laisse faire.
Nous sommes contraints de reculer par les petites rues passant sous la voie férrée en s'éloignant des remparts. Mais la police barre encore l'accès au fond et prends des photos. Vraiment rien à faire aujourd'hui, nous sommes cernés de toute part. Comme tout au long de la journée, l'hélicoptère nous surveille en faisant des ronds au dessus de nous, même des drônes sont utilisés (j'en ai vu passer au moins un en fin de manif au dessus de ma tête). Il n'y a plus qu'une chose à faire, attendre que ca se tasse et que le calme revienne. Vers 17 h les gendarmes mobiles (fourgons bleus) lèvent le camps et libèrent le périphérique, des arrestations et des contrôles ont lieu en pleine rue comme si de rien n'était. L'accès au centre ville reste totalement filtré, jusqu'à quelle heure ? Aucune idée car là, il est temps de rentrer.
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En savoir plus sur le mouvement des gilets jaunes en Avignon :
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Un énorme merci à Edwy Plenel et toute l'équipe de Mediapart dont je suis ULTRA fan !
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